Un revenu de 400 dollars par semaine grùce à un investissement minime dans des actions humanitaires de par le monde gérées par une organisation basée au Canada et présidée par une ancienne directrice de la Banque Mondiale... Cette offre alléchante arrive dans les boites mails du monde entier, dont celles de la Réunion. Mais attention, "l'imagination des escrocs est sans limite", rappelle Michel Baud, substitut général du procureur à la cour d'appel de Saint-Denis.
D'emblĂ©e, le mail reçu par des milliers de personnes prĂ©vient " Le Club Asteria est une sociĂ©tĂ© sans but lucratif. Je vous le dis tout de suite, ce n'est pas du MLM, ni pyramidal, ce n'est que de la finance. Dans le but d'aider les dĂ©munis et les pauvres " (les fautes d'orthographe ont Ă©tĂ© enlevĂ©es NDLR).Tentant de vous rassurer, un certain Daniel Gagnon vous propose de le contacter pour investir 9,95 ou 19,95 dollars par semaine dans des projets humanitaires qui vous permettront, "d'ici 15 ou 16 mois", d'obtenir un revenu de 400 dollars par semaine. Les membres peuvent obtenir encore plus d'argent s'ils parrainent d'autres membres. Bref, s'ils les incitent Ă s'inscrire et Ă verser eux-mĂȘme de l'argent.
D'aprĂšs le mail que des milliers de personnes ont dĂ» recevoir Ă travers le monde, cette organisation est prĂ©sidĂ©e par Andrea Lucas, ancienne directrice de la Banque Mondiale. Ces derniĂšres semaines, plus de 700 nouveaux membres s'inscriraient chaque jour et l'organisation compterait environ 250 000 membres. "Tout ces gens ne peuvent pas s'ĂȘtre trompĂ©s", indique encore Gagnon Daniel, basĂ© au Canada.
Si rien ne permet encore d'attester de l'honnĂȘtetĂ© de cet email, la vĂ©racitĂ© du titre d'ancienne directrice de la Banque Mondiale est d'ores et dĂ©jĂ difficile Ă vĂ©rifier via une simple recherche sur internet. De quoi Ă©veiller les soupçons sur une personne qui devrait avoir tenu un tel rang.
"Les gens commencent Ă ĂȘtre avertis de ce genre de pratique sur internet", estime Michel Baud, substitut gĂ©nĂ©ral Ă la Cour d'Appel de Saint-Denis. Il prĂ©cise qu'au niveau judiciaire, "nous ne nous sommes pas intĂ©ressĂ©s Ă cela car nous n'avons pas eu connaissance de cas". Mais selon lui, "ce systĂšme de chaĂźne existe depuis toujours". En plaisantant, il recommande tout de mĂȘme de ne pas donner son argent Ă ce type d'organisation.
Car les escroqueries les plus farfelues sont souvent celles qui marchent le mieux. Il y a deux mois, le parquet de Saint-Denis a jugé une affaire dans laquelle des escrocs avaient soutiré des sommes pouvant atteindre 500 000 euros à des gens auxquels ils avaient fait croire qu'ils pourraient multiplier les billets en les frottant entre deux feuilles blanches.
Il y a quelques années, d'autres escrocs avaient soutiré des sommes exorbitantes en faisant croire à leurs victimes qu'ils leur fallait acheter un liquide pour nettoyer des billets imprimés. En l'échange de l'achat de ce produit pouvant atteindre 100 000 euros, les personnes pouvaient récupérer une partie du magot...
L'arnaque n'est pas une pratique nouvelle mais la crédulité des victimes est parfois surprenante. Les escrocs peuvent faire preuve d'une habilité qui mÚne progressivement des personnes fragiles à se faire piéger. Certaines petites annoncent trop alléchantes ou demandes trop larmoyantes doivent aussi susciter la méfiance.
"L'imagination des escrocs est sans limite", conclut Michel Baud. A tel point qu'en 2009, le gouvernement a ouvert un site visant à recueillir les plaintes des internautes abusés (www.internet-signalement.gouv.fr/). Il liste également les arnaques les plus fréquentes : demande d'aide par une personne en difficulté (souvent de nationalité nigériane), offre d'une voiture, promesses de gains faciles, demande de coordonnées bancaires, demande à servir d'intermédiaire pour un héritage en échange d'un pourcentage... Bien sûr, rien n'était vrai.
Marine Veith pour
