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Bernard Cazeneuve au Tchad sur le front antijihadiste

  • PubliĂ© le 29 dĂ©cembre 2016 Ă  14:13
Le Premier ministre  Bernard Cazeneuve lors de la séance des questions au gouvernement le 20 décembre 2016 à l'Assemblée nationale à Paris

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve est arrivé jeudi à N'djamena pour une visite aux forces françaises déployées au Sahel et un message de soutien au président tchadien Idriss Déby Itno, précieux allié antijihadiste menacé de déstabilisation.


Le chef du gouvernement, qui effectue son premier déplacement à l'étranger depuis sa nomination le 6 décembre, a opté pour une région au coeur des enjeux sécuritaires de la France et de l'Europe, avec ses multiples foyers jihadistes.
"Cela lui tenait à coeur de rencontrer des soldats français qui luttent contre le terrorisme à des milliers de kilomÚtres de chez eux", ont indiqué les services du Premier ministre, déjà trÚs impliqué dans le contre-terrorisme au titre de ses précédentes fonctions à l'Intérieur.
La force française Barkhane, dont il va visiter le QG à N'djamena, mobilise prÚs de 4.000 hommes dans cinq pays du Sahel (Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso et Mauritanie).
Elle a pris la suite de l'opération Serval, qui a mis en déroute en 2013 les islamistes armés ayant conquis une grande partie du nord du Mali, sans toutefois anéantir la menace.
Les forces maliennes, onusiennes (Minusma) et françaises restent réguliÚrement visées par des attaques meurtriÚres dans le nord. Depuis 2015, ces attaques se sont en outre étendues à d'autres régions du pays.
Quatre soldats français ont Ă©tĂ© tuĂ©s au Mali en 2016. Une humanitaire française, Sophie PĂ©tronin, a Ă©galement Ă©tĂ© enlevĂ©e samedi Ă  Gao (nord) oĂč Barkhane concentre pourtant le gros de ses moyens au Mali (prĂšs d'un millier de soldats stationnĂ©s).
Bernard Cazeneuve, accompagné du ministre de la Défense Jean-Yves Drian, va aussi rencontrer le président Déby, en premiÚre ligne dans la lute contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram dans le bassin du lac Tchad et contre les jihadistes au Mali.
Il entend "exprimer le soutien de la France aux autorités tchadiennes qui connaissent une crise économique et financiÚre assez brutale", précise-t-on à Matignon.
Allié stratégique de l'Occident dans la lutte contre les jihadistes, à la frontiÚre entre Afrique du nord et Afrique noire, le Tchad se débat dans une crise profonde qui secoue le régime autoritaire d'Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990.
- Soutien militaire et financier -
Ce pays pauvre de 12 millions d'habitants pĂątit de la chute des recettes liĂ©es au pĂ©trole, qui plombent son Ă©conomie et ses finances, au moment oĂč il est engagĂ© dans de coĂ»teuses opĂ©rations contre Boko Haram.
L'opposition politique, qui conteste la réélection en avril du président, accusé de "hold-up électoral", surfe sur un contexte social explosif, ponctué de manifestations, grÚves et arrestations de militants.
Le président tchadien, qui assistait à un sommet africain en marge de la COP22 en novembre à Marrakech, a ainsi dû revenir précipitamment à N'djamena alors que son gouvernement était menacé d'une motion de censure.
Militaire formé en France, président en exercice de l'Union africaine, Idriss Déby est en revanche soutenu par Paris et Washington, qui ont besoin de son armée dans la région.
La France a accordé une aide budgétaire de cinq millions d'euros ainsi qu'un soutien humanitaire d'urgence de trois millions d'euros au Tchad en 2016, précise-t-on à Matignon.
Elle soutient aussi l'armée tchadienne, une des plus solides de la région, en lui fournissant renseignement, appui logistique et matériels.
N'djamena participe activement Ă  la lutte contre Boko Haram, notamment Ă  la frontiĂšre entre le Tchad et le Niger.
S'il paraĂźt trĂšs affaibli militairement - le prĂ©sident nigĂ©rian Muhammadu Buhari a affirmĂ© samedi que l'un de ses derniers bastions, celui de la forĂȘt de Sambisa dans le nord-est du Nigeria, avait Ă©tĂ© anĂ©anti - le groupe garde toutefois un important pouvoir de nuisance Ă  coups d'attaques-suicide.
Les soldats tchadiens sont aussi intervenus au cÎté de l'armée française en 2013 au Mali et ont payé un lourd tribut depuis au sein de la Minusma dont ils constituent un des piliers.

Par Stanislaw WASZAK - © 2016 AFP
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