480 gendarmes mobiles vont être déployés

En Nouvelle-Calédonie, l’état d’urgence n’est pas reconduit mais des renforts sont envoyés

  • Publié le 27 mai 2024 à 05:55
  • Actualisé le 27 mai 2024 à 12:49

Le signe d’une (légère) accalmie. L’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie, touchée par plusieurs journées d’émeutes, sera levé lundi à 5h, heure de Nouméa (22h, heure de La Réunion), a annoncé l’Élysée ce dimanche 26 mai 2024. Sept unités de forces mobiles supplémentaires, soit 480 hommes, seront dans le même temps envoyées en renfort

La levée de ces mesures d'exception doit "permettre les réunions des différentes composantes du FLNKS (indépendantistes, NDLR) et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d'appeler à leur levée", a expliqué le communiqué.

L’Élysée "rappelle" également "que la levée des barrages est la condition nécessaire à l’ouverture des négociations concrètes et sérieuses".

"Le président de la République fait confiance aux Calédoniens et à leurs représentants pour retrouver le chemin du dialogue", indique le texte. Et d’ajouter : "La mission de médiation et de facilitation est présente à Nouméa. Elle se tient prête à travailler avec les élus pour établir un accord global".

L’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie courait depuis le 15 mai dernier. Dans le communiqué de l’Élysée, le président Emmanuel Macron "félicite les forces de sécurité intérieure engagées sur place". Il condamne aussi "fermement les barrages et les pillages".

- La situation reste difficile -

Malgré cette décision, la situation reste difficile sur place, les forces de l’ordre peinant toujours à contrôler certains quartiers du Grand Nouméa. C’est pour cette raison que l’Élysée a également annoncé l’envoi "dans les prochaines heures" de "7 unités de forces mobiles supplémentaires, soit 480 gendarmes mobiles". Au total, ce sont quelque 3.500 effectifs qui sont déployés sur l’archipel où deux gendarmes sont morts durant les émeutes.

La nuit de dimanche à lundi dans Nouméa et son agglomération a été relativement calme, même si des traces d’échauffourées étaient visibles dans le quartier de la Vallée-du-Tir, un bastion indépendantiste, a constaté une journaliste de l’AFP. Ailleurs, de nombreux barrages ont été déblayés, d’autres sont toujours en place mais sont désertés.

- "Référendum" -

C'est l'examen puis l'adoption à Paris d'une réforme prévoyant l'élargissement du corps électoral local pour les scrutins provinciaux qui a mis le feu au poudres, déclenchant des émeutes qui ont jusque-là fait sept morts.

Les indépendantistes craignent que ce changement ne "minorise" le peuple autochtone kanak, qui représente plus de 41% de la population locale, et réclament le retrait du texte.

Pour devenir effective, la réforme doit encore être approuvée par les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès.

S'il a promis au cours d'une visite éclair jeudi à Nouméa que cette réforme ne passerait pas "en force", le président Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de convoquer "un référendum" , dans un entretien accordé au quotidien français Le Parisien.

Dimanche à Berlin, il a nuancé ses propos, assurant que l'éventualité d'une soumission du texte au vote des Français relevait d'une simple "lecture de la Constitution" et qu'il ne s'agissait "pas d'une intention".

Le chef de l'Etat veut donner la priorité à un "accord global" entre élus calédoniens loyalistes et indépendantistes sur le "dégel" du corps électoral et l'avenir du territoire. Il a pour cela donné jusqu'à la fin du mois de juin aux deux camps.

- "Geste réflexe" -

L'archipel n'avait plus connu de telles violences depuis 1984-1988, quand des affrontements entre partisans et opposants à l'indépendance avaient fait près de 80 morts et craindre la plongée de la Nouvelle-Calédonie dans la guerre civile.

Vendredi, le bilan des émeutes a grimpé à sept morts, le septième étant un homme de 48 ans tué par un policier. Ce dernier, qui n'était pas en service, a été mis en examen dimanche pour coups mortels aggravés par l'usage d'une arme et placé sous contrôle judiciaire.

Il a reconnu lors de sa garde à vue "avoir tiré un seul coup de feu, dans un geste réflexe pour se défendre", dans un "contexte de forte hostilité" à son endroit et envers un collègue alors qu'ils se dirigeaient vers le Médipôle et que leur véhicule a été caillassé par un "groupe de 40 à 50 personnes", selon le parquet de Nouméa.

La Nouvelle-Calédonie est un ensemble d'îles françaises depuis le XIXe siècle. Son économie repose essentiellement sur le nickel dont elle concentre 20 à 30% des réserves mondiales.

De quoi faire craindre des "ingérences" de la Chine, selon le sénateur français Claude Malhuret, qui a souligné auprès de l'AFP que Pékin avait "besoin de nickel pour produire ses batteries".

Le secteur, qui emploie directement ou indirectement 20 à 25% des salariés calédoniens, est gravement mis à mal par les émeutes.

AFP

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