Tous les vieux sages vous le diront, rien n'est simple en ce bas monde. Rien n'est tout blanc ou tout noir. La vie est bourrée de complexité et de diversité. Au lieu de s'en plaindre, il faut s'en féliciter car c'est cette complexité qui fait l'incomparable beauté et l'inestimable richesse de la vie. Notre humanité troublée semble l'avoir oublié.
Pour prendre bêtement le dessus sur la Nature, l’Homme a inventé la ligne droite, l’ordre humain, donc supérieur croit-il. On coupe, on rase, on émascule. Aucune tête ne doit dépasser, aucune touffe d’herbe n’est tolérée sur nos gazons. Nos allées sont bordées d’arbres impeccablement alignés
L’Homme plonge pourtant bien ses racines dans la Terre, dans la Nature et dans la forêt qui l’a vu naître. Au cours des siècles, des centaines de générations de cultivateurs ont patiemment sélectionné mille plantes alimentaires issues de cette Nature bouillonnante et fertile. La diversité et l’amour de la Nature faisait encore partie de nos valeurs il n’y a pas si longtemps. Un divorce est pourtant intervenu assez brutalement.
La monoculture industrielle a pris le pas sur la merveilleuse et créatrice agriculture artisanale et familiale. Le petit agriculteur plein de connaissances, d’amour et d’imagination a fait place au conducteur d’engins, au coupeur de canne, au chômeur.
Ce que l’on ignore parfois c’est que cette société de la diversité et des nuances a fait place à une société de la rigueur et de l’ordre. Il n’y a plus ni amour, ni intelligence, ni réflexion. On coupe, on tranche dans le vif.
Cette société simplificatrice basée sur la simple adition des dollars, a oublié tous les autres calculs, tous les autres raisonnements. De multiple, variée et colorée, notre société est devenue monolithique, monotone et terne. On ne rêve plus, on se suicide ou on se révolte, on terrorise.
Aucune armée au monde ne pourra enrayer cette mortelle réaction en chaîne. Seule, me semble-t-il, la reconnaissance des vertus profondes d’une Nature prodigieusement plus riche qu’aucun système humain, a une chance, un jour, de nous assagir.
François Maugis
Président de l’association Energie environnement