Le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, a estimé dimanche, deux ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, qu'il y avait aujourd'hui "un niveau de sensibilité et d'alerte" aux atteintes à la laïcité qui "n'existait pas" alors, mais il reste encore "du travail à faire". (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)
"Il y a un niveau de sensibilité et d'alerte sur ces questions qui n'existaient pas il y a deux ans", a déclaré le ministre au Grand Jury de RTL/Le Figaro/LCI, deux ans après la décapitation du professeur Samuel Paty par un homme radicalisé, pour avoir montré en classe des caricatures de Mahomet.
Mais "prendre le dessus sur les forces hostiles à la République" est "un travail de longue haleine", a-t-il ajouté.
Accusé régulièrement par une partie de la droite et par l'extrême droite de sous-estimer les atteintes à la laïcité, Pap Ndiaye a rétorqué qu'il n'avait "pas la main qui tremble". "J'ai pris des dispositions dès mon entrée en fonction [en mai dernier], en particulier avec le renforcement des équipes Valeurs de la République là où cela était nécessaire".
Ce sont maintenant "des centaines de personnes qui assistent les chefs d'établissement et les équipes éducatives lorsque des questions se posent, ou des signalements", a-t-il dit.
Il a aussi rappelé que 300.000 enseignants devaient être formés d'ici à la fin du quinquennat pour être mieux armés face aux questionnements ou aux provocations sur la laïcité.
"Il nous reste du travail à faire, par exemple du côté des réseaux sociaux", a ajouté M. Ndiaye, qui veut "un discours républicain plus offensif" sur les réseaux, à l'aide notamment d'influenceurs.
Interrogé sur la hausse des signalements pour port de tenues et d'accessoires religieux à l'école, rapportée par les enquêtes désormais mensuelles, le ministre a déclaré que la loi de 2004 devait "être appliquée de manière stricte et ferme". Cette loi interdit au sein des enceintes scolaires les vêtements ou les signes religieux ostensibles.
Mais "nous n'allons pas publier des catalogues interminables pour préciser les longueurs de robe, de manches, de couleurs...", des précisions qui seraient en outre "déjouées instantanément par ceux qui veulent nuire à la République", a déclaré M. Ndiaye.
Les équipes dans les établissements ont le soutien des groupes Valeurs de la République, qui, dans chaque académie, sont là "pour apprécier, soutenir, aider et répondre aux questions". En outre, les échanges avec les élèves et les familles "permettent de résoudre un certain nombre de cas".
Quant à l'instauration de l'uniforme, qui n'a jamais existé en France dans les écoles publiques, les études "concluent assez invariablement à son inefficacité" car "il peut être déjoué par des accessoires ou des comportements", selon le ministre.
AFP