Un article rĂ©cupĂ©rĂ© sur la DĂ©pĂȘche du midi, lui-mĂȘme repris sur le Guardian, lui-mĂȘme Ă©crit Ă partir d'une Ă©tude... Attention aux enchaĂźnement malencontreux des rĂ©cupĂ©rations d'articles, ils peuvent faire dire des bĂȘtises. C'est le cas pour ce nouveau variant dĂ©couvert au Royaume-Uni et Ă©tudiĂ© en Ecosse, rĂ©putĂ© "insensible" aux vaccins peut-on lire dans certains articles de presse. Le variant pourrait - et des Ă©tudes sont encore en cours - ĂȘtre plus rĂ©sistant aux vaccins, comme le sont pour certains vaccins les variants brĂ©silien et sud-africain. Rien Ă voir avec une "insensibilitĂ©" qui laisse penser que le virus est totalement impermĂ©able et que rien ne peut le contrer. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)
Un peu de littérature scientifique avant le catastrophisme ne fera pas de mal. On lit ce jeudi 18 février dans plusieurs articles de presse que le nouveau variant découvert au Royaume-Uni serait "insensible" aux vaccins. Ce n'est pourtant pas ce qu'indique l'étude originelle, en anglais, reprise dans un article du Guardian.
La barriĂšre de la langue n'aide pas, mais les mots ont tout de mĂȘme leur importance. Ainsi ce qui ressort de cette Ă©tude, c'est que le variant en question, appelĂ© le B1525, a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© par des chercheurs d'Edimbourg, capitale de l'Ecosse. Cinq cas issus de ce variant ont Ă©tĂ© recensĂ©s en France. Ailleurs dans le monde, douze autres pays sonr concernĂ©s : 44 cas ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s au Royaume-Uni, 35 au Danemark, 29 au Nigeria, 12 aux Etats-Unis, 5 au Canada, 5 au Ghana, 2 en Australie, 2 en Jordanie, 1 Ă Singapour, 1 en Finlande, 1 en Belgique et enfin 1 en Espagne. C'est par la technique dite de "sĂ©quençage" que ce variant a Ă©tĂ© trouvĂ©, comme cela a Ă©tĂ© le cas pour les variants britannique, sud-africain ou brĂ©silien.
- Retour de la mutation E484K -
Ce que les chercheurs observent, c'est que ce variant a "des similitudes dans son gĂ©nome avec le variant du Kent (variant britannique, ndlr) B117, et il contient un nombre de mutations qui inquiĂštent les chercheurs, incluant la mutation E484K de la protĂ©ine Spike", indique le Guardian. Un jargon un peu barbare qui veut dire ni plus ni moins que les mutations observĂ©es ressemblent Ă celles du variant anglais, sur la mĂȘme protĂ©ine. Celle-ci "joue un rĂŽle important dans la capacitĂ© du virus Ă pĂ©nĂ©trer les cellules" rappelle le Guardian. C'est ce qui semble rendre le variant anglais plus contagieux.
On retrouve cette mutation dans les variants sud-africains et brésilien. A La Réunion, c'est le variant sud-africain qui est le plus implanté : à ce jour, on comptabilise 65 cas de variants de la Covid-19 dont 56 de souche sud-africaine, 8 britannique et 1 brésilien, selon le bilan des autorités sanitaires de ce mercredi 17 février.
- Résistant, pas insensible -
Interviewé par le Guardian, Dr Simon Clarke, professeur universitaire en micro-biologie, indique "qu'il est reconnu que la présence de la mutation E484K, dans le cas du variant sud-africain, soit responsable d'une certaine résistance à des vaccins". Il ne s'agit pas donc pas "d'insensbilté" à proprement parler aux vaccins, mais de résistance accrue comme pour le variant sud-africain. Le vaccin AstraZeneca, par exemple, a été jugé "insuffisamment efficace" contre le variant sud-africain, avait rappelé le ministre de la Santé Olivier Véran le 9 février, au cours d'une interview donnée à franceinfo. Une "insensibilité" laisserait penser qu'aucun vaccin ne peut alors contrer le vaccin.
Dr Simon Clarke rappelle d'ailleurs que ce tout nouveau variant est encore peu connu et que l'on sait encore trÚs peu de choses de sa capacité à se répandre. Il appelle d'ailleurs à multiplier les tests sur les variants pour mieux les appréhender et ajuster les vaccins actuels et nouveaux vaccins à venir, qui doivent à tout prix prendre en compte la mutation E484K, observée sur les différents variants.
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Excellente analyse. De temps en temps, un petit rappel dĂ©ontologique ne fait pas de mal. Dans ce monde frĂ©nĂ©tique, circulent trop d'informations approximatives (ou mĂȘme quelquefois totalement infondĂ©es) qui sont reprises et partagĂ©es sans aucun recul, puisqu' a priori on fait confiance aux journalistes!