Saint-Denis : drogue, violences et alcool : journée chargée devant le tribunal correctionnel

  • Publié le 14 octobre 2025 à 10:00
  • Actualisé le 14 octobre 2025 à 10:30
Le tribunal judiciaire de Saint-Denis

Ce lundi 13 octobre 2025, le tribunal correctionnel de Saint-Denis a enchaîné les comparutions immédiates. Sur le banc des prévenus : une mule interceptée avec de la cocaïne, un frère ayant planté son cadet sous l’effet de l’alcool, un couple mêlé à un trafic par colis postaux, et un homme condamné pour violences sur son ex-compagne. Un concentré de dérives où l’alcool, la précarité et la drogue se sont invités dans le prétoire de Champ-Fleuri (photo RB/www.imazpress.com)

L'après-midi de ce lundi 13 octobre 2025 a été marquée par des dossiers de stupéfiants, qui continuent d’alimenter les audiences de comparution immédiate. Une jeune Martiniquaise de 29 ans a été arrêtée avec 246 grammes de cocaïne le 8 octobre dernier dissimulés dans son corps et sa veste. Sans attache à La Réunion, elle a demandé un délai pour préparer sa défense. Le parquet a insisté sur la nécessité de la maintenir derrière les barreaux jusqu’à son jugement prévu le 1er décembre. Elle dort désormais à Domenjod.

Quelques heures plus tard, ce sont deux Réunionnais bien ancrés dans leur quotidien qui se sont retrouvés poursuivis pour un trafic bien rodé. Adriana E., mère de quatre enfants vivant des minima sociaux, et Mhadji M., moniteur d’auto-école de 40 ans, faisaient entrer du cannabis et de la cocaïne via des colis postaux expédiés depuis Nantes.

- 246 grammes de cocaïne, six savonnettes de 600 grammes et trois ovules de poudre blanche -

Les enquêteurs ont mis la main sur six savonnettes de 600 grammes et trois ovules, pour une valeur marchande proche de 7.000 euros dissimulés dans un colissimo. L’une récupérait les paquets, l’autre venait les chercher, contre quelques centaines d’euros. Le tribunal les a condamnés à des peines relativement modérées au regard des réquisitions : 18 mois avec sursis pour elle, deux ans dont un avec sursis probatoire, l'autre aménageable, et 5.000 euros d’amende pour lui.

À la barre, ce lundi, on a aussi entendu des histoires de couples brisés par la jalousie et la violence. Attoumani C., 30 ans, séparé de sa compagne depuis septembre, avait interdiction de la contacter. Pourtant, le 10 octobre, il s’est présenté deux fois chez elle : le matin pour l’accuser de le tromper et lui asséner plusieurs coups de poing, le soir pour l’empoigner et la gifler.

- Les violences d’un quotidien explosif -

Alcoolisé à 2,22 grammes par litre de sang, il a été retrouvé torse nu par les gendarmes. La victime, qui n’a pas souhaité déposer plainte, portait néanmoins des plaies saignantes. Face au tribunal, l’homme a tout nié, affirmant au contraire avoir été agressé par deux individus qui voulaient lui piquer sa bouteille de rhum.

Le ministère public a pointé ses contradictions et son état d’ébriété, requérant 8 mois ferme. Les juges l’ont suivi, prononçant 8 mois de prison, un maintien en détention et le retrait provisoire de l’autorité parentale sur ses deux enfants.

 - L’alcool comme fil rouge -

L’alcool, encore, a nourri un autre dossier. Jean-François, quinquagénaire dionysien, a blessé son frère d’un coup de couteau à l’épaule dans un climat de beuverie. Un scénario déjà connu de la justice, les mêmes faits s’étant produits par le passé. Le frère, venu à l’audience, n’a pas porté plainte, minimisant les faits et rappelant que le seul problème était « la bouteille ». Toute la famille est venue soutenir le prévenu, inséré et travailleur. Le tribunal a opté pour une peine aménageable : 18 mois de prison dont 9 mois avec sursis probatoire, obligation de soins et interdiction de fréquenter les bars.

- Un miroir social -

À travers ces dossiers se dessine un tableau inquiétant. La drogue circule entre continents, transportée dans les corps ou via des colis. La précarité pousse à accepter d’être la mule de trafiquants. L’alcool reste omniprésent, catalyseur de disputes familiales qui dégénèrent en coups ou en coups de couteau. Les magistrats oscillent entre sévérité et recherche d’aménagements, avec une constante : protéger les victimes et tenter de briser ces spirales destructrices.

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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