Le 11 octobre 1963, André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, déclarait : "La civilisation moderne ne sait pas pourquoi elle existe. La machine amène l'homme à ne jamais se penser lui-même, mais à penser à ce qu'il fait. [...] Être un homme, ce n'est pas penser à ce qu'on fait, mais penser à ce qu'on est [...]. Pour simplifier, ou bien l'ensemble des usines de rêve (cinéma, radio, littérature, etc.) rendra l'humanité asservie aux puissances qui sont derrière ces rêves, ou bien l'humanité choisira, dans ce qui a survécu, sa part la plus haute, parce que, si la culture a un sens, c'est très simplement la noblesse du monde". Ce discours mérite d’être rappelé, car grâce à ce grand homme l’accès à la culture pour tous est devenu une réalité. (Photo d'illustration sly / www.imazpress.com)
Cependant, force est de constater que la culture ne représente que 0,6 % du budget de l’État, juste au-dessus de celui de l’Outre-Mer. Bien que ce budget semble constant en apparence, il fait l’objet de réductions ciblées, notamment dans le domaine de l’éducation nationale et culturelle (EAC), véritable fer de lance de la démocratie sociale et de l’égalité des chances. Celui-ci a vu ses crédits amputés de 20%. De même, le gel des fonds alloués à la partie collective du pass Culture a contraint certaines structures à revoir, voire à annuler des projets programmés.
Les collectivités locales, également engagées dans le champ culturel, doivent, face aux contraintes budgétaires imposées par l’État, procéder à des coupes drastiques dans leur financement dédié à la culture.
Malgré les alertes répétées et non entendues du milieu artistique, les nouvelles économies suggérées par le gouvernement risquent de peser lourdement sur le budget culturel, mettant ainsi en péril cette filière déjà lourdement éprouvée par la crise post-Covid.
À La Réunion, le secteur culturel élargi génère plus de 11.000 emplois, un chiffre significatif au regard du taux de chômage local. La réduction du soutien financier constitue un frein inquiétant pour une industrie qui a mis du temps à se structurer. Par ailleurs, les annonces du gouvernement sur le budget 2026 ne sont pas rassurantes sur un territoire où les inégalités sont criantes et l’accès à la culture encore un luxe.
Ainsi, face à la menace qui pèse sur cette filière et en réponse à l’appel des différents syndicats, la Cité des Arts et Château Morange fermeront leurs portes le 18 septembre pour témoigner de leur solidarité avec le monde culturel.
Monique Orphé,
PDG de la Cité des Arts et de Chatêau Morange,
Conseillère départemetnale du groupe socialiste " Une Ambition pour le Département"