A New York, l'entreprise FreshDirect promet de livrer en quelques heures les fruits, poissons et bouteilles d'eau commandés sur internet et compte sur son entrepÎt high-tech installé dans le Bronx pour tenir les délais.
C'est la pĂ©riode de pointe Ă l'approche de la fĂȘte de Thanksgiving, quand les familles amĂ©ricaines se retrouvent autour d'une grande table. Tout semble rĂ©glĂ© comme une horloge suisse, le systĂšme informatique y veille.
Au sol, des salariés manient des palettes, scannent des étiquettes, trient des produits. Mais en l'air, les grandes boßtes en plastique aux couleurs orange ou vertes de la marque semblent mener leur propre vie, avançant rapidement dans un dédale de tapis roulants, de spirales emmenant les colis aux étages supérieurs, au milieu d'étagÚres aux innombrables rayons.
DĂšs qu'un internaute commence ses achats sur le site de FreshDirect, il est repĂ©rĂ©. "On sait quelles quantitĂ©s il commande habituellement, quel camion pourrait ĂȘtre utilisĂ©, et en fonction, on lui propose une plage horaire de livraison", explique Timothy Knoll, le directeur des opĂ©rations. Les commandes sont regroupĂ©es par destination et les boĂźtes peuvent alors se mettre en branle.
- 15 kilomĂštres de tapis -
Les tapis roulants courent sur prÚs de 15 kilomÚtres dans l'entrepÎt de 37.000 mÚtres carrés. Mais tout a été conçu pour limiter les trajets, qui durent entre 25 et 30 minutes en moyenne.
Au rayon des petits produits, des robots vont chercher un Ă un les articles dĂ©sirĂ©s dans d'immenses Ă©tagĂšres et les amĂšnent au moment souhaitĂ© Ă six stations oĂč des employĂ©s les scannent, les emballent au besoin, et les dĂ©posent dans une boĂźte prestement renvoyĂ©e sur son parcours d'un coup de gros bouton rouge.
Les bouteilles d'eau, les articles les plus demandés, sont entreposées prÚs du tapis. Aux fruits et légumes, des employés voient arriver sur une tablette les produits à sélectionner, et mettent de cÎté ceux qui sont abßmés. Dans une salle réfrigérée, d'autres salariés découpent les poissons du jour, encore souples dans leurs cartons de glace.
"Environ 90% de nos produits frais viennent directement des producteurs", explique Scott Crawford, directeur de la mise en marché. Cela permet d'éviter les intermédiaires et de gagner du temps.
"Si vous commandez une livre de cabillaud sept jours à l'avance, le poisson nage encore dans l'océan pendant quatre à cinq jours avant d'arriver ici", remarque Timothy Knoll.
Pour prévoir au plus juste l'approvisionnement et éviter le gaspillage, "nous faisons confiance à nos fournisseurs et nous savons gérer au mieux nos stocks", affirme le responsable. Chaque produit dispose d'un code-barres recensant sa nature, son emplacement, et sa date de péremption.
FreshDirect se repose aussi sur les vingt années de données accumulées depuis son lancement en 1999. L'entreprise sait anticiper finement les habitudes des consommateurs tout comme les conditions de circulation, y compris en fonction de la météo.
- Rentable? -
Le groupe n'est plus aussi hĂ©gĂ©monique qu'il a pu l'ĂȘtre Ă New York mais domine encore: il possĂšde 68% du marchĂ© des livraisons de produits frais dans la ville, largement devant Instacart (13%), Peapod (9%) et Amazon Fresh(9%), selon le cabinet d'analyse Earnest Research.
Ses ventes ont connu un coup de mou juste aprÚs le démarrage de l'entrepÎt du Bronx à l'été 2018. Le temps que la machine se rode, des clients se sont plaints de commandes incomplÚtes ou en retard. FreshDirect a depuis repris un peu de terrain.
Le commerce en ligne de produits frais "continue de croĂźtre et notre fonctionnement n'a jamais Ă©tĂ© aussi bon", fait valoir l'entreprise qui offre depuis mars la livraison pour le jour mĂȘme.
"Le pire ennemi d'un Ă©picier en ligne n'est pas Amazon, c'est lui-mĂȘme", remarque Paula Rosenblum, spĂ©cialiste des technologies pour la distribution chez RSR Research. "Il y a clairement un marchĂ© mais la question est de savoir s'il peut ĂȘtre rentable", affirme-t-elle en soulignant que les marges sur les produits alimentaires sont gĂ©nĂ©ralement assez faibles.
FreshDirect ne dévoile pas ses chiffres, indiquant seulement gérer "des milliers" de commandes par jour. L'entreprise a en tout cas déjà vu défiler plusieurs cycles économiques - la taille moyenne des dindes commandées pour Thanksgiving varie en fonction de la croissance -, et diverses modes alimentaires.
"Il y a 15 ans, on voyait sans doute plus de fruits et légumes congelés, maintenant les gens veulent du brocoli et des choux de Bruxelles frais", constate Scott Crawford. "Si vous ne les livrez pas correctement à New York", ville au fort caractÚre, "alors vous ne durerez pas longtemps."
AFP





