Dix ans après la mort d’une patiente de 79 ans au GHER de Saint-Benoît, l’anesthésiste de garde jugé le vendredi 29 août 2025 pour homicide involontaire connaîtra sa condamnation ce mardi 7 octobre. Les experts dénonçaient une "perte de chance de survie" et la famille a décrit une douleur toujours vive. Le parquet a requis deux ans de prison avec sursis et six mois d’interdiction d’exercer (Photo : rb/www.imazpress.com)
Le tribunal correctionnel de Saint-Denis a examiné le vendredi 29 août 2025 la responsabilité d’Emad N., médecin anesthésiste né en 1964, dans le décès d’une patiente de 79 ans, survenu dans la nuit du 29 au 30 mars 2015 au GHER de Saint-Benoît. Deux expertises ont relevé neuf dysfonctionnements dans la prise en charge, dont deux directement imputés au praticien : l’absence de déplacement au chevet de la patiente et une inscription postérieure dans le dossier médical.
Ce mardi, après en avoir délibéré, les juges de Champ-Fleuri vont rendre leur décision.
- Des examens prescrits… pour le lendemain -
Admise aux urgences pour douleurs abdominales, la septuagénaire souffrait d’une infection de la vésicule biliaire. Après une intervention chirurgicale le 6 mars 2015, son état reste fragile. Le 29 mars, alors qu’il prend sa garde, Emad N. est alerté dans la nuit par l’infirmière sur des signes inquiétants : tachycardie, électrocardiogrammes préoccupants. Le médecin ne se déplace pas et prescrit des examens pour le lendemain matin. À 5h, le décès est constaté. L’autopsie conclura à un infarctus du myocarde.
Selon le rapport d’expertise, le praticien aurait dû intervenir en urgence, organiser un transfert au CHU de Saint-Denis, et mettre en place une surveillance rapprochée.
- Témoignages contradictoires -
L’infirmière de nuit affirme avoir communiqué les électrocardiogrammes et décrit une patiente en grande détresse. Elle accuse le médecin d’avoir rédigé a posteriori une mention erronée dans le dossier médical, laissant croire qu’il s’était déplacé.
De son côté, Emad N. soutient qu’il n’avait pas connaissance des examens supplémentaires, qu’il avait ajusté le traitement dans la soirée, et qu’il s’est contenté d’une note "maladroitement horodatée". Il évoque des tensions internes au GHER et un climat délétère entre équipes médicales et paramédicales.
À l’audience, les proches de la défunte ont livré leur douleur. Une fille raconte sa mère "très fatiguée" les jours précédant sa mort. Un petit-fils évoque une "grand-mère chérie" dont la disparition l’a marqué au point de perdre son emploi. Une autre fille confie n’avoir "jamais pu faire son deuil". Pour les parties civiles, le praticien a failli à son devoir d’assistance : "Ça vous coûtait quoi de venir ?" interpelle leur avocate.
Pour le parquet, le dossier révèle "une absence de diagnostic" et un manquement grave aux obligations médicales. La procureure de la République,Véronique Denizot, a requis deux ans d’emprisonnement assortis du sursis et six mois d’interdiction d’exercer.
La défense a plaidé l’erreur d’appréciation dans un contexte hospitalier tendu.
is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com