Israël-Gaza

L'ONU lance une enquĂȘte sur les atteintes aux droits humains

  • PubliĂ© le 28 mai 2021 Ă  02:40
  • ActualisĂ© le 28 mai 2021 Ă  07:29
La Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, prononce son discours Ă  distance lors de l’ouverture d'une rĂ©union extraordinaire du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, le 27 mai 2021

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a lancĂ© jeudi une enquĂȘte internationale sur les atteintes aux droits humains commises dans les territoires palestiniens occupĂ©s et en IsraĂ«l depuis avril, mais aussi sur les "causes profondes" des tensions.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a immédiatement dénoncé une "décision honteuse" qui "encourage les terroristes dans le monde entier". En revanche, le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a "salué" la décision du Conseil des droits de l'homme et l'Autorité palestinienne y voit "un pas en avant" dans la protection des droits humains des Palestiniens.

Plus tÎt, la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, avait soutenu devant le Conseil, réuni en session extraordinaire, que les récentes frappes israéliennes sur Gaza peuvent constituer des crimes de guerre "s'il s'avÚre" que les civils ont été touchés "sans distinction". Elle avait indiqué ne pas avoir vu de preuve de la présence de groupes armés ou d'action militaire dans des bùtiments visés par Israël à Gaza, une des justification de l'Etat hébreu pour les détruire.

Mme Bachelet avait également souligné que les tirs de milliers de roquettes du mouvement islamiste palestinien Hamas "ne font pas de distinction entre les objets militaires et civils, et leur utilisation constitue donc une violation manifeste du droit humanitaire international".

La réunion, qui portait sur les atteintes aux droits humains dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, et en Israël, était organisée à la demande du Pakistan, en tant que coordinateur de l'Organisation de la coopération islamique, et des autorités palestiniennes.

Une rĂ©solution adoptĂ©e avec 24 voix pour, 9 contre et 14 absentions, lance une "commission d'enquĂȘte internationale indĂ©pendante et permanente" chargĂ©e d'examiner les atteintes au droit international humanitaire et aux droits de l'homme ayant abouti aux rĂ©centes tensions israĂ©lo-palestiniennes.

L'Autorité palestinienne a qualifié de "minorité ammorale et du mauvais cÎté de l'histoire" les pays opposés à la résolution, Du 10 au 21 mai, 254 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, parmi lesquels 66 enfants et des combattants, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes depuis Gaza ont fait 12 morts dont un enfant, une adolescente et un soldat, d'aprÚs la police.

- Causes profondes -

La portĂ©e de la rĂ©solution dĂ©passe largement le rĂ©cent conflit. Le texte demande que la commission Ă©tudie "toutes les causes profondes des tensions rĂ©currentes, de l'instabilitĂ© et de la prolongation du conflit, y compris la discrimination et la rĂ©pression systĂ©matiques fondĂ©es sur l'appartenance nationale, ethnique, raciale ou religieuse". L'enquĂȘte doit se concentrer sur l'Ă©tablissement des faits et collecter les preuves et Ă©lĂ©ments qui pourraient ĂȘtre utilisĂ©s dans le cadre de poursuites judiciaires et, dans la mesure du possible, identifier les coupables pour qu'ils puissent ĂȘtre jugĂ©s.

Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres palestinien Riyad al-Maliki, qui s'est adressĂ© Ă  l'assemblĂ©e en ligne, a accusĂ© IsraĂ«l d'avoir instaurĂ© "un rĂ©gime d'apartheid basĂ© sur l'oppression du peuple palestinien" et son "dĂ©placement forcĂ©". Il a revendiquĂ© "le droit (des Palestiniens ndlr) de rĂ©sister Ă  l'occupation" et a affirmĂ© que "les colons doivent ĂȘtre mis sur la liste des terroristes". L'ambassadrice d'IsraĂ«l auprĂšs de l'ONU Ă  GenĂšve Meirav Eilon Shahar a accusĂ© le Hamas d'avoir "initiĂ© ce conflit" .

- Une premiĂšre -

C'est la premiĂšre fois que le Conseil met sur pied une commission d'enquĂȘte avec un mandat sans durĂ©e fixĂ©e Ă  l'avance. Le mandat d'autres commissions, comme celle sur la Syrie, doit ĂȘtre renouvelĂ© tous les ans. Certains pays, comme la France, ont dĂ©plorĂ© que le mandat de la commission soit "trop large" et son objectif "trop indĂ©terminĂ©", mais la rĂ©solution a recueilli un large soutien auprĂšs des pays africains et latino-amĂ©ricains.

Le Premier ministre israélien voit dans ce vote la confirmation "de l'obsession anti-Israël flagrante du conseil des droits de l'Homme". Israël est le seul pays avec un point fixe à l'ordre du jour de chaque session du Conseil. Neuf des trente sessions extraordinaires organisées par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU depuis sa création en juin 2006 ont porté sur Israël.

AFP

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