Tribune libre de Karine Lebon

Réaction à la publication de l’arrêté Takata

  • Publié le 30 juillet 2025 à 17:26
  • Actualisé le 30 juillet 2025 à 17:29
Karine Lebon

Le gouvernement a enfin décidé de hausser le ton. Il était temps. Après des mois d’alertes insistantes auprès de son cabinet, le nouvel arrêté imposant des mesures drastiques aux constructeurs vient d’être publié. (Photo photo RB/www.imazpress.com)

Malgré 18 décès déjà recensés dans les outre-mer, il aura fallu attendre un décès dans l’Hexagone au mois de juin pour une réaction gouvernementale à la hauteur de l’enjeu. Bien que cette différence de vitesse de réaction interroge, l’essentiel pour l’heure est que des injonctions efficaces soient enfin prises à l’égard des constructeurs et de leurs mandataires.

La publication de l’arrêté du 29 juillet 2025 marque une avancée attendue dans la gestion du scandale des airbags Takata. En interdisant l’usage des véhicules à risque tant que les réparations n’ont pas été effectuées et en accordant des délais beaucoup plus restreints pour remplacer les airbags défectueux, ce texte répond enfin à l’urgence de protéger les automobilistes exposés à un danger
mortel.

Il impose également aux constructeurs et leurs mandataires la mise à disposition de véhicules de remplacement, une mesure de justice essentielle pour ne pas pénaliser les usagers contraints d’immobiliser leur véhicule.

Après tant de catastrophes humaines, il était temps que des obligations claires et contraignantes s’imposent aux industriels. Cette décision, bien que tardive, va dans le bon sens : celui de la sécurité et de la responsabilité.

Si cet arrêté constitue une avancée, sa mise en œuvre concrète dans les territoires ultramarins soulève de nombreuses interrogations. Comment garantir à La Réunion la disponibilité effective de véhicules de remplacement alors même que les réseaux de concessionnaires y sont plus restreints et que les délais d’acheminement des pièces restent longs ?

Les obligations imposées aux constructeurs doivent s’appliquer avec la même exigence sur l’ensemble du territoire national. Il serait inacceptable que les automobilistes ultramarins, une fois encore, soient laissés pour compte face à un dispositif inégalement déployé. Une vigilance particulière s’impose pour que le droit à la sécurité et à la mobilité ne soit pas une réalité à deux vitesses.

Ma commission d’enquête, qui n’avait pas été inscrite à l’ordre du jour par la Conférence des Présidents de l’Assemblée nationale, reste plus que jamais d’actualité. Le travail de fond réalisé par la mission d'inspection relative aux véhicules équipés d'airbags de la marque Takata donne quelques premiers éléments d’appréciation relatifs à ce scandale industriel. Nous devons maintenant aller plus loin pour qu’un scandale d’une telle ampleur ne puisse plus jamais voir le jour.

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