Guerre

L'Ukraine frappe un pont entre la Crimée annexée et une zone occupée

  • Publié le 22 juin 2023 à 14:07
  • Actualisé le 22 juin 2023 à 16:11

Un important pont reliant la Crimée annexée à une région du sud de l'Ukraine partiellement occupée par l'armée russe a été endommagé jeudi par une frappe ukrainienne, a affirmé Moscou, en pleine contre-offensive des forces de Kiev.

Par ailleurs, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé jeudi la Russie de préparer une attaque "terroriste" pour provoquer une fuite radioactive à la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par les forces de Moscou et plusieurs fois visée par des tirs. Le Kremlin a dénoncé un "mensonge".

L'attaque contre le pont en Crimée intervient alors que les forces ukrainiennes mènent une offensive pour libérer les territoires occupés du sud et de l'est du pays. Moscou affirme que celle-ci est en train de marquer le pas.

La Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014, sert de base arrière aux forces russes, notamment pour l'envoi de renforts et la maintenance d'équipements. Les quelques ponts reliant la péninsule au sud occupé de l'Ukraine sont essentiels pour mener ces opérations.

"Dans la nuit, une frappe a touché le pont de Tchongar", constitué de deux routes parallèles reliant la Crimée à la région de Kherson dans le sud de l'Ukraine, a annoncé le gouverneur russe de la péninsule annexée, Sergueï Aksionov.

Il a ajouté que la frappe n'avait pas fait de victimes et que les dégâts étaient en train d'être évalués.

Le responsable de l'administration pour la partie occupée de la région de Kherson, Vladimir Saldo, a déclaré que les forces ukrainiennes avaient vraisemblablement utilisé des missiles britanniques de longue portée Storm Shadows, une affirmation invérifiable de source indépendante.

M. Saldo a publié une vidéo montrant les deux branches du pont endommagées par la frappe, l'une d'elles visiblement plus gravement atteinte avec un trou béant dans la chaussée permettant de voir l'eau en dessous.

Les forces ukrainiennes "cherchent à intimider les habitants de Kherson, à semer la panique au sein de la population", a-t-il accusé. Il a assuré que le pont serait réparé en "quelques jours".

- "Impact psychologique" -

Un autre responsable proche de l'occupation russe dans la région voisine de Zaporijjia, Vladimir Rogov, a déclaré qu'une frappe avait également touché un vieux pont désormais inutilisé franchissant une zone marécageuse appelée Syvach, et situé à quelques kilomètres à l'ouest de celui de Tchongar.

La Crimée est régulièrement visée par des attaques ukrainiennes, notamment de drones.

En octobre 2022, une puissante explosion avait gravement endommagé le seul pont reliant directement la Crimée annexée à la Russie.

Un membre de l'administration ukrainienne de Kherson, Iouriï Sobolevskiï, a estimé que les dégâts infligés au pont de Tchongar étaient d'une "grande importance", car "c'est un coup porté à la logistique militaire des occupants".

"L'impact psychologique pour les occupants et les autorités d'occupation est encore plus important. Ils ne peuvent se sentir en sécurité nulle part dans la région de Kherson", a-t-il ajouté.

Pour autant, la Russie, Vladimir Poutine en tête, ne cesse d'affirmer que la contre-offensive ukrainienne est un échec.

Jeudi, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a affirmé que les forces ukrainiennes avaient "réduit leurs activités" pour se "regrouper" après avoir subi de "lourdes pertes".

Mais le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a accusé jeudi l'état-major russe de "mentir" à M. Poutine sur l'état de la situation sur le front. "Il y a des problèmes colossaux", a-t-il affirmé.

L'Ukraine dit de son côté avancer lentement mais surement, alors qu'elle dit avoir repris huit localités depuis début juin. Les analystes estiment que Kiev est en train de tester les défenses russes avant de lancer le gros de ses forces dans la bataille.

Dans ce contexte, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé jeudi les dirigeants des pays de l'Otan, qui se réuniront à Vilnius en juillet, à se concentrer sur le renforcement de l'aide militaire à l'Ukraine, la "priorité absolue".

Par ailleurs, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi doit s'entretenir vendredi à Kaliningrad avec le chef de l'agence atomique russe, Alexeï Likhatchev, pour discuter de la sécurité de la centrale de Zaporijjia où il s'est rendu la semaine dernière.

AFP

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