Claude*, éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse, a comparu ce mardi 23 septembre 2025 devant la chambre de l’instruction de Saint-Denis. Mis en accusation pour viol et agression sexuelle sur quatre jeunes qui lui avaient été confiés, il est détenu provisoirement depuis juillet 2023. Le parquet général a demandé la prolongation de sa détention, dans l’attente de son procès prévu en janvier 2026 devant la cour criminelle de La Réunion. La cour a suivi. Claude reste en détention (Photo sly/www.imazpress.com)
Les magistrats devaient se prononcer sur cette mesure exceptionnelle, les délais de jugement n’ayant pas été respectés en raison de l’encombrement des cours criminelles.
Ce rendez-vous judiciaire a replacé au centre du débat la gravité des accusations pesant sur cet homme de 57 ans, mis en accusation en mars dernier pour viol et agression sexuelle sur quatre jeunes suivis par la protection judiciaire de la jeunesse à Saint-Pierre.
`Pour l’avocate générale, maintenir Claude en détention est indispensable : elle a évoqué le risque de pressions sur les victimes, encore impressionnables face à leur ancien éducateur, et celui d’une réitération des faits.
- Quatre plaintes, des versions contrastées -
L’affaire a éclaté lorsque quatre jeunes hommes ont déposé plainte. Tous étaient suivis dans le cadre de la PJJ et placés sous la responsabilité de l’éducateur. Les témoignages divergent, mais tous décrivent une relation marquée par l’ascendant de Claude.
L’intéressé a reconnu certains contacts sexuels, tout en en contestant d’autres. Les auditions ont permis de préciser les lieux, les circonstances et la nature des faits reprochés.
Pour certains plaignants, la relation s’est nouée dans un climat d’emprise, Claude profitant de son rôle pour franchir les barrières. D’autres, plus fragiles, évoquent des situations où ils se sont sentis contraints. Certaines victimes sont en situation de handicap.
- Un homme qui ne se remet pas en question -
Petit, mal rasé, pas coiffé, vêtu d’un pull marron trop grand pour lui, Claude est apparu « l’air absent » devant les magistrats et n'a pas souhaité s'exprimer. Psychologues et psychiatres mandatés dans le cadre de l’instruction ont dressé un portrait inquiétant.
Ils évoquent une personnalité "curieuse", marquée par des penchants sexuels déviants et une absence de remise en question. Pour eux, une prise en charge s’impose.
Lors des investigations, l’accusé a expliqué voir dans cette procédure une "volonté du ministère de la Justice de s’en prendre à ses fonctionnaires". Une déclaration perçue comme révélatrice d’un déni. "Il a franchi toutes les barrières, profitant de son ascendance pour apprivoiser puis abuser de mineurs", a martelé l’avocate générale, soulignant son manque d’empathie.
- Engorgement des juridictions criminelles -
Depuis son placement en détention provisoire, en juillet 2023, Claude est incarcéré dans l’attente de son procès. Initialement programmé plus tôt, celui-ci a été repoussé à janvier 2026 en raison de l’engorgement des cours d’assises et criminelles, contraintes de traiter un nombre croissant de dossiers.
En cas de condamnation, l’éducateur encourt vingt ans de réclusion criminelle. La décision sur la prolongation de sa détention provisoire est tombée ce mercredi 24 septembre 2025 et Claude attendra son procès à la Maison d'arrêt de Domenjod.
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*Prénom d'emprunt