Il a plongé le pays dans le chaos

Législatives: le pari raté de Macron

  • Publié le 1 juillet 2024 à 06:20
  • Actualisé le 1 juillet 2024 à 06:21
Le président Emmanuel Macron votant au Touquet (Pas-de-Calais) au premier tour des élections législatives le 30 juin 2024

Pari risqué et perdu : le président Emmanuel Macron ressort très affaibli de la dissolution, dès le premier tour des législatives, et doit se préparer à une fin de quinquennat agitée, avec une image et un destin à reconstruire. Et un pays plongé dans le chaos

Le Rassemblement national pouvant espérer une majorité relative, voire absolue, "c’est un pari raté", souligne Adelaïde Zulfikarpasic, directrice générale de l'institut de sondages BVA. "Emmanuel Macron est en difficulté, alors qu’il s’était érigé en barrage face au Front national puis au RN depuis 2017", ajoute-t-elle.

Cette dissolution, "c’est un des gestes les plus inconsidérés de l’histoire de la Ve République, fondé sur les projections les plus absurdes", renchérit Vincent Martigny, politologue à l'université Nice Côte d'Azur et à l'Ecole polytechnique.

Le chef de l'Etat avait misé sur une gauche divisée et une arrivée de son camp en deuxième position derrière le Rassemblement national, qui engrange plus de 34% des voix selon de premières estimations au soir du premier tour.

La gauche, montée au front unie, arrive finalement deuxième (28-29%), et va contraindre le camp présidentiel à de multiples désistements s'il veut faire barrage à l'extrême droite.

"Ca accélère vraiment la chute de Macron. Les conséquences pour lui vont être létales. Il perd tout", estime Vincent Martigny.

Sa majorité relative - 250 sur 577 dans l'Assemblée sortante - va fondre comme neige au soleil (jusqu'à 60 sièges selon les projections les plus pessimistes) et se recomposer autour d'autres que lui, quelle que soit l'issue du second tour le 7 juillet.

- Légitimité -

Son ex-Premier ministre Edouard Philippe s'est déjà posé en recours, l'accusant d'avoir "tué la majorité présidentielle". Le chef de l'Etat perd aussi l'autorité sur son camp, "entre l'exaspération et la haine" depuis sa décision intempestive de dissoudre le 9 juin, souligne Vincent Martigny.  "On est très en colère", lâche un cadre de la majorité, amer.

C'est également la fin de l'hyperprésidence en place depuis 2017, comme un "septennat" qui s'achève, pointe un ancien ministre.

Qu'Emmanuel Macron entre en cohabitation avec le RN ou doive composer avec une majorité élargie ou un gouvernement technique, rien ne sera plus comme avant.

Exit le président à la fois chef du gouvernement, de la majorité et ministre, faisant toutes les annonces et arbitrant toutes les décisions. Le futur Premier ministre aura en outre sa légitimité propre.

"Si les citoyens votent pour une autre légitimité, la sienne, au niveau juridique, il ne l’a plus", estime Mathilde Philip-Gay, professeure de droit public à l'université Lyon 3.

"Il va connaître une période de faiblesse. La question, c’est jusqu’où il va en avoir conscience et savoir la gérer", prédit un soutien de la première heure.

- "Vie impossible" -

Tout cela à un mois des Jeux olympiques, s'alarme-t-il, redoutant manifestations et désordre sous les yeux du monde entier.

Durant sept ans, Emmanuel Macron s'est montré sûr de lui et de son destin, volontiers bravache. "Il croit qu’on peut toujours renverser la table. Et qu’au fond il est fait pour ça", résume un cadre centriste.

Face à l'adversité, il va se poser en gardien des institutions et des valeurs républicaines, a fortiori s'il est en cohabitation frontale avec Jordan Bardella et par ricochet Marine Le Pen.

Et tenter de retrouver une place dans l'histoire autre que celle du président de la deuxième dissolution ratée, après celle de Jacques Chirac en 1997.

"Il peut essayer pendant un an de se refaire son image et redissoudre alors, sous un prétexte ou un autre, afin de retrouver une majorité plus favorable", esquisse Mathilde Philip-Gay, sachant que la dissolution n'est plus possible pendant 12 mois.

Elu en 2017 et 2022 sur la promesse de faire barrage à l'extrême droite, il n'a plus qu'une option si Jordan Bardella arrive à Matignon : faire en sorte que Marine Le Pen ne fasse pas de même en 2027 à l'Elysée.

Pour un ancien ministre qui le connaît bien, pas de doute : "il va rendre la vie impossible (au camp d'en face) et essayer de se mettre en situation de désigner son successeur".

"Si le RN se casse la figure dans les deux ans, il peut peut-être apparaître comme celui qui aura donné à la France un président non extrémiste en 2027", concède le soutien de la première heure. "Sauf que l’extrême droite ne lâche pas le pouvoir quand elle l’a".

AFP

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2 Commentaires
Man974
Man974
1 an

PINCEZ-MOI, JE RÊVE !!!!!!
Comment est-il possible que les électrices et électeurs réunionnais votent, à ce point, pour un parti fasciste, raciste, sexiste, homophobe et climato-sceptique ???!!!...
Le RN prône l'abrogation du droit du sol :
C'est renier les luttes de nos ancêtres malgaches, africains, indiens, chinois,... qui se sont battus pour la reconnaissance de leurs droits, en tant que créoles avant tout, mais français.
Le RN prône la défiance envers nos compatriotes bi-nationaux :
N'est-ce pas le rejet des gens d'autres origines, d'autres couleurs, d'autres cultures ? Alors que La Réunion est le contraire de cela ?
Le RN prône la préférence nationale :
On sait bien ce que cela veut dire : les "étrangers" (français pour la plupart, mais avec une autre couleur de peau) sont différents de nous "blancs de souche" et nous n'en voulons pas. Alors, que les études montrent que 1 français sur 4 a un grand-parent étranger.
C'est cela la conception des réunionnais, ainsi que de l'ensemble des français, de la famille, de l'entraide, de la justice, du droit, et surtout de notre devise républicaine "liberté, égalité, fraternité" ???!!!...
De plus, les réunionnais pensent que nous en finirons avec Macron et ses politiques injustes et de ses mensonges, avec le RN ???!!!... Alors qu'il a passé son temps à voter à l'Assemblée nationale, main dans la main, avec la macronie CONTRE :
le rétablissement de l'Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF)
l'augmentation du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC)
la revalorisation des petites retraites
le gel des prix des loyers
l'augmentation des moyens pour lutter contre la fraude fiscale
l'augmentation de la TVA sur les produits de luxe
la taxe sur les super profits des grandes entreprises
allouer un milliard pour lutter contre les violences faites aux femmes
le blocage des produits de 1ère nécessité
un taux de TVA à 0% pour les produits de 1ère nécessité en Outre-mer
la gratuité des premiers mètres cubes d'eau
la gratuité des cantines scolaires et des fournitures scolaires
la revalorisation des minimas sociaux au niveau du seuil de pauvreté (1 158 €)
une garantie d'autonomie de 1 163 € pour les étudiants
une revalorisation de 10% des Aides Personnalisées au Logement (APL)
l'augmentation des moyens alloués aux hôpitaux
la revalorisation de 10% des salaires des fonctionnaires
l'alignement des conditions d'accès aux droits sociaux entre l'hexagone et les Outre-mer
la taxation des yachts et des jets privés
etc... etc... etc...
Bref, tout ce que le Nouveau Front Populaire veut mettre en place !
REUNIONNAIS, RESSAISISSEZ-VOUS !!!

Ded
Ded
1 an

pas certain qu'il considère qu'il a raté son pari. Son projet perso : laisser Le Pen se faire élire en 2027 , puisqu'il ne peut pas se représenter plus de deux mandats consécutifs , puis en 2032 , hop , il revient en chevalier blanc quand le RN aura montré qu'il est exactement come les autres!
De toute façon , on parie qu'aujourd'hui, il va faire un discours dans lequel il se félicitera d'avoir vu juste