La vague épidémique grossit encore en France, avec plus de 500 morts en 24 heures, et les transferts de malades s'accélÚrent jeudi en Ile-de-France afin de soulager des hÎpitaux arrivés à saturation.
Le nombre de patients en réanimation a dépassé mercredi soir les 6.000, soit plus que la capacité de lits de réanimation du pays avant la crise, qui était de 5.000. Selon le dernier bilan officiel, l'épidémie a provoqué un total de 4.032 décÚs en un mois. Ce chiffre ne prend pas encore en compte les bilans notamment dans les maisons de retraite, qui sont en cours de compilation et que les autorités espÚrent pouvoir donner à partir de jeudi, a indiqué JérÎme Salomon, directeur général de la Santé.
AprĂšs le Grand Est, c'est l'Ile-de-France qui est touchĂ©e de plein fouet avec plus de 9.600 personnes hospitalisĂ©es. "Nous sommes au bout de nos capacitĂ©s d'hospitalisation", a averti mercredi AurĂ©lien Rousseau, directeur de l'Agence rĂ©gionale de santĂ© d'Ile-de-France. Il faut donc allĂ©ger la pression en transfĂ©rant des patients vers des rĂ©gions pour l'heure moins frappĂ©es, et 36 malades ont ainsi Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s mercredi Ă bord de deux TGV vers la Bretagne. Cent malades supplĂ©mentaires devaient ĂȘtre transfĂ©rĂ©s depuis des hĂŽpitaux de la rĂ©gion parisienne vers le Centre-Val de Loire, la Normandie et les Pays de la Loire par des rotations d'hĂ©licoptĂšres entre la fin de journĂ©e mercredi et jeudi.
Un nouveau TGV mĂ©dicalisĂ© doit par ailleurs Ă©vacuer vendredi des patients de la rĂ©gion Grand Est, toujours saturĂ©e. L'Autriche va Ă son tour accueillir au moins trois patients français transfĂ©rĂ©s de cette zone. Les transferts de patients constituent "une excellente solution: pour donner de l'oxygĂšne aux hĂŽpitaux parisiens il faut envoyer nos patients dans des zones oĂč la maladie ne devrait pas arriver d'ici deux ou trois semaines", a expliquĂ© Philippe Juvin, chef des urgences Ă l'hĂŽpital Georges Pompidou, Ă©galement prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration LR des Hauts-de-Seine.
- Gestion de "trĂšs court terme -
Depuis la premiÚre opération de ce type le 18 mars, "288 patients lourds ont été transférés vers des régions moins en tension et ce nombre est amené à progresser dans les jours et semaines qui viennent", avait indiqué mardi JérÎme Salomon. AprÚs la Polynésie, Mayotte, la Guadeloupe et la Martinique ont imposé à leur tour mercredi un couvre-feu sur tout leur territoire entre 20h et 5h pour mieux faire respecter les mesures de confinement.
Le Premier ministre Edouard Philippe, qui a évoqué mercredi une sortie progressive du confinement mis en place le 17 mars face à l'épidémie, s'est montré rassurant sur la pénurie de certains produits comme la morphine et les antibiotiques. "Nous avons de quoi tenir durablement" en termes de stocks de médicaments, a-t-il affirmé mercredi soir, tout en faisant état d'une gestion "de trÚs court terme".
Concernant le processus et le calendrier envisagés pour la fin du confinement, pour l'heure imposé jusqu'au 15 avril, M. Philippe a estimé "probable que nous ne nous acheminons pas vers un déconfinement général et absolu, en une fois et pour tout le monde". S'exprimant devant la nouvelle mission d'information de l'Assemblée nationale sur la gestion gouvernementale de la crise, il a évoqué "un déconfinement qui serait régionalisé" et "sujet à une politique de tests, en fonction, qui sait, de classes d'ùge", espérant présenter une ébauche de stratégie "dans les jours qui viennent".
- "Jours plus difficiles" -
Aux cÎtés du ministre de la Santé Olivier Véran, il a fait face à de nombreuses questions sur le manque de masques de protection, de tests ou de moyens pour les hÎpitaux. "Les jours qui viennent seront encore plus difficiles, mais il y a aussi des signes d'espoir: si l'on regarde le nombre d'admissions en réanimation sur la totalité du territoire national, ce chiffre se stabilise", a conclu Edouard Philippe aprÚs 3h20 de grand oral.
Face à la pénurie d'équipements, notamment de protection, la France a commandé "plus d'un milliard et demi de masques en France et à l'étranger", a indiqué M. Véran à l'Assemblée. En outre, un consortium d'industriels s'est créé avec l'objectif de fabriquer 10.000 respirateurs d'ici à la mi-mai.vAlors que les congés scolaires de la Zone C (Ile-de-France et Occitanie) commencent vendredi soir, les élÚves concernés et leurs parents, confinés depuis 16 jours, ne pourront pas partir en vacances, a rappelé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Sur le plan économique et social, 337.000 entreprises ont demandé à avoir recours au dispositif du chÎmage partiel, pour 3,6 millions de salariés, soit un salarié du privé sur cinq. Selon l'entourage de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, cela représenterait une dépense potentielle de 11 milliards d'euros sur une durée de trois mois, bien plus que les 8,5 milliards prévus par le projet de loi de finances rectificative.
PremiÚre grande marque à sombrer, l'enseigne de chaussures André a été placée en redressement judiciaire. Difficultés économiques aussi en vue aussi dans le football français avec la décision de BeIN de suspendre, aprÚs Canal+, ses versements à la Ligue des droits TV, faute de compétitions à retransmettre.
AFP



