Les mobilisations des agents de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) des 1er et 8 décembre 2025 ont révélé une réalité que plus personne ne peut ignorer : à La Réunion, la protection de l’enfance vacille, faute de moyens, d’organisation et de volonté politique claire.
Les équipes de l’ASE alertent : elles ne sont plus en capacité d’assurer correctement leurs missions, faute de moyens humains suffisants.
La surcharge conséquente entraîne une gestion permanente de l’urgence, avec moins de temps pour chaque enfant, au détriment de leur sécurité et de leur accompagnement.
Cette instabilité des ressources humaines conduit notamment à un fort taux de récidive de la maltraitance dans les familles en grande difficulté.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et devraient alerter quiconque porte une responsabilité publique :
2022 : 5 348 enfants signalés en danger ou en risque de danger
2023 : 6 095 enfants
2024 : 7 276 enfants
En deux ans, les signalements ont augmenté de 36 %. Cette progression est alarmante, historique et ne peut plus être ignorée. Ces chiffres sont insoutenables. Face à cette situation, j’exprime mon indignation et ma profonde inquiétude.
En tant que chef de file de l’action sociale, le Conseil Départemental a le devoir premier d’assurer la protection des mineurs. Aujourd’hui, il échoue à garantir des conditions de travail dignes aux agents et une prise en charge satisfaisante aux enfants. Cette défaillance n’est pas une fatalité : elle est le résultat d’un manque de choix, d’audace et de priorités.
À Saint-Paul, Ville Amie des Enfants reconnue par l’UNICEF, nous avons démontré qu’une collectivité peut agir avec efficacité, respect et cohérence. Nous avons montré qu’avec de la méthode, une vision et une volonté politique claire, il est possible de protéger les plus vulnérables, d’assurer la continuité des services essentiels et de garantir la dignité de chaque famille.
Je demande au Conseil Départemental d’engager immédiatement un plan de renforcement massif des moyens humains et matériels de l’ASE, ainsi qu’une réorganisation ambitieuse des dispositifs de prévention et d’accompagnement des familles.
Je tiens à saluer le courage et l’abnégation des agents, qui continuent malgré tout à soutenir un service essentiel pour notre société. Ils ne doivent plus être abandonnés à leur sort.
J’en appelle également à l’État, aux collectivités, aux associations et à tous les citoyens : la protection de l’enfance est un devoir collectif. Nous devons renforcer la prévention, la vigilance et le soutien aux familles, afin de prévenir les drames plutôt que de les subir.
Nos enfants, qui sont notre avenir, méritent cela. La Réunion mérite cela.
Salim NANA-IBRAHIM
Premier des Socialistes de Saint-Paul

C’est grave ! Avec toi Salim Nana Ibrahim.