Covid-19

Le coronavirus chamboule l'agenda pour le climat et la biodiversité

  • PubliĂ© le 2 avril 2020 Ă  13:46
  • ActualisĂ© le 2 avril 2020 Ă  15:15
Le Premier ministre britannique Boris Johnson avec le naturaliste et présentateur David Attenborough, lors d'un événement de présentation de la COP26, le 4 février 2020, qui devait se dérouler cet automne en Ecosse mais qui se tiendra finalement en 2021

L'annĂ©e 2020 devait ĂȘtre une annĂ©e clĂ© pour le climat et la biodiversitĂ©, mais le coronavirus a chamboulĂ© l'agenda: la COP26 pour le climat de Glasgow est repoussĂ©e Ă  2021 et d'autres rendez-vous majeurs sont sur la sellette.

"Compte tenu de l'impact mondial et continu du Covid-19, la tenue d'une COP26 ambitieuse et inclusive en novembre 2020 n'est plus possible", a annoncé mercredi soir le gouvernement britannique. Cette grande réunion annuelle sur le climat en 2021, toujours dans la ville écossaise, aura lieu à une date communiquée ultérieurement.

Cette 26e conférence de l'ONU est considérée comme la plus importante depuis celle de 2015 (COP21), qui avait débouché sur l'Accord de Paris, aprÚs une session à Madrid fin 2019 sans réelles avancées. Les Etats devaient réviser en 2020 leurs engagements pour le climat. Les engagements actuels pris par les nations conduiraient à un réchauffement du climat global de 3°C, bien loin de l'objectif de l'Accord de Paris de le contenir en-dessous de 2°C.

"L'important, dans l'immĂ©diat, c'est que le monde se mobilise pour lutter contre la pandĂ©mie", a commentĂ© Ă  l'AFP Laurence Tubiana, architecte de l'Accord de Paris. "Mais la crise sanitaire ne doit pas nous faire oublier le changement climatique", poursuit-elle. "La relance Ă©conomique mondiale doit ĂȘtre l?occasion de soutenir l?Ă©mergence d?une Ă©conomie totalement compatible avec les questions de biodiversitĂ©, de climat et de relocalisation des productions alimentaires", abonde Yann Wehrling, ambassadeur français pour l'Environnement.

D'autres rendez-vous majeurs pour la protection de la nature vont connaĂźtre le mĂȘme sort que le rendez-vous climat. Le congrĂšs de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), attendu Ă  Marseille du 11 au 15 juin, devrait finalement se tenir en janvier 2021, selon une source proche du dossier. L'annonce doit encore ĂȘtre officialisĂ©e.

Ces "JO de la biodiversité" sont l'occasion pour des milliers d'acteurs de la conservation de la nature - gouvernements, ONG, experts - d'établir des priorités et de lancer de nouvelles actions de protection des écosystÚmes que l'homme met à mal et qui sont pourtant indispensables à sa survie.

- De nouvelles priorités ? -

Ce congrĂšs Ă©tait aussi l'occasion de mettre Ă  jour la Liste rouge des espĂšces menacĂ©es de l'UICN et pour la premiĂšre fois, de sensibiliser le grand public Ă  la nĂ©cessitĂ© de protĂ©ger la nature, avec des expositions, des stands... Des dizaines de milliers de personnes Ă©taient attendues. Le prĂ©sident français Emmanuel Macron avait Ă©galement prĂ©vu, en marge de ce congrĂšs, un sommet de chefs d'Etat, en amont de la COP15 sur la biodiversitĂ©, elle-mĂȘme prĂ©vue Ă  l'automne

Autre événement majeur de l'année attendu sur la biodiversité, cette 15e réunion de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (COP15) doit servir à établir un plan mondial pour protéger et restaurer les écosystÚmes, indispensables à l'humanité d'ici 2050, aprÚs l'échec des objectifs qui avaient été adoptés en 2010 pour la décennie écoulée.

Initialement prévue en octobre à Kunming, en Chine, elle aura trÚs certainement lieu elle aussi "en 2021, toujours en Chine", au cours du "premier trimestre", a fait savoir Basile van Havre, co-président des négociations, à l'AFP. Voire début avril, selon une autre source proche du dossier.

Cette dĂ©cision doit encore ĂȘtre officialisĂ©e par la Convention sur la diversitĂ© biologique (CBD). "Une fois le calendrier clarifiĂ©, il faut espĂ©rer que la mobilisation (pour l'environnement) pourra reprendre", indique Aleksandar Rankovic, expert Ă  l'Institut du dĂ©veloppement durable et des relations internationales (Iddri).

Repousser la COP15 "donne plus de temps pour développer des points techniques importants", estime-t-il. De plus, dit-il, l'épidémie étant "trÚs étroitement liée aux questions de biodiversité (le coronavirus étant issu du monde animal), on pourrait y trouver un argument supplémentaire pour pousser à plus d'ambition".

Le risque est toutefois qu'avec cette crise sanitaire majeure, le ralentissement brutal des économies et le risque de chÎmage massif, on assiste à un "changement dans l'ordre de priorité", reconnait cet expert.
Autre sommet important, celui de l'ONU sur les océans prévu au Portugal début juin, se tiendra également à une date ultérieure.
AFP

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