Le 20 décembre n’est pas un jour comme les autres à La Réunion. Il marque l’abolition de l’esclavage et rappelle une vérité fondamentale : notre société s’est construite sur une histoire de domination, de résistance et de conquête de la dignité humaine.
Commémorer le 20 décembre, ce n’est pas regarder le passé avec nostalgie ou culpabilité. C’est reconnaître, transmettre et agir pour l'émancipation tant des corps que de l'esprit. Reconnaître que l’esclavage a façonné durablement nos inégalités sociales, économiques et territoriales. Transmettre cette mémoire aux jeunes générations pour qu’elle ne soit ni effacée ni banalisée. Agir, enfin, pour que cette mémoire se traduise concrètement dans les politiques publiques : accès aux droits, justice sociale, respect des cultures et des traditions ancestrales, partage des espaces communs.
Pour Giovanni Payet, cette mémoire est à la fois personnelle, scientifique et citoyenne.
Il a entrepris un long travail de reconstruction de son histoire familiale grâce à l’exploration des archives, en particulier celles aujourd’hui accessibles en ligne. Cela lui a permis de reconstituer ses origines. Elles sont africaines, françaises et indiennes. Ce cheminement lui a permis de retrouver sa filiation, de comprendre les ruptures et les silences de l’histoire coloniale, et de construire une émancipation fondée sur la connaissance, la science et l’enracinement.
Ce travail s’inscrit pleinement dans son parcours universitaire, en tant que titulaire d’un master en histoire, qui lui a donné les outils critiques pour interroger les sources, croiser les récits et faire dialoguer mémoire intime et histoire collective. Il témoigne de l’importance d’une histoire rigoureuse, accessible et partagée, au service de l’émancipation individuelle comme du projet commun.
À Saint-Denis, Commune-monde, Commune de mémoire et de métissages, ces enjeux prennent une résonance particulière. Capitale historique, administrative et culturelle de La Réunion, Saint-Denis porte les traces visibles et invisibles de l’histoire de l’esclavage, de l’engagisme et des luttes sociales. Faire vivre le 20 décembre à Saint-Denis, c’est reconnaître cette histoire dans l’espace public, dans l’éducation, dans la culture et dans les politiques municipales chaque jour.
Le 20 décembre nous rappelle que l'émancipation et la liberté ne se décrètent pas une fois pour toutes.
Elle se construit chaque jour, par le dialogue, la participation citoyenne et des choix politiques courageux, au plus près des quartiers et des habitantes et habitants.
En ce jour de commémoration, Giovanni Payet et La Voix Citoyenne appellent à :
• un respect sans ambiguïté de l’histoire et de la mémoire de l’esclavage et de la colonisation,
• une politique locale à Saint-Denis qui fasse le lien entre mémoire, justice sociale et avenir,
• une ville et une île qui fassent commune, dans la dignité, l’égalité et la solidarité.
Faire mémoire, c’est faire lien.
Faire lien, c’est faire lieu.
Faire lieu, c’est faire commune.
Le 20 décembre nous engage.
