Le Sénat adopte la partie "recettes" du budget de l’État, mais "saborde" les Outre-mer

  • Publié le 5 décembre 2025 à 08:41
  • Actualisé le 5 décembre 2025 à 08:46
Philippe Naillet et Audrey Belim

Le Sénat a adopté ce jeudi 4 décembre 2025 la partie dédiée aux recettes du projet de budget de l’État pour 2026, après l’avoir remaniée par rapport à la copie initiale du gouvernement. Plusieurs propositions faites par les élus des Outre-mer ont été refusées. Parmi ces propositions, figuraient des amendements afin de restaurer la Ligne Budgétaire Unique, en faveur du logement. Essuyant refus sur refus, des sénateurs dont Audrey Bélim, ont quitté la séance "pour laisser le gouvernement et la droite saborder les Outre-mer tranquillement" (Photo : sly/www.imazpress.com)

La chambre haute, dominée par la droite et ses alliés centristes, a voté ce volet par 198 voix contre 105, confirmant la solidité de sa majorité, qui entend désormais trouver des économies supplémentaires dans la partie dépenses. À l’Assemblée nationale, cette partie du budget avait été rejetée à la quasi-unanimité.

"Ce vote va nous permettre de continuer à examiner le budget", a salué le ministre délégué aux Comptes publics, David Amiel. "Parce que, chacun le sait, en l’absence de budget, nous serions tous condamnés au pire, c’est-à-dire à assister, impuissants, à l’explosion des déficits", a-t-il ajouté.

- Les Outre-mer "sabordés" -

Les groupes de gauche - socialistes, écologistes et communistes - ont fait de nombreuses propositions pour améliorer le budget des Outre-mer examiné cette nuit au Sénat.

Parmi ces propositions, figuraient des amendements afin de restaurer la Ligne Budgétaire Unique, en faveur du logement, au niveau de 2025. "Face aux besoins des si nombreux Réunionnais en attente de logement social, c’était une demande légitime. Nous avons fait preuve d’un état d’esprit constructif", indique la sénatrice Audrey Bélim.

"Cependant, tout le reste de nos amendements a été refusé", s'insurge-t-elle.

"Logement, jeunesse, social, continuité territoriale : tout est en baisse. La loi portant l’encadrement des loyers nécessite des observatoires locaux des loyers. J’ai proposé un amendement visant à les créer dans chacun des DROM. Refusé", dit Audrey Bélim.

La sénatrice poursuit : "J’ai proposé un amendement visant à renforcer l’observatoire réunionnais de l’AGORAH pour un montant de 40.000 euros. Sans ces crédits, il ne pourra pas y avoir d’encadrement des loyers. Refusé".

"La loi prévoit également la création de comités référentiels construction. J’ai proposé un amendement visant à ce qu’ils aient un budget pour fonctionner : 280.000 euros pour tous les Outre-mer, ce qui n’est pas un montant déraisonnable. Refusé", poursuit l'élue.

Face à cette situation, Audrey Bélim et plusieurs élus des Outre-mer ont quitté la séance. "Face à l'irrespect, nous avons retiré l’ensemble de nos amendements et avons quitté l’hémicycle pour laisser le gouvernement et la droite saborder les Outre-mer tranquillement."

-  Le Sénat adopte la partie recettes du budget -

Alors que les députés examinent le budget de la Sécurité sociale dans des débats plus sensibles encore, les sénateurs s’attaquent désormais à la partie dédiée aux dépenses du budget de l’Etat, avant un vote final prévu le 15 décembre.

Ils auront fort à faire pour tenir le cap d’un déficit à 4,7% du PIB en 2026 (contre 5,4% en 2025), objectif initial du gouvernement.

En effet, les votes lors de l’examen de la première partie du projet de loi de finances (PLF) ont dégradé le solde financier de 7,7 milliards d’euros, selon le chiffrage présenté jeudi par le gouvernement. Soit un déficit provisoire à 5,1% du PIB.

La droite sénatoriale assume néanmoins ce choix de privilégier les baisses de dépenses aux hausses de fiscalité.

Le budget gouvernemental "est un mauvais budget" car "il a recours à la facilité, celle d’une hausse de la fiscalité plutôt que des économies structurelles", s’est justifié le sénateur Les Républicains Albéric de Montgolfier.

Ainsi, entre autres mesures, le Sénat s’est opposé à la surtaxe demandée aux grandes entreprises, qui devait rapporter 4 milliards d’euros en 2026, et a nettement réduit la portée de la taxe gouvernementale sur les holdings patrimoniales.

Ce vote n’est qu’un point d’étape dans un long marathon budgétaire en cours dans les deux chambres du Parlement, l’adoption d’un budget avant la fin d’année restant toujours très incertaine.

www.imazpress.com avec AFP/[email protected]

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