Depuis plusieurs années, la cour d’appel de Saint-Denis est régulièrement saisie de dossiers de violences conjugales en récidive, souvent commises malgré des mesures de contrôle judiciaire ou d’aménagement de peine. Le cas de Frédéric F., rejugé ce jeudi 25 septembre 2025, illustre ces situations où l’interdiction de contact avec la victime est au cœur du contentieux (photo rb/www.imazpress.com)
Déjà condamné en première instance en juillet 2025, Frédéric F., 44 ans, comparaissait ce jeudi 25 septembre 2025 devant la cour d’appel de Saint-Denis. Le chauffeur-livreur, au casier lourdement chargé, avait écopé de neuf mois de prison ferme, dont six pour des violences conjugales commises à L’Étang-Salé et trois pour délit d’évasion. Une sanction porononcée par le tribunal judiciaire de Saint-Pierre le 8 juillet dernier dont il a fait appel, espérant surtout lever l’interdiction de contact avec sa compagne "qu'il aime".
Du 4 au 7 juillet 2025, alors qu’il bénéficiait d’un régime de semi-liberté à la maison d’arrêt de Saint-Pierre, Frédéric F. avait interdiction de voir sa compagne et de se rendre à L’Étang-Salé. Pourtant, c’est chez elle qu’il a passé plusieurs jours. Le 7 juillet, alors qu’elle devait le raccompagner en détention, une violente dispute éclate devant son domicile.
La plaignante raconte qu’il aurait tenté de l’étrangler, lui aurait déchiré son pantalon et écrasé une cigarette sur elle, mécontent de ne pas être déposé chez sa mère. « Il n’était pas dans son état normal », avait-elle confié aux enquêteurs.
- Une victime présente… et recadrée à l’audience -
Présente à l’audience d’appel, la compagne confirme l’attachement qu’elle entretient avec le prévenu, allant jusqu’à déclarer qu’elle ne supporte pas l’interdiction de contact. Le président de la cour a dû la recadrer fermement.
Dans sa déposition initiale, elle avait appelé les gendarmes après les violences, mais quelques jours plus tard, elle revenait sur ses propos, expliquant que la dispute provenait d’une tentative de récupération de carte d’identité dans sa poche de pantalon. Une version mise en doute par le parquet général.
Frédéric F. compte 19 mentions à son casier, essentiellement pour violences, menaces contre des dépositaires de l’autorité publique, ainsi que des délits routiers commis en état d’alcoolisation. Avant son incarcération, il exerçait comme chauffeur-livreur et vivait de minima sociaux. Incarcéré depuis février, il avait obtenu un régime de semi-liberté "grâce à un bon comportement", reconnaît la parquetière.
- Ils se volatilisent pendant trois jours -
Pour le parquet général, la peine initiale de six mois était « clémente ». En raison de la récidive et de la gravité des faits, un an de prison ferme est requis, assorti d’une interdiction de contact avec la victime pendant deux ans. La représentante de la société fait valoir qu'après l'appel de la compagne au gendarmes pour signaler les violences qu'elle prétend avoir subies, le couple s'était volatilisé trois jours avant que le prévenu ne se rende de lui même aux forces de l'ordre.
L’avocate de ce dernier tente de minimiser les faits. Elle explique qu’à la veille de la rencontre, la victime avait subi une fausse couche et qu’elle se serait défoulée verbalement sur son compagnon, raison du différend. Elle souligne l’absence de témoins, de certificat médical et « d’éléments constitutifs » et demande la relaxe.
La cour a mis sa décision en délibéré au 27 novembre 2025.
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