Les deux Boeing 767-300 d'Air Madagascar assurant les longs courriers n'ont plus le droit de se poser sur les aĂ©roports europĂ©ens. Ils ont Ă©tĂ© placĂ©s ce mardi 19 avril 2011 sur liste noire par la Commission europĂ©enne pour l'aviation civile (CEAC), l'instance europĂ©enne chargĂ©e de contrĂŽler le niveau de sĂ©curitĂ© de tous les appareils desservant l'Europe. La dĂ©cision a Ă©tĂ© prise en raison de "manquements graves appelant une action ferme" indique la CEAC. Air Madagascar ne peut donc plus desservir Paris et Marseille. Les rotations rĂ©gionales moyens courriers effectuĂ©es par la compagnie malgache entre Madagascar, La RĂ©union et Mayotte ne devraient pas ĂȘtre concernĂ©es par cette interdiction
Air Madagascar était dans le collimateur des autorités de la sécurité aérienne européenne depuis janvier 2011. Les dessertes longs courriers de la compagnie sont assurées par deux Boeing 767-300 datant de 1991. Ils réalisent toutes les semaines cinq rotations Antananarivo - Paris dont une via Marseille et une via Moroni (Comores) ainsi que deux rotations Antananarivo - Guangzhou (Chine) via Bangkok (Thaïlande). L'un des appareils effectuant la rotation Tananarive - Paris a été contrÎlé par la CEAC à Paris sur l'aéroport Roissy Charles de Gaulle, comme le sont réguliÚrement tous les appareils se posant sur le sol européen.L'appareil est contrÎlé selon la procédure SAFA (Safety Assessment of Foreign Aircraft - un protocole de vérification du respect des normes de sécurité des avions). L'inspection détermine alors une anomalie qu'elle qualifie de "grave" sur une trappe du fuselage. Un problÚme de sécurité majeur selon la CEAC.
Le B 767-300 en cause est immédiatement cloué au sol par la CEAC. Il restera trois jours à Paris. Il reprendra les airs, à vide, aprÚs avoir été réparé, mais le mal est fait. Cela d'autant plus que le contrÎle du second B 767-300 de la compagnie malgache laisse apparaßtre un certain nombre de manquements - moins importants que celui de la mauvaise fermeture de la soute -, aux rÚgles européennes de sécurité.
Dans un communiquĂ© publiĂ© ce lundi, la compagnie malgache affirme, en substance, s'ĂȘtre pliĂ©e Ă toutes les exigences du protocole SAFA. Cela n'a visiblement pas suffit. Dans son communiquĂ© Air Madagascar dit "accepter et positiver ces remises en question qui n'ont comme objectif que l'amĂ©lioration continue de son exploitation".
Le transporteur aĂ©rien fait aussi remarquer qu'il est une compagnie majeure sur l'ocĂ©an Indien, qu'il fĂȘte ses 50 ans et qu'il n'a jamais eu de problĂšme majeur. La compagnie souligne que son centre de maintenance d'Antananarivo, oĂč sont effectuĂ©es toutes les "grandes visites" des avions (dĂ©montage complet, inspection et maintenance des appareils) bĂ©nĂ©ficie de tous les agrĂ©ments internationaux dont "le JAR 145 et IOSA qui viennent d'ĂȘtre renouvelĂ©s".
La dĂ©cision de la CEAC n'affecte pas les liaisons rĂ©gionales effectuĂ©es par Air Madagascar. Les 11 rotations entre la Grande Ăle et La RĂ©union et les 9 en direction de Mayotte continuent sans problĂšme. Il en va de mĂȘme pour les vols en direction de l'Afrique du Sud, des Comores, du Kenya et de Maurice Ces vols sont effectuĂ©s par des ATR 42 et 72 ainsi que par des Boeing 737-300. Les vols longs courriers en direction de Guangzhou (Chine) via Bangkok (ThaĂŻlande) sont Ă©galement maintenus.
Concernant la desserte vers l'Europe, la direction d'Air Madagascar est à la recherche d'un avion de location et de places à acheter sur les compagnies réguliÚres afin d'assurer les rotations normalement. Un code share (accord de coopération pour la commercialisation des places) a d'ailleurs récemment débuté avec Air France.
Outre l'interdiction signifiée ce mardi à Air Madagascar, la CEAC a également interdite d'exploitation dans l'Union européenne tous les transporteurs aériens du Mozambique.
Ces deux Ătats s'ajoutent Ă la liste des 20 pays, regroupant 269 transporteurs aĂ©riens, dĂ©jĂ placĂ©s sur liste noire. Il s'agit de l'Afghanistan, de l'Angola, du BĂ©nin, de la RĂ©publique du Congo, de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, de Djibouti, de la GuinĂ©e Ă©quatoriale, du Gabon (Ă l'exception de trois transporteurs qui sont soumis Ă des conditions et Ă des restrictions d'exploitation), de l'IndonĂ©sie (Ă l'exception de six transporteurs)du , Kazakhstan (Ă l'exception d'un transporteur qui est soumis Ă des conditions et Ă des restrictions d'exploitation), de la RĂ©publique kirghize, du Liberia, de la Mauritanie, des Philippines, de la Sierra Leone, de Sao TomĂ©-et-Principe, du Soudan, du Swaziland et de la Zambie.
Mahdia Benhamla pour
