Tribune libre de Place publique

Pollution plastique : une crise silencieuse à laquelle La Réunion doit répondre avec ambition

  • Publié le 7 août 2025 à 10:06
  • Actualisé le 7 août 2025 à 10:09
Déchets plastiques

"La pollution plastique est un danger grave et croissant pour la santé", alerte la communauté scientifique internationale dans une tribune publiée par Le Monde le 4 août 2025. Cette alerte, étayée par des centaines d’études, doit sonner le réveil d’une mobilisation massive. Car le plastique n’est plus simplement une menace pour les océans lointains : il est désormais en nous, autour de nous, et dans notre quotidien réunionnais (Photo d'illustration www.imazpress.com)

Un fléau invisible mais omniprésent

Chaque semaine, nous ingérons l’équivalent d’une carte de crédit de microplastiques — par l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les aliments que nous consommons.

Ces particules, issues de la dégradation de déchets plastiques dans l’environnement, s’accumulent dans notre organisme, affectent notre système endocrinien, et peuvent favoriser des troubles immunitaires, neurologiques ou métaboliques. L’OMS et de nombreux instituts de recherche internationaux tirent la sonnette d’alarme : la crise du plastique est devenue une crise de santé publique.

Et cette pollution ne connaît pas de frontières. Elle s’infiltre dans les sols, les rivières, les lagons. Elle se disperse dans la nature et se déverse à la mer. À La Réunion, les plastiques sont enfouis en masse sans possibilité réaliste de traitement local à long terme. Nos terres, nos eaux, nos espèces endémiques en paient le prix. Et avec elles, notre santé.

À La Réunion, les défis sont immenses, mais ne sont pas une fatalité.

Notre île est un laboratoire de la mondialisation écologique. Elle concentre toutes les vulnérabilités : territoire insulaire, biodiversité exceptionnelle mais fragile, forte densité de population, dépendance aux importations... et pourtant, encore aujourd’hui, une majorité de nos plastiques sont enfouis dans le sol.

Cette situation ne peut plus durer.

En l’absence d’un accord global solide – les négociations à l’ONU pour un traité contraignant sur la pollution plastique peinent à aboutir – l’action locale devient notre levier principal. Il nous faut transformer cette contrainte insulaire en opportunité de résilience.

En Nouvelle-Aquitaine, la Vice-Présidente de région, Maud Caruhel a lancé un Plan Zéro Pollution Plastique 2023-2028. Trois objectifs clairs, ambitieux, mobilisateurs :

- zéro plastique à usage unique
- zéro plastique en enfouissement
- zéro plastique dans l’environnement

Ce plan s’appuie sur l’éco-conception, la substitution, le tri, l’innovation, et surtout la coopération entre collectivités, entreprises, associations et citoyens.

Pourquoi La Région Réunion ne pourrait-elle pas, elle aussi, s’engager dans une telle dynamique ?

Pourquoi ne pas initier un "Pacte réunionnais pour un territoire sans pollution plastique", capable de fédérer les acteurs du territoire autour de solutions adaptées à nos réalités insulaires ?

Une question de justice et d’avenir.

Il ne s’agit plus uniquement d’environnement. Il s’agit de justice environnementale, de dignité sanitaire, de responsabilité collective.
Les Outre-mer, en première ligne des impacts, doivent aussi être aux avant-postes des réponses. Et La Réunion peut, doit, montrer la voie.

Nous appelons donc à un sursaut :

- à la création d’un plan zéro pollution plastique pour La Réunion,
- à l’arrêt progressif de l’enfouissement des déchets plastiques,
- à l’investissement massif dans la réduction à la source et dans l’économie circulaire.

Nous devons cela aux générations actuelles. Et à celles qui nous suivront. Le combat continue.

Christophe Estève
co-référent de Place publique Outre-mer

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