Tribune libre de la CGPER

Filière canne : les revendications des planteurs doivent être prises en compte

  • Publié le 3 août 2021 à 17:48
  • Actualisé le 10 août 2021 à 15:23

Commandé le 5 novembre dernier, le rapport sur la filière canne-sucre a été rendu au gouvernement qui a donné sa position dans un communiqué le 26 juillet. Il visait notamment à " tracer les différents scénarios d' évolution de la filière canne à La Réunion " avec en particulier la question des aides. (Photo rb/www.ipreunion.com)

La CGPER fait tout d’abord part de ses réserves sur les points suivants :

– Les aides maintenues en 2023 ?

Si le rapport recommande le maintien des aides, le communiqué annonce ce maintien pour 2022, c’est le seul engagement du gouvernement. Quid du soutien de l’État à la filière après l’élection présidentielle ?

– Pour un juste prix de la canne prenant en compte toutes ses richesses
Pas question pour la CGPER d’être d’accord avec un prix variable de la canne payé au planteur indexé sur le prix du sucre. Le planteur est le seul à prendre le risque de planter et cultiver de la canne. Il n’a pas à assumer un risque supplémentaire, la vente du sucre, qui relève de l’usinier. Il importe également de prendre en compte toutes les valorisations actuelles des cannes à sucre livrées par les planteurs dans le calcul du prix d’achat par les usines.

– Tereos doit faire la transparence sur ce que lui rapporte la canne à La Réunion

Le rapport rappelle que Tereos Océan Indien est une filiale d’une société de droit brésilien elle-même appartenant à la coopérative Tereos et n’est donc pas tenue de publier des comptes consolidés. La CGPER rappelle que l’État et Tereos connaissent parfaitement tous les revenus des planteurs tirés de la canne. Comment allons-nous pouvoir négocier la Convention canne si l’industriel ne joue pas lui aussi cartes sur table.

La CGPER note une proposition stratégique inscrite dans le rapport :
" Plaider pour l’ouverture du capital de Tereos Océan Indien à des acteurs locaux à La Réunion. " La CGPER rappelle que les betteraviers métropolitains sont des coopérateurs de Tereos, ont accès aux comptes et peuvent décider de la stratégie ce qui a été fait récemment avec l’élection d’une nouvelle direction. Il est anormal que les près de 2.600 livreurs de canne à sucre réunionnais ne soient pas eux aussi associés aux décisions de l’outil de production qui transforme la matière première en de nombreux produits.

L’entrée des planteurs dans le capital de Tereos Océan Indien est donc une condition à des relations apaisées dans la filière. La CGPER soutient cette proposition.Sur la méthode, la CGPER constate que le programme de la mission des rapporteurs ne leur a pas permis de rencontrer des planteurs représentatifs du modèle réunionnais d’exploitation cannière pour comprendre leurs difficultés.

La CGPER s’étonne de la position du président de la FDSEA qui se dit " globalement satisfait " par ce rapport. Comment le syndicat qui dirige la Chambre d’Agriculture peut-il arriver à une telle conclusion alors que ce rapport s’est fait sans ces agriculteurs qui constatent d’année en année la diminution de leurs revenus ? Ce rapport ne fait aucune proposition pour garantir un revenu décent aux planteurs. Inquiétant pour la soi-disante majorité alors que se profilent d’importantes
échéances pour la filière.

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