Les dĂ©putĂ©s s'apprĂȘtent Ă questionner mercredi le gouvernement sur son action contre le coronavirus, qui continue de dĂ©border les hĂŽpitaux de plusieurs rĂ©gions dont l'Ile-de-France qui organise les premiers transferts de patients vers la Bretagne.
Selon le dernier bilan officiel, l'épidémie a tué 3.523 personnes hospitalisées. Le nombre de patients en réanimation a, lui, plus que doublé en une semaine et atteignait mardi soir 5.565 (+458).
Le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran seront auditionnés mercredi en visioconférence par la toute nouvelle mission d'information de l'Assemblée nationale. Manque de masques de protection, de tests, de moyens pour les hÎpitaux, pénurie de médicaments, mais aussi ajustement des mesures économiques et sociales et encore critiques en imprévoyance de l'exécutif seront au menu, en relais des interrogations des Français.
Cette mission, créée la semaine derniÚre, a vocation à contrÎler chaque semaine les mesures prises par le gouvernement.
A ce stade, les dĂ©putĂ©s ne doivent pas "se tromper", prĂ©vient un ministre: "c'est un exercice d'information, de transparence" qui est "lĂ©gitime", mais ne doit pas verser dans l'"empĂȘchement de la gestion de la crise" pour le gouvernement.
"Nous nous sommes tous beaucoup trompés sur la gravité de la maladie", a reconnu sur CNews Philippe Juvin, chef des urgences à l'hÎpital Georges Pompidou, également président de la fédération LR des Hauts-de-Seine. "Une fois qu'on aura gagné la lutte, on pourra faire le bilan de pourquoi on en est arrivé là , pour faire en sorte que ça n'arrive pas de nouveau", a-t-il estimé.
Trois mois jour pour jour aprÚs la premiÚre alerte de l'Organisation mondiale de la Santé sur des pneumopathies inexpliquées en Chine, la France a enregistré mardi une nouvelle hausse record du nombre de décÚs dus au coronavirus avec 499 en 24 heures - soit un décÚs toutes les trois minutes.
Ce bilan dépasse désormais celui officiellement reconnu par la Chine (3.305) - que de nombreux experts, se basant notamment sur le nombre élevé d'urnes funéraires que les familles ont commencé à récupérer en Chine, jugent largement sous-estimé.
- DĂ©ferlement en Ăle-de-France -
Un tiers des décÚs enregistrés dans les hÎpitaux en 24 heures l'ont été en Ile-de-France, sur laquelle l'épidémie déferle aprÚs avoir frappé l'Est du pays. Pour alléger les services déjà sous pression, alors que le pic n'est pas encore là , un premier TGV médicalisé est parti de Paris peu aprÚs 11H00 avec 24 patients d'hÎpitaux d'Ile-de-France en direction de la Bretagne. Un deuxiÚme doit suivre avec 12 autres malades.
"C'est une excellente solution. Pour donner de l?oxygĂšne aux hĂŽpitaux parisiens il faut envoyer nos patients dans des zones oĂč la maladie ne devrait pas arriver d'ici 2 ou 3 semaines", a estimĂ© Philippe Juvin, jugeant la situation en Ile-de-France "extrĂȘmement tendue".
Le transfert en TGV reste "compliqué", a rappelé mardi le Directeur général de la Santé JérÎme Salomon: les patients sont "surveillés pendant tout le trajet par une équipe de réanimation complÚte. C'est un processus trÚs lourd et totalement fiable".
Depuis la premiÚre opération de ce type le 18 mars, "288 patients lourds ont été transférés vers des régions moins en tension et ce nombre est amené à progresser dans les jours et semaines qui viennent", a-t-il souligné.
Dans le Grand est, oĂč de nombreux transferts ont eu lieu notamment vers le Luxembourg, l'Allemagne et la Suisse, le directeur de l'ARS s'est dit confiant, estimant que la rĂ©gion devrait connaĂźtre une diminution des hospitalisations pendant la deuxiĂšme quinzaine d'avril.
CritiquĂ© pour le manque de protections auquel est confrontĂ© le pays, le prĂ©sident Emmanuel Macron s'est rendu mardi dans l'une des quatre usines françaises de masques, prĂšs d'Angers, d'oĂč il a annoncĂ© que la France allait accĂ©lĂ©rer la production de masques et respirateurs.
- 359.000 PV -
La France a commandé un milliard de masques livrés par un "pont aérien" avec la Chine. Une nouvelle cargaison de 12 millions de masques est attendue mercredi. En outre, un consortium d'industriels s'est créé avec l'objectif de fabriquer d'ici mi-mai 10.000 respirateurs.
Les laboratoires de la police technique et scientifique et de la gendarmerie vont aussi ĂȘtre mis Ă contribution pour les analyses de tests. Alors que les vacances scolaires de la Zone C (Ile-de-France et Occitanie) commencent vendredi soir, les Ă©lĂšves concernĂ©s et leurs parents, confinĂ©s depuis 16 jours, ne pourront pas partir, a rappelĂ© le ministre de l'IntĂ©rieur Christophe Castaner. "Tout abus sera sanctionnĂ©", a-t-il prĂ©venu.
Les forces de l'ordre ont réalisé environ 5,8 millions de contrÎles depuis le début du confinement le 17 mars et dressé 359.000 procÚs verbaux pour non-respect des mesures. Difficile toutefois de se déplacer avec une offre ferroviaire réduite à 6% de sa capacité (45 TGV quotidien contre 700 d'ordinaire). L'aéroport d'Orly, fréquenté par 32 millions de passagers en 2019, a lui fermé ses portes mardi soir pour une durée indéterminée.
AFP




