"Je ne suis pas née maire. Pas plus que le reste de mon équipe je ne m'accroche à un mandat, mais je refuse d'être traitée de cette manière". Yolande Pausé, maire communiste de Sainte-Suzanne, est en colère et elle a tenu à le faire savoir ce vendredi 25 novembre 2011. Elle vise Maurice Gironcel, ancien maire communiste de Sainte-Suzanne, soupçonné d'avoir incité à la démission une dizaine de conseillers municipaux communistes ou apparentés. Une situation entraînant légalement la tenue d'élections municipales anticipées et donc la fin du mandat de Yolande Pausé. "Si on m'avait demandé de démissionner pour permettre à Maurice Gironcel de revenir devant les électeurs, je l'aurais fait. Personne ne m'a rien demandé, on a agi dans mon dos, je me sens humiliée" fustige l'élue communiste. Dans un communiqué publié en début d'après-midi ce vendredi, Elie Hoarau, secrétaire général du PCR, indique sèchement qu'en 2012 "il n'y aura qu'une seule liste soutenue par le PCR, celle conduite par Maurice Gironcel" (voir article par ailleurs).
L'affaire trouve son origine en 2009 lorsque les condamnations de Maurice Gironcel à deux ans d'inéligibilité dans des dossiers de marchés publics frauduleux, d'emplois fictifs, et de détournement de fonds publics au sein d'association sont prononcées par la justice. Elu conseiller général en 2004 et maire en 2008, Maurice Gironcel, perd ses deux mandats. Yolande Pausé, jusqu'à lors première adjointe au maire, est élue maire par le conseil municipal et avec le soutien de Maurice Gironcel."J'ai été élue pour travailler dans la continuité de la politique définie par l'équipe municipale en 2008. C'est ce que j'ai fait" dit la maire de Sainte-Suzanne. Elle note ainsi qu'elle a, notamment, ramené "le déficit de la commune de 1,12 million d'euros en 2009 à 400 000 euros en 2011". Elle pense donc ne pas avoir démérité. Elle précise aussi que dans son esprit, il a toujours été évident qu'elle accepterait sans problème "de remettre la balle au centre et de provoquer de nouvelles élections" pour le cas où Maurice Gironcel manifesterait le désir de redevenir maire et donc de se représenter devant les électeurs.
Soutenue, notamment par Aline Murin, conseillère régionale PCR, Harry Maillot, Angélina Imira, et Henri Antoinette, conseillers municipaux PCR et Jocelyn Nicolas employé communal et militant communiste , Yolande Pausé note : "J'aurais démissionné sans hésiter si on me l'avait demandé. On ne l'a pas fait. On a préféré agir dans mon dos, dans le dos de notre équipe" regrette Yolande Pausé. "Ce sont ces méthodes, intolérables, irrespectueuses de la population et des élus que nous dénonçons" lâche-t-elle.
"Il y a trois semaines, nous avons eu une réunion avec Maurice Gironcel. Il a été question de retourner devant les électeurs. Je lui ai fait remarquer que cela me semblait inapproprié à six mois de la présidentielle et des législatives" raconte la maire de Sainte-Suzanne. " J'ai dit que notre principale préoccupation devait être de battre Nicolas Sarkozy et que l'on irait ensuite vers des municipales anticipées. Nous nous sommes séparés en prévoyant de nous revoir pour prendre une décision" ajoute-t-elle. "C'est dans la presse que nous avons pris connaissance de la série de démissions" note Harry Maillot.
Yolande Pausé n'a pas d'explications, du moins pas officiellement, aux raisons qui auraient poussé Maurice Gironcel à agir de la sorte, elle remarque simplement : "Ce n'est pas par hasard que j'ai tenu à faire cette conférence de presse en cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes". Elle dit aussi n'avoir eu aucun contact avec la direction du PCR depuis la vague de démissions au sein de son conseil municipal. "J'ai rencontré Elie Hoarau (secrétaire général du PCR - ndlr) avant les démissions. Je ne l'ai plus vu depuis" dit-elle.
À la question de savoir si cette affaire remet en cause leur engagement au sein du parti communiste réunionnais, Yolande Pausé et Aline Murin répondent, catégoriques : "Non, communistes nous sommes, communistes nous restons" disent-elles en substance. Elles ne veulent pas voir non plus dans cet épisode une quelconque déliquescence des instances du parti ou guerre des petits chefs.
Elles comme les autres conseillers municipaux non démissionnaires disent vouloir continuer à travailler pour la population. En attendant, Yolande Pausé a adressé ce jeudi un courrier au préfet, Michel Lalande. "Au regard des éléments en ma possession, je me permets d'émettre des doutes quant à la clarté et à l'authenticité des lettres de démissions reçues". Car conclut-elle, des pressions auraient été exercées sur certains de ces élus démissionnaires.
Mahdia Benhamla pour
