Lettre ouverte de Firose Gador

COVID-19 : Réouverture des écoles le 14 mai ? À quels risques ?

  • Publié le 26 avril 2020 à 12:40
école primaire

Les chiffres officiels à La Réunion font état de plusieurs centaines de cas du COVID-19 pour 0 décès. Si le bilan peut sembler encourageant, nous ne sommes pas sortis d'affaire pour autant. Les efforts pour limiter la propagation doivent se maintenir.

Cela vaut particulièrement lorsque l’on parle de la reprise de l’école. S’il est impossible d’ignorer le creusement des inégalités rendu bien visible et tendant à s’aggraver avec le confinement, il est tout autant difficile de faire le pari qu’un retour dans les classes dans les conditions annoncées soit salvateur.

Nos élèves et nos familles les plus fragiles sont très visiblement impactés si l’on s’en tient aux chiffres faisant état de ces 5% qui seraient " en dehors des radars ".

Mais le décrochage scolaire n’est pas né avec le COVID. Ce dernier l’a mis à jour, s’il était encore utile de le faire. Ce phénomène multifactoriel, sociétal, en étroite corrélation avec ce que l’on pourrait appeler le " décrochage social " sera t-il  atténué avec une reprise scolaire dans le climat et les conditions que l’on connait? Chacun pourra bien s’imaginer que non…    

Il est impossible aussi d’ignorer cette recrudescence des violences intrafamiliales. Il est tout aussi difficile d’envisager que la réouverture des écoles dans des conditions très douteuses soit facteur d’apaisement ou de retour à une certaine normalité. Il s’agit là encore une fois d’une problématique multifactorielle qui demande des réponses complexes et fiables.

Impossible encore d’ignorer l’impact sur nos entreprises et le monde économique… Mais s’il s’agit bien là de protéger nos travailleurs à tous les niveaux, comment  imaginer le faire en exposant leurs enfants au risque de contamination ? Est-il nécessaire de rappeler que nos marmailles s’avèrent être des vecteurs potentiels de transmission ? Il est illusoire d’espérer le maintien strict des gestes barrières à l’école.

Nous sommes là dans un lieu de vie et de contacts par essence avec un public qui a besoin de bouger, de toucher, de communiquer, de communier. Chacun d’entre nous aura pu jauger la difficulté, pour nous adultes, à gérer les distances, les gestes, les précautions lors de nos déplacements autorisés courts et encadrés. Alors pour des enfants, à l’école…

La courte expérience acquise avec la prise en charge des enfants de soignants témoigne de la nécessité de ré-ouvrir l’école de façon très progressive et en groupes très restreints.  

D’un autre côté, il est nécessaire de considérer l’enjeu pour nos collectivités. Si elles doivent faire face à cette crise sanitaire, elles n’ont toutefois  pas les moyens d’agir ni de prendre d’autres initiatives que celles décidées par le Gouvernement. La question reste et demeure : les communes doivent-elles risquer une vague de contamination en ouvrant de nouveau les écoles et en faisant courir un risque sanitaire pour nos enfants, les personnels communaux et les enseignants ?    

Pour rappel, au Japon, la réouverture des écoles avait engendré une deuxième vague épidémique. À Singapour, les autorités en sont revenues à une mesure de confinement après une tentative de déconfinement. Nul besoin de citer d’autres exemples, les scientifiques étant clairs sur la protection engendrée par le confinement et sur le fait que les enfants sont des vecteurs potentiels du virus.

 Il est tout autant nécessaire de considérer :

- les craintes et inquiétudes des parents et de l’ensemble du monde éducatif, notamment pour ceux qui sont dans la prise en charge d’enfants porteurs de handicap, tel que l’autisme                                             

- le peu de temps restant avant la sortie de juin pour s’adapter à une modalité de classe très complexe et risquée

- le peu de présentiel constaté habituellement à cette période pour ceux qui débutent leurs révisions personnelles pour les épreuves du baccalauréat ou du brevet par exemple.

- le caractère optionnel de la fourniture en masques pour l’ensemble des enfants et du personnel.

Nous demandons à chaque responsable de se positionner ou de continuer à affirmer sa position, en particulier les représentants syndicaux des agents territoriaux, notamment le personnel communal.

Nous demandons à l’ensemble des maires par le biais de l’Association des Maires de se positionner et qu’une ligne commune soit définie pour faire front et protéger notre population.

Notre position est celle qui tend à ce que les communes et le rectorat  n’exposent pas les enfants et les personnels. Cela signifie : pas de reprise le 14 mai alors qu’il y a à craindre une vague de contamination de notre population.

Quels gains, si gains il y a, escomptés en ouvrant les écoles ? Quels risques voire mises en danger    mis en    balance ?

Pourquoi ne pas miser sur une meilleure préparation pour la rentrée scolaire prochaine ?

Firose Gador - Conseillère municipale du Port
Et P/o le groupe " Le Port Dobout "
 

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2 Commentaires
Tata
Tata
5 ans

LES FINANCES AVANT LA SANTE...LE BANQUIER MACRON.

la vérité si je mens !
la vérité si je mens !
5 ans

A l'instant !Le Conseil scientifique, dont le rôle n'est que consultatif, souhaiterait que les élèves ne reprennent pas le chemin de l'école avant septembre. Suivant tout de même la décision gouvernementale d'ouvrir progressivement les écoles à partir du 11 mai, il livre certaines recommandations. Le conseil scientifique : Des scientifiques, des représentants d'institutions publiques et plusieurs cadres de l'industrie pharmaceutique, dont quatre de chez Sanofi. le Pr Jean-François Delfraissy, 72 ans, président du Comité consultatif national d'éthique , une quarantaine de personnes entourent Emmanuel Macron, Edouard Philippe et le ministre de la Santé, Olivier Véran.