Interdiction

Abaya à l'école: la France insoumise va saisir le Conseil d'Etat

  • Publié le 29 août 2023 à 11:38
  • Actualisé le 29 août 2023 à 13:49
Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard lors d'une séance de questions au gouvernement, le 30 mai 2023 à l'Assemblée nationale, à Paris

La France insoumise a annoncé mardi son intention d'attaquer devant le Conseil d'Etat la décision "cruelle" du ministre de l'Education nationale d'interdire le port de l'abaya dans les établissements scolaires, soulignant les divisions à gauche sur la laïcité.

Cette interdiction va "se traduire encore une fois par des discriminations à l'égard des jeunes femmes et en particulier des jeunes femmes de confession musulmane et je pense qu'on n'a pas besoin de ça dans notre pays", a déclaré le coordinateur de de LFI Manuel Bompard sur France 2.

La décision de saisir la plus haute juridiction administrative sera soumise au groupe parlementaire de LFI, a-t-il précisé.

"Les autorités religieuses du culte musulman disent que les abayas ne sont pas une tenue religieuse et donc moi, je suis attaché à la défense de la laïcité, (...) je ne vois pas pourquoi il faudrait l'interdire", a-t-il argumenté, en soulignant attendre "autre chose du ministre de l'Éducation nationale que d'aller agiter les peurs et les fantasmes".

- "Boîte de Pandore" -

La décision annoncée dimanche par le ministre de l'Education Gabriel Attal de proscrire en milieu scolaire ces longues robes de tradition moyen-orientale qui se portent au-dessus des vêtements, a été approuvée par la droite et l'extrême droite.

Mais elle est le nouveau symbole des frictions qui traversent la gauche, entre d'un côté les Insoumis qui dénoncent une décision "islamophobe", les écologistes qui condamnent une "stigmatisation", et de l'autre de nombreux élus du Parti socialiste et du Parti communiste, qui approuvent la décision de Gabriel Attal, au nom de la laïcité.

A peine sortis de la polémique autour du rappeur Medine, et alors que les relations ont été tendues dans l'été sur la question d'une liste commune aux Européennes, les partenaires de l'union de gauche expriment une fois encore leurs désaccords.

"Fabien Roussel peut dire ce qu'il veut, moi ce qui m'importe, c'est ce qui est bon pour le pays", a répondu Manuel Bompard à la prise de position du patron du PCF en faveur de l'interdiction de l'abaya, estimant que chercher à règlementer les tenues des femmes revient à ouvrier une "boîte de Pandore".

- Défense de la loi de 2004 -

"Il y a un risque, à travers les mots qu'ils utilisent là, à remettre en question la loi de 2004, et ça, ce serait désastreux", a averti pour sa part sur franceinfo le député socialiste de l'Essonne Jérôme Guedj à propos de la position des Insoumis et des écologistes.

Le texte de 2004, qui proscrit les signes religieux ostensibles à l'école, avait à l'époque permis "d'apaiser, de pacifier les situations", et ce "sans difficulté majeure", a ajouté le parlementaire, très attaché à l'école comme "un espace de neutralité, de construction du libre-arbitre et du jugement pour émanciper les jeunes en formation".

Au PS, qui avait voté à la quasi-unanimité le texte de 2004, ni le chef du parti, Olivier Faure, ni le patron des députés, Boris Vallaud, n'ont pour l'instant commenté la décision de Gabriel Attal, tandis que le leader des insoumis Jean-Luc Mélenchon dénonçait "une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d'un habit féminin".

Sur France Inter, la nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a tenté une position d'équilibre en insistant sur le besoin de "règles claires pour les équipes éducatives". "Dès lors que (l’abaya) c'est considéré comme un signe religieux, évidemment qu'il faut l'interdire, comme les autres, mais le problème de faire sa rentrée politique sur le sujet (comme l'a fait Gabriel Attal, NDLR), c'est que ça instrumentalise le phénomène", a-t-elle argumenté.

"Plus on stigmatise une religion, plus on insiste sur tel ou tel signe religieux, plus on assiste à l'augmentation du phénomène", a-t-elle averti, en mettant en avant son expérience de conseillère principale d'éducation.

AFP

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3 Commentaires
Fabrice
Fabrice
2 ans

4000 faits d'atteinte à la laïcité l'année derniėre... sur des dizaines de milliers d'écoles. Cette interdiction n'est qu'un coup de langue supplémentaire à l'extrême droite et la haine.

Missouk
Missouk
2 ans

"La laïcité est un principe de liberté, liberté de croire ou de ne pas croire. Elle est au fondement de notre société et de notre école qui doit préserver les élèves de tout prosélytisme idéologique, économique et religieux."
C'est pourtant limpide, alors pourquoi nous pondre un nouveau texte qui très clairement vise la communauté musulmane... Demain il va nous pondre un texte sur les crucifix, les croix huguenotes, les gourmettes et les chaînettes avec une vierge ou un Saint quelconque, le port de la kippa, le tilak,... ?????
Un peu de sérieux ! Il y a un moment où faire en permanence le jeu de l'extrême droite devient plus que pénible!

Dom
Dom
2 ans

Les islamo-compatibles LFI, devraient ouvrir les yeux et penser, entre autre, aux femmes iraniennes dont certaines sont mortes pour un voile mal mis, ou aux femmes afghanes emprisonnées dans leur burqua.
L'islam politique a fait de l'entrisme dans l'école, on se souvient de collège de Creil en 1989...
Les Insoumis en sont un fidèle soutien.