Grande-Bretagne

Boris Johnson accusé de politiser l'attentat meurtrier de Londres

  • PubliĂ© le 1 dĂ©cembre 2019 Ă  17:31
  • ActualisĂ© le 2 dĂ©cembre 2019 Ă  05:44
Le Premier ministre britannique Boris Johnson (D) interviewé à la BBC par le journaliste Andrew Marr, le 1er décembre 2019 (photo de la BBC)

Boris Johnson s'est engagĂ© dimanche Ă  instaurer des peines plancher et Ă  abolir les libĂ©rations anticipĂ©es pour les personnes condamnĂ©es pour terrorisme, lui valant d'ĂȘtre accusĂ© d'utiliser Ă  des fins politiques l'attentat meurtrier de Londres commis par l'une d'elles, en libertĂ© conditionnelle, Ă  dix jours des lĂ©gislatives.

Au surlendemain de l'attaque au couteau qui a fait deux morts vendredi Ă  London Bridge, le Premier ministre britannique a accusĂ© les travaillistes aujourd'hui dans l'opposition d'ĂȘtre Ă  l'origine de la loi ayant permis la libĂ©ration anticipĂ©e automatique de l'assaillant. Usman Khan, 28 ans, est sorti de prison en 2018, six ans aprĂšs sa condamnation pour des infractions terroristes.

"Ce systĂšme doit prendre fin - je rĂ©pĂšte, cela doit cesser", a dĂ©clarĂ© le dirigeant conservateur dans une tribune publiĂ©e par le tabloĂŻd Mail on Sunday, en pleine campagne pour sa réélection aux Ă©lections anticipĂ©es du 12 dĂ©cembre. "Si vous ĂȘtes condamnĂ© pour une infraction terroriste grave, il devrait y avoir une condamnation obligatoire minimum de 14 ans, et certains ne devraient jamais sortir", a-t-il poursuivi. "Pour toutes les infractions terroristes et extrĂ©mistes, la condamnation prononcĂ©e par le juge doit ĂȘtre effectivement purgĂ©e: ces criminels doivent purger chacun des jours de leur peine, sans exception", a-t-il ajoutĂ©.

- "Surveillance appropriée" -

De telles mesures auraient permis d'éviter l'attaque sanglante revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique, a assuré le Premier ministre, en lançant: "Donnez-moi une majorité et je vous protégerai du terrorisme". Usman Khan avait été condamné à une peine d'emprisonnement d'une durée indéterminée en 2012, avec un minium de huit ans, ramenée à 16 ans de prison en appel en 2013, pour son appartenance à un groupe qui avait voulu commettre des attentats à la bombe au Royaume-Uni.

Il a lancĂ© son attaque Ă  une confĂ©rence sur la rĂ©habilitation des prisonniers Ă  laquelle il participait, organisĂ©e par l'universitĂ© de Cambridge dans un bĂątiment situĂ© Ă  deux pas du London Bridge, un pont du centre de Londres oĂč un autre attentat revendiquĂ© par le groupe EI avait fait huit morts en 2017. Il a Ă©tĂ© abattu par la police aprĂšs avoir Ă©tĂ© pourchassĂ© par des quidams louĂ©s en "hĂ©ros".

Sur la BBC, Boris Johnson a indiqué qu'"environ 74" autres condamnés pour terrorisme, qui ont bénéficié d'une libération anticipée comme Usman Khan, faisaient depuis l'attentat l'objet d'une "surveillance appropriée". Mais il s'est immédiatement attiré des critiques de vouloir utiliser le drame en avançant ces propositions qui ne figurent pas dans le programme des conservateurs présenté fin novembre.

- "Réactions à l'emporte-piÚce" -

Certaines proviennent du pÚre d'une des victimes, Jack Merritt, dont le nom a été cité par les médias mais dont la mort n'a pas été confirmée officiellement. Ce membre de 25 ans de l'institut de criminologie de Cambridge était un coordinateur du programme "Learning Together", qui rapproche monde académique et monde carcéral, et qui organisait l'événement vendredi.

"Nous n'avons pas besoin de réactions à l'emporte-piÚce", a tweeté David Merritt, pointant du doigt "la destruction du service de probation qui est censé surveiller les prisonniers aprÚs leur libération et les services de réhabilitation".

Depuis 2010, date de l'arrivée au pouvoir des conservateurs, ces services ont fait l'objet de coupes drastiques et "nous sommes en conséquence moins en sécurité", a-t-il ajouté.

"En plein milieu d'une élection, il ne faudrait pas capitaliser politiquement sur une tragédie, et c'est ce qu'il fait, et il le fait d'une maniÚre qui trompe les gens", a déclaré quant à lui le chef adjoint des libéraux-démocrates, Ed Davey, sur Sky News.

Pour le leader du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, il ne faut "pas nécessairement" emprisonner les condamnés pour terrorisme en jetant la clé: "cela dépend des circonstances", a-t-il dit sur Sky News.

"Aucun gouvernement ne peut empĂȘcher toutes les attaques" mais "le gouvernement peut agir pour rendre de tels actes terroristes moins probables", a-t-il argumentĂ© plus tard lors d'un discours de campagne Ă  York. L'accent doit ĂȘtre mis sur la police et les services sociaux, a-t-il estimĂ©.

Le ministre des Affaires étrangÚres, Dominic Raab, est venu à la rescousse des conservateurs. "Personne ne pourrait penser que prendre les mesures nécessaires pour protéger le public (...) serait de quelque maniÚre que ce soit" une utilisation politique de la situation, a-t-il déclaré sur Sky News.

AFP

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