Un moratoire prévu ce soir

Le PS attaque Mélenchon, la Nupes proche de l'explosion

  • Publié le 17 octobre 2023 à 13:23
  • Actualisé le 17 octobre 2023 à 15:15

Jean-Luc Mélenchon ne peut plus "être celui qui incarne l'ensemble de la gauche et de l'écologie". La Nupes n'a jamais été aussi proche de l'explosion et le Parti socialiste doit décider mardi soir d'un moratoire à sa participation de l'alliance de gauche.

"Il y a aujourd'hui un sujet avec la méthode Mélenchon", a déclaré le premier secrétaire du PS Olivier Faure mardi matin, annonçant qu'il proposerait au conseil national du parti prévu dans la soirée "un moratoire".

Il s'agit, a-t-il expliqué, d'"obtenir une clarification" sans laquelle les socialistes ne participeront plus à l'intergroupe de la Nupes à l'Assemblée nationale, après le refus des cadres de LFI de désigner le Hamas comme une organisation "terroriste".

Jean-Luc Mélenchon "ne peut plus prétendre incarner l'ensemble de la gauche et des écologistes", a-t-il tranché.

Le Parti communiste a déjà fait un pas vers la sortie dimanche, en votant une résolution constatant l'"impasse" de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), dominée par La France insoumise, et appelant à "un nouveau type d'union" de la gauche.

Les écologistes, eux, pourraient être mis devant le fait accompli. "Si le PS quitte la Nupes, il n'y a plus de Nupes", reconnaît un responsable écologiste.

- Conseil national du PS -

Ce n'est pas la première fracture au sein de la Nupes depuis sa naissance, en mai 2022. Elle avait alors suscité l'espoir des électeurs de gauche et permis l'arrivée de 150 députés à l'Assemblée.

Déjà, l'affaire du député insoumis Adrien Quatennens accusé de violences sur sa compagne, la manière d'agir dans l'hémicycle au moment de la réforme des retraites, la guerre en Ukraine ou les émeutes urbaines après la mort du jeune Nahel tué par un policier, avaient attisé les tensions.

Mais cette fois, l'alliance est au bord de la rupture car Jean-Luc Mélenchon et son cercle rapproché se refusent à qualifier le Hamas, auteur d'attaques sanglantes et d'ampleur sans précédent en Israël le 7 octobre, de "terroriste".

Et le conseil national du PS, qui va rassembler environ 300 cadres du parti, s'annonce sous haute tension.

Les opposants au premier secrétaire Olivier Faure, tous hostiles à la coalition avec LFI, entendent bien obtenir le départ de cette alliance.

Au nom de "la clarté", la présidente de la région Occitanie Carole Delga, la maire de Paris Anne Hidalgo et le maire de Rouen et rival interne Nicolas Mayer-Rossignol, ont ainsi annoncé lundi "la suspension immédiate de tout cadre commun d'actions avec La France insoumise" dans l'exercice de leurs fonctions.

Ils appellent le PS, "ses fédérations, ses groupes politiques, ses partenaires de gauche et écologistes à faire de même".

- Défenseur de l'union -

La direction les accuse de vouloir rejouer le Congrès de Marseille, en janvier, qui a acté de justesse la victoire d'Olivier Faure.

"Si sortie de la Nupes il doit y avoir, ce n'est pas la nôtre, mais celle de Jean-Mélenchon", insiste une élue socialiste.

Car Olivier Faure, fervent défenseur de l'union de gauche, n'entend pas apparaître comme son fossoyeur.

Mardi, il a réclamé un "fonctionnement plus démocratique" de l'alliance pour aboutir à "une candidature commune à l'élection présidentielle de 2027" et a appelé à "un dialogue" avec ceux qui sont "prêts" à "construire le rassemblement sur des bases claires" et "en finir avec une stratégie qui nous conduit dans un mur".

Il critique le leader de LFI, qui "ne cherche jamais le centre de gravité du rassemblement de la gauche" mais la radicalisation des positions.

"Quand vous clamez l'unité mais que trop souvent vous êtes ceux qui la mettent en fragilité, ça n'a pas de sens", justifie un responsable socialiste.

Les députés PS ont déjà suspendu leur participation à un contre-budget de la Nupes en marge du projet de loi de finances pour 2024.

Au sein de LFI, le député Alexis Corbière reconnaît qu'il y a "une situation de tensions". "Mais il faut des militants de l'unité quand il y a une situation de tension".

AFP

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