À l’heure où la ministre du Travail, Catherine Vautrin, souhaite intensifier la lutte contre la fraude sociale - estimée à environ 13 milliards euros/an-, majoritairement le fait d’entreprises et travailleurs indépendants, dont seuls environ 600 millions d'euros sont effectivement recouvrés - il est urgent de s’interroger sur le rapport coût/bénéfice de cette action (Photo : sly/www.imazpress.com)
1. Échelle et impact : la fraude fiscale, enjeu majeur
En comparaison, la fraude fiscale ou évasion fiscale plombe les finances publiques à hauteur de 60–80 milliards €/an en France. Des estimations parlementaires parlent même de 80 à 100 milliards € ou plus par an. Ce phénomène devient d’autant plus criant si l’on considère les montages impliquant les paradis fiscaux, les comptes offshore ou l’optimisation fiscale agressive.
2. À La Réunion, la fraude fiscale est une réalité locale
Selon la mission interministérielle anti‐fraude, 62 millions € de fraude fiscale ont été détectés à La Réunion en 2021, dont la moitié recouvrée, tandis que 26 millions ont été évités après contrôle. Loin d’être limitée à quelques anomalies déclaratives, ces chiffres illustrent un véritable enjeu de justice fiscale locale : des entreprises ou individus échappent largement à l’impôt, au détriment de la solidarité nationale.
3. Les inégalités territoriales face à la solidarité
À La Réunion, où les besoins en services publics - santé, éducation, infrastructures - sont accrus, chaque euro non perçu freine le développement et alimente le sentiment d’injustice chez ceux qui, dans la population modeste, respectent leurs obligations. Aller chercher la fraude des plus riches, des multinationales et des grands patrimoines offshore serait une réponse plus ciblée que de multiplier les contrôles sur les prestations sociales
Nos propositions concrètes :
- Rééquilibrer les moyens vers la fraude fiscale
Augmenter les contrôles fiscaux ciblés, notamment pour les grandes fortunes ou les entreprises possédant des liens avec des paradis fiscaux ;
Créer des dispositifs locaux de vigilance administrative à La Réunion (transparence accrues entre collectivités et administration fiscale) ;
Allouer au niveau local des ressources spécialisées (agents formés, coopération internationale).
- Renforcer la traçabilité des flux financiers
Mettre en œuvre pleinement le « fichier des comptes bancaires » et en permettre l’accès aux administrations sociales et fiscales, dans le respect des libertés publiques. Ce lien entre données sociales et bancaires pourrait permettre d’identifier les cas où des patrimoines importants échappent aux impôts tout en continuant à recevoir des prestations sociales.
- Sanctions exemplaires et justice renforcée
Sanctionner fortement les fraudes fiscales importantes ou répétées, comme prévu par les mesures 19 à 21 du plan national. En parallèle, renforcer le rôle du futur Office national anti‐fraude aux finances publiques (ONAF) pour qu’il coordonne les actions contre les fraudeurs sur tout le territoire, y compris ultramarin.
- Mobilisation citoyenne et transparence
S’inspirer des grandes enquêtes (Panama Papers, Malta Papers, CumEx Files) dont les révélations ont permis de rapatrier des centaines de millions d’euros en France, et alimenter les contrôles fiscaux. Soutenir activement le rôle des lanceurs d’alerte pour briser l’opacité autour des montages offshore.
La priorité doit être donnée à la fraude fiscale, notamment celle orchestrée par des entreprises et individus fortunés qui exploitent des vides juridiques ou des paradis fiscaux pour éluder leurs devoirs contributifs. À La Réunion, où le tissu social et les besoins publics sont vulnérables, rediriger les efforts et les moyens vers cette forme de fraude paraît non seulement juste, mais plus efficace pour restaurer la confiance dans l’impôt et la solidarité.
Christophe Estève
Co-référent Place publique Outre-mer
Il parle de "Sanctions exemplaires et justice renforcée" et de "transparence", alors qu'il s'accoquine avec des condamnés dans la plateforme de gauche ? Pour être crédible, il faut mêler les actes à la parole
Blablabla...