Union européenne

Coup dur pour la Commission d'Ursula von der Leyen

  • PubliĂ© le 30 septembre 2019 Ă  18:21
  • ActualisĂ© le 30 septembre 2019 Ă  18:53
La future présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le 19 septembre 2019 à Strasbourg

Avant mĂȘme leur oral de confirmation, deux des commissaires de l'Ă©quipe de la future prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne Ursula von der Leyen ont Ă©tĂ© jugĂ©s "inaptes" pour conflit d'intĂ©rĂȘts, un coup dur pour la nouvelle prĂ©sidente de l'exĂ©cutif europĂ©en.

Pour la premiĂšre fois de son histoire, la commission des Affaires juridiques (JURI), chargĂ©e de valider les dĂ©clarations d'intĂ©rĂȘt des candidats, a refusĂ© de donner son aval Ă  deux personnes, la sociale-dĂ©mocrate roumaine Rovana Plumb (Transports) et le Hongrois Laszlo Trocsanyi (PPE, droite, Voisinage et Elargissement).

Il s'agissait d'une étape préliminaire avant une série d'auditions des candidats par les eurodéputés qui se tiennent à partir de ce lundi et jusqu'au 8 octobre.
Les deux commissaires sont "inaptes" Ă  exercer leurs fonctions, a affirmĂ© sur Twitter l'eurodĂ©putĂ© allemand Tiemo Wölken. Il revient dĂ©sormais Ă  Ursula von der Leyen de tirer les consĂ©quences de ce rejet pour des soupçons de conflit d'intĂ©rĂȘts. Leur audition n'aura pas lieu.
"Ça a Ă©tĂ© chaotique, mais les dĂ©putĂ©s ont, Ă  une assez large majoritĂ©, fait valoir leur devoir de veiller Ă  l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral", s'est fĂ©licitĂ©e Marie Toussaint, dĂ©putĂ©e Ă©cologiste française, membre de la commission JURI.

La dĂ©cision de cette commission est "une collection de mensonges, de raccourcis erronĂ©s et d'amalgames tendancieux", a immĂ©diatement rĂ©agi M. Trocsanyi dans un communiquĂ©. Mme Plumb est dans le viseur du Parlement pour deux prĂȘts litigieux. Et M. Trocsanyi a Ă©tĂ© interrogĂ© sur ses liens avec le cabinet d'avocats qu'il a fondĂ© en 1991, avant de devenir ministre de la Justice de Viktor Orban.

Le feu vert du Parlement européen est obligatoire pour l'entrée en fonction des 26 commissaires. Dans le passé, il n'a pas hésité à recaler, en 2014, une candidate slovÚne. Quant au socialiste français Pierre Moscovici et au conservateur espagnol Miguel Arias Canete, ils n'avaient été approuvés qu'à la faveur d'un arrangement entre les deux principales forces politiques du parlement.

- "Sans reproche" -

Petite Ă©claircie dans le ciel nuageux au-dessus de l'Ă©quipe von der Leyen, l'office antifraude europĂ©en, l'Olaf, a clĂŽturĂ© vendredi soir l'enquĂȘte concernant le Polonais Janusz Wojciechowski. Il a recommandĂ© le remboursement de frais de voyage datant de son mandat de dĂ©putĂ© europĂ©en, Ă  hauteur de 11.250 euros, mais a Ă©cartĂ© des poursuites administratives ou judiciaires. Ce recouvrement a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© effectuĂ©.

L'Olaf mĂšne une deuxiĂšme enquĂȘte sur un commissaire candidat, la Française Sylvie Goulard, elle aussi ancienne eurodĂ©putĂ©e. Le dossier est toujours ouvert, mais elle a d'ores et dĂ©jĂ  remboursĂ© 45.000 euros bruts de remboursements de dĂ©penses indus. Mme Goulard (MarchĂ© intĂ©rieur) a reçu le feu vert de la Commission des Affaires juridiques, mais ne devrait pas Ă©chapper Ă  la curiositĂ© des eurodĂ©putĂ©s en charge de son audition, tout comme une poignĂ©e d'autres collĂšgues dont les cas seront scrutĂ©s attentivement.

Une enquĂȘte sur des accusations de corruption Ă  l'encontre du Belge Didier Reynders (Justice) a Ă©tĂ© classĂ©e sans suite vendredi. L'Espagnol Josep Borrell, en lice pour ĂȘtre le nouveau chef de la diplomatie europĂ©enne, a Ă©copĂ© l'an dernier d'une amende de 30.000 euros pour dĂ©lit d'initiĂ© aprĂšs avoir vendu en 2015 des actions d'une sociĂ©tĂ© dont il Ă©tait membre du conseil d'administration peu avant qu'elle s'annonce au bord du dĂ©pĂŽt de bilan.
"Tous les candidats auront une chance équitable, mais les candidats doivent nous convaincre qu'ils sont qualifiés pour le poste et que leur intégrité est sans reproche", résument les députés issus du groupe PPE à l'approche des auditions.

Les eurodéputés pourraient aussi s'attaquer non pas à la personne, mais à l'intitulé des postes. Celui de vice-président exécutif à la "Protection de notre mode de vie européen", attribué au Grec Margaritis Schinas, qui doit chapeauter les politiques de migration et d'affaires intérieures, a créé la polémique.
"Cet intitulé doit changer", a déclaré vendredi sur Twitter l'élue S et D (gauche progressiste) Sylvie Guillaume, qui regrettait également l'absence des termes "social", "culture" ou "recherche" dans les portefeuilles ou encore un poste obscur dédié à "Démocratie et démographie".

Face aux demandes du Parlement, la marge de manoeuvre de Mme von der Leyen est trÚs étroite puisqu'elle a été confirmée par les députés avec une majorité de seulement 9 voix.

AFP

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