Tribune libre de Georges Donald Potola

Gaza : Seigneur, ayez pitié de nous !

  • Publié le 24 juillet 2025 à 06:28
  • Actualisé le 24 juillet 2025 à 06:29
Plus de 21 mois de guerre ont déplacé la quasi-totalité de la population de Gaza et provoqué de graves pénuries de nourriture et d'autres produits de première nécessité

Quand j’étais petit, je regardais le monde avec mes yeux d’enfant, candides, naïfs et pleins de rêves. On nous apprenait alors à nous méfier de ceux qui traînaient dans les rues, les mal vêtus, ceux qui étaient sales, mal coiffés. Et ceux-là nous faisaient peur. En revanche, ceux qui portaient des costumes, des cravates, des chemises immaculées et des chapeaux feutrés incarnaient la respectabilité. Ils étaient, disait-on, des "gens bien" (Photo AFP)

Malgré ma pauvreté, ma misère, une mère monoparentale, j’ai grandi avec ces illusions, être un jour comme ces « gens bien », appartenir à ce monde idéal.

Plus tard, j’ai découvert ceux qu’on appelle les politiciens. Une caste encore au-dessus des autres, à plusieurs niveaux. D’abord les locaux, et ensuite, surtout, ceux de l’autre monde, au-delà de mon petit caillou où je vis.

Des chefs d’État, de France et d’ailleurs, des hommes très puissants, vivant dans des palais quasi royaux, qui décident de tout. Ils se sont même octroyé le pouvoir de vie et de mort.

Et là, j’ai d’abord été ébloui… puis stupéfait, et peu à peu, dégoûté.

Les années ont passé, mes yeux d’enfant se sont éteints. La réalité m’a fracassé le cœur, ces "gens bien", pour la plupart, n’étaient que des voleurs de haut rang, des escrocs légaux, des manipulateurs froids. Et parmi eux, il y avait pire encore : des narcissiques, des psychopathes, des assassins.

Et j’ai compris, ceux qu’on avait élevés au sommet de la société étaient parfois les plus inhumains. Je me disais alors que cela changerait, que ces monstres disparaîtraient, balayés par la justice ou la conscience collective. Mais non.
Les conflits, les guerres, les famines, les génocides, les déplacements forcés, les crimes de guerre… Ces mots qu’on évite de prononcer, qu’on tente de maquiller sous des silences gênés, sont aujourd’hui plus que jamais d’actualité.
Non seulement ils continuent, mais ils se sont rapprochés, et viennent percuter nos consciences. Même à 11 000 km, on ne peut, et ne doit rester insensible aux cris et aux larmes de ceux qu’on massacre.

En Ukraine, à quelques heures de vol de Paris, le sang coule. Un peuple est exterminé par ses propres frères et voisins, sous le regard passif des dirigeants des grandes puissances, venus fouler le tapis rouge qu’un Poutine, sombré dans la folie, déroule pour eux.
Mais puisqu’on le qualifie de dictateur, alors tout semble justifié.

Et puis Gaza. Le conflit israélo-palestinien n’est plus un simple désaccord territorial. Ce n’est plus une guerre, c’est une punition collective, un massacre. Ce n’est pas un tyran, c’est un chef d’État, élu démocratiquement, qui bombarde à volonté avec nos munitions.

Il tue sans distinction. Il extermine des enfants, des mères, des vieillards en toute impunité. Et il le fait avec l’approbation tacite, ou explicite, des grandes puissances occidentales.

À commencer par le président américain, celui qui nous parle de Dieu et qui jure sur la Bible. Il a promis aux Gazaouis l’enfer, et Netanyahou l’a accompli. Gaza est alors dévastée, suppliciée, en feu, en cendres, un tombeau collectif. Un enfer.

Les plus pauvres n’ont plus le choix, une balle ou la famine. Les bombes tombent sur les hôpitaux, les écoles, les maisons… et maintenant, sur les églises.

Il n’y a plus d’enfants, plus de civils, seulement des "cibles". Et face à cela, des phrases, des condamnations, mais aucune action. L’hypocrisie est totale, l’indifférence est mortelle.

Et j’entends encore certains, dans leur confort, répéter "C’est la faute au Hamas". Toujours les mêmes justifications à l’horreur.

Mais moi, mes yeux d’adulte chrétien, voient qu’un enfant israélien ou palestinien qui meurt, c’est une même douleur. Une femme israélienne violée, une mère palestinienne tuée, des bébés mourant de faim, ont les mêmes cris, les mêmes larmes, les mêmes corps mutilés.

Il n’y a aucune différence entre un soldat israélien qui tue à Gaza et un combattant du Hamas qui massacre en Israël. Aucune, ils sont les deux visages d’un même mal, d’un même mépris de la vie humaine.
Il n’y a que des morts, des innocents, des âmes qu’on sacrifie sur l’autel du pouvoir, du fanatisme, de la haine.
Des humains, des créatures de Dieu, pulvérisées sans pitié par des monstres aux visages humains.

Poutine, Netanyahou, les chefs du Hamas…Même haine, même soif de pouvoir, même mépris, même ADN pourri de cruauté.

Où est le monde que j’ai rêvé ? Ces contes de fées, ces histoires d’amour et de paix, ces fins heureuses ?
On est loin de cela, loin de l’humanité.

Georges Donald Potola

 

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