Baisse de 5 à 20% du prix de 80 produits locaux

Producteurs et distributeurs relèvent le DEFI

  • Publié le 21 janvier 2011 à 06:00

Les prix de plus de 80 produits locaux, viandes de b?uf, de porc, de volaille et yaourt, baisseront de 5 à 20% à partir du 24 janvier 2011 dans 120 points de vente de la grande distribution. Cette baisse s'inscrit dans le cadre du projet DEFI (développement, élevage, filières interprofessionnelles). L'objectif est, d'une part, d'augmenter le pouvoir d'achat des Réunionnais et de leur faire consommer des produits locaux, mais aussi de permettre le développement des filières locales d'élevage. En effet, d'ici 10 ans, les professionnels souhaitent conquérir 10 points de part de marché et créer 1 600 emplois dans le secteur.

Le projet DEFI trouve son origine dans le conseil interministériel de l'outre-mer qui s'est tenu en novembre 2009. Parmi les 139 mesures prises, l'une d'elles prévoyait le concours de l'Etat et de l'Europe dans le développement de la filière agricole. Après deux années de discussion entre l'Etat, les représentants des filières porcine, bovine, laitière et volaille, ainsi que les dirigeants de la grande distribution, le projet se concrétisera officiellement le 24 janvier prochain. "C'est un projet ambitieux qui place le consommateur au centre du développement du secteur", déclare Paul Martinel, président de l'association réunionnaise interprofessionnelle du bétail, de la viande et du lait (ARIBEV).

A partir de cette date, les prix de plus de 80 produits locaux, viande de b?uf, de porc, de volaille et yaourt baisseront de 5 à 20%. dans 120 points de vente de la grande distribution. Par exemple, le prix de la rouelle épaule devrait baisser de près d'un euro le kilo. De même pour le kilo de côte de porc, le kilo de carry b?uf ou encore le paquet de 6 escalopes de poulet. "Des produits sont déjà en vente avec leur nouveau prix dans certains magasins", signale Jacques Guillamot, président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).

Cette baisse est rendue possible grâce à la participation financière de l'Etat et de l'Europe. Près de 4 millions d'euros seront chaque année alloués à ce projet DEFI. D'abord durant 3 années. "Il y aura ensuite un point d'étape pour voir si nous continuons à participer", déclare au nom de l'Etat Olivier Degenmann, directeur adjoint de l'agriculture, de l'alimentation et de la pêche. "Ce sont des baisses significatives et pérennes", insiste Paul Martinel.

Que ce soit du côté des professionnels des différentes filières ou de la grande distribution, la mise en place de ce projet est une "très grande satisfaction". Pour les éleveurs, d'une part, qui voient là "une opportunité exceptionnelle de développer le secteur durant les 10 prochaines années". Les objectifs fixés "ne sont pas énormes mais sont tout de même importants", selon les termes utilisés par Paul Martinel.

Les producteurs espèrent sur les 10 prochaines années gagner 10 points de part de marché sur la vente de la viande locale. Dans les différentes filières, on prévoit en conséquence une hausse de la production : de 50% dans la filière volaille, de 38% dans la filière porc, de 57,6% dans la filière bovine et de 48% dans la filière lait. Une hausse de production qui devrait s'accompagner d'une création de 1 600 nouveaux emplois sur 10 ans et l'installation de 140 nouveaux éleveurs, toutes filières confondues.

Du côté de la grande distribution, on affirme haut et fort qu'on n'a "rien à gagner à court terme dans le projet DEFI". "Par esprit de solidarité, la grande distribution a toujours fait des marges très infimes pour les produits locaux par rapport aux produits importés", rappelle Jacques Guillamot. "Malgré tout, la grande distribution s'est impliquée fortement pour que le projet aboutisse", se félicite t-il.

Le porte-parole de la grande distribution voit tout de même un intérêt à ce projet "à moyen ou long terme". "Il va créer de l'emploi et va donc générer du pouvoir d'achat", explique le président de la FCD. Pour l'heure, les professionnels de grande distribution se sont engagés dans ce projet pour un an. "Un point d'étape sera fait chaque trimestre et à l'issue de l'année pour voir si on confirme cette liste de produit ou si on la modifie", précise Jacques Guillamot.

Paul Martinel a par ailleurs annoncé que des discussions se poursuivent avec les collectivités, les réseaux des bouchers charcutiers, les professionnels des cafés, hôtels et restaurants pour y étendre le projet DEFI. "A terme, plus de 100 produits locaux pourraient être concernés par une baisse des prix", termine t-il.

Mounice Najafaly pour
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