Tribune de Cindy Barbe Robert

Salazie : face à la sécheresse, des citernes et un vieux camion ne suffisent pas

  • Publié le 27 août 2025 à 13:40
  • Actualisé le 27 août 2025 à 13:41
Appel à des mesures d’urgence pour la gestion de la pénurie d’eau dans l’est

La mairie de Salazie a récemment annoncé la distribution de citernes de 3.000 litres aux familles touchées par la sécheresse, ainsi que la remise en service d’un ancien camion de pompiers, cédé symboliquement à 1 euro, pour aller pomper de l’eau dans le basculement d’Eau.

Si cette initiative peut, de prime abord, sembler apporter une réponse immédiate, elle révèle en réalité l’absence criante de vision et de stratégie durable de la majorité municipale.

1. Des annonces symboliques, pas des solutions durables

Une citerne de 3.000 litres, c’est à peine quelques jours d’autonomie pour une famille. Peut-on sérieusement considérer cela comme une réponse structurelle à un problème qui se répète année après année ? La sécheresse n’est plus un aléa ponctuel : elle est devenue une réalité récurrente. Il faut des solutions de fond, pas des mesures de fortune.

2. Une logistique discutable et coûteuse

Acheminer de l’eau en pompant dans une rivière avec un camion entraîne des dépenses de carburant, d’entretien et de personnel. Qui financera cette logistique fragile et coûteuse ? À terme, ce sont encore les habitants qui paieront la facture. De plus, la mairie annonce que la Cise a été mandatée pour recenser les familles bénéficiaires. La délégation de ce choix interroge : la Cise sert-elle ici de paravent pour masquer un manque de transparence ? Sur quels critères précis les familles sont-elles sélectionnées ? Ne risque-t-on pas de tomber dans du clientélisme, là où il faudrait de l’équité et de la justice sociale ?

3. Un risque sanitaire majeur

L’eau pompée directement dans une rivière ne peut être considérée comme potable sans traitement préalable. Aucune garantie sérieuse n’a été apportée par la mairie sur la qualité de cette eau. Est-il responsable, au XXIe siècle, d’exposer des familles entières à des risques bactériologiques ?

4. Une injustice criante entre les habitants

La mairie parle de distribution "aux familles concernées". Mais qui décide de qui est concerné ? Qu’en est-il des autres foyers qui souffrent, eux aussi, de la sécheresse ? Créer deux catégories d’habitants, certains secourus et d’autres laissés pour compte, c’est fracturer encore davantage le tissu social déjà fragilisé par les crises successives.

5. Des alternatives existent, mais elles sont ignorées

Plutôt que de bricoler des solutions précaires, la commune devrait investir dans de véritables actions de long terme :
    •    La réparation et la modernisation d’un réseau d’eau vieillissant, miné par des fuites considérables,
    •    L’installation de réservoirs collectifs de grande capacité pour sécuriser l’approvisionnement,
    •    La recherche active de nouvelles ressources en eau et une meilleure interconnexion avec les réseaux voisins,
    •    L’élaboration d’un plan sécheresse clair, concerté avec la population, afin d’anticiper les crises plutôt que d’improviser dans l’urgence.

Les habitants de Salazie n’attendent pas des effets d’annonce, mais des solutions solides, équitables et durables.

Il est temps que la mairie assume pleinement ses responsabilités et qu’elle cesse de traiter un problème aussi grave que l’eau comme une simple opération de communication.

La question est simple : les décideurs municipaux accepteraient-ils, pour leurs propres familles, de se contenter d’une citerne de 3.000 litres remplie d’une eau non potable, au risque de mettre leur santé en danger ? Si la réponse est non, alors pourquoi l’imposer aux habitants de Salazie ?

Cindy Barbe Robert
L’Engagement, au Cœur de Salazie

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