Série d'attentats dans la capitale

Au balcon du Bataclan, David, "impuissant" et en "rage"

  • PubliĂ© le 14 novembre 2015 Ă  23:55
Image extraite d'une vidĂ©o tournĂ©e sur un smartphone par un journaliste du Monde montrant des otages du Bataclan suspendus Ă  une fenĂȘtre de la salle de concert ou fuyant dans la rue pendant l'attaque, le 13 novembre 2015 Ă  Paris

Suspendu aux fenĂȘtres du Bataclan puis pris en otage au balcon de la salle de spectacle, David, 23 ans, raconte, "sonnĂ©", son "impuissance" et son rĂȘve de pouvoir "tirer plutĂŽt qu'ĂȘtre devant une fenĂȘtre en attendant de crever".

21H45 Ă  Paris (0H45 Ă  La RĂ©union). Peu aprĂšs le dĂ©but du "trĂšs bon concert des Eagles of Death Metal", ce grand amateur de musique entend du balcon "comme un roulement de caisse claire. Je me dis que ça ressemble beaucoup Ă  une kalachnikov.... J'ai jouĂ© Ă  Counter-Strike avant", un jeu en ligne oĂč des terroristes affrontent des policiers. "Les Eagles of Death Metal, c'est des mecs un peu fada. Mais je regarde la fosse, et je commence Ă  voir des gens morts. Je comprends que c'est une attaque quand je sens la poudre. J'ai gueulĂ© Ă  tout le monde de se mettre Ă  terre", dit David.

Il cherche une issue de secours, mais tombe sur "un cul-de-sac": une fenĂȘtre ouverte, "sept mĂštres de haut". Soudain, un coup de feu au balcon: "C'est la panique". David se suspend aux barreaux de la fenĂȘtre. On le voit sur la tragique vidĂ©o rĂ©alisĂ©e par un journaliste du Monde. Un "terroriste" somme David et d'autres spectateurs "de revenir au balcon, de nous asseoir. Pendant ce temps, un autre gars continuait de tirer dans la fosse et de tuer", explique David.

L'homme armĂ© les tient "plus ou moins en joue. Il essayait un peu de nous mettre en confiance. Puis il y a eu une gigantesque dĂ©tonation. LĂ , ça devient une prise d'otage Ă  100%. C'Ă©tait hyper dur, terrible, de se sentir aussi piĂ©gĂ©s. J'avais la rage contre le Bataclan. Si c'Ă©tait un feu, il y avait mĂȘme pas de sortie de secours au balcon ! Et en bas c'Ă©tait un charnier, ils ont tuĂ© tout le monde ! Je me demande si je vais pas porter plainte", rĂ©flĂ©chit-il.

"Un miracle" -

Moment interminable... "Comme dans un film, un nĂ©gociateur demande 20 minutes au terroriste", qui accepte sous la menace de "faire tout pĂ©ter". "Imagine-toi, l'impuissance. J'aurais eu une arme, j'aurais tirĂ©, plutĂŽt qu'ĂȘtre devant une fenĂȘtre en attendant de crever", maudit David.
C'est le moment de l'assaut, "éclair". Tirs croisés, puis "une explosion, une déflagration telle" que David a perdu par endroits "dix centimÚtres" de ses longs cheveux chùtains. Comment résumer ? "C'est passé de trop, trop calme à un tremblement de terre, d'un coup. Les terroristes avaient perdu pied. Ils ont dû se dire +je vais me faire sauter+".

Lui rampe, va vers les policiers. "La seule chose que tu te dis, c'est : +Je vais aller devant et plus jamais regarder derriĂšre moi+."
David retrouve, au fur et à mesure, ses quatre amis, tous sains et sauf. Laure (le prénom a été changé), dans la fosse, "a dû se cacher dans des cadavres, se faire passer pour morte pour rester vivante (...) C'est un miracle."

A minuit et demi, une amie parvient sur Facebook à rassurer la famille affolée de ce jeune homme aux racines chiliennes : "David est safe". "Je suis secoué, sonné (...) J'ai l'impression d'à peine émerger", raconte-t-il samedi, aprÚs avoir retrouvé les siens.

Vendredi soir, au Bataclan, au moins 82 personnes sont mortes.

AFP

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