Spectacle

Lucha Vavoom, entre catch mexicain et danse burlesque californienne

  • PubliĂ© le 21 mars 2022 Ă  12:24
  • ActualisĂ© le 21 mars 2022 Ă  20:53
Un match de catch durant un spectacle de Lucha Vavoom au Mayan Theater de Los Angeles, en Californie, le 11 février 2022

Veronica Yune finit Ă  peine de se dĂ©vĂȘtir dans les airs, la tĂȘte en bas, que sur le ring surgissent deux musculeux lutteurs masquĂ©s, Sexi et Mexi, qui s'apprĂȘtent Ă  en dĂ©coudre avec le vilain Dirty Sanchez.

AprÚs plus de deux ans de chÎmage forcé à cause de la pandémie, les artistes-athlÚtes du show "Lucha Vavoom", mélange unique de catch mexicain et de spectacle burlesque comme seule Los Angeles pouvait en produire, sont enfin de retour sur les planches.

Et ils exultent. "J'ai le sang qui pulse dans mes veines!", s'exclame Serafina, juchĂ©e sur des Ă©chasses recouvertes d'une Ă©norme jupe cloche d'oĂč Ă©mergent les prĂ©sentateurs de la soirĂ©e.

"Nous sommes en vie !", crie la danseuse en s'avançant sur la scÚne pour cette soirée de Saint-Valentin placée sous le signe des "Amours impossibles".
Il est vrai que Lucha Vavoom est un spectacle lui-mĂȘme nĂ© d'une histoire d'amour.

Voici plus de vingt ans, l'Américaine Liz Fairbairn a tout plaqué pour suivre au Mexique un catcheur qu'elle avait rencontré sur un tournage. La relation n'a pas duré mais Liz avait attrapé le virus de la lutte et l'a ramené chez elle, en Californie.

Sentant qu'il lui fallait un petit quelque chose en plus pour mettre le spectacle au goût de Los Angeles, elle s'est associée avec une troupe burlesque pour marier la sensualité à l'action.

"Nous avons pensĂ© que si on attirait le public avec le cĂŽtĂ© burlesque, il verrait le catch par la mĂȘme occasion et qu'il aimerait ça. Et c'est ce qui s'est passĂ©", explique la fondatrice de Lucha Vavoom.

Cette touche unique s'est constituée une clientÚle fidÚle et le Mayan Theater, avec ses 1.700 places dans le centre de Los Angeles, affiche complet à chaque représentation.

- "La magie du personnage" -

L'arrivĂ©e de la pandĂ©mie a soudainement mis toute la troupe au tapis, la privant de spectacle. "Je m'entraĂźnais Ă  la maison, pour ĂȘtre prĂȘte au moment de la reprise", explique Veronica Yune, pendant qu'une habilleuse ajuste sur sa tĂȘte une extravagante perruque rose.

"Je rĂȘvais beaucoup des performances de Lucha Vavoom au dĂ©but du confinement", se souvient Serafina, pour qui "c'est un honneur de remonter sur cette scĂšne".

Dans les coulisses avant le début du spectacle, des nuages de laque se mélangent aux paillettes; les lutteurs s'enduisent d'huile aux cÎtés de danseuses en lingerie affriolante qui s'étirent.

L'habillage et la préparation peuvent prendre jusqu'à trois heures pour certains artistes. Durant la fermeture des salles de spectacle provoquée par la pandémie, la plupart ont dû travailler sur d'autres projets, souvent sans public. "C'était super difficile", soupire Taya Valkyrie, ancienne catcheuse de la WWE, plus grande entreprise de catch professionnel au monde.

"Les spectateurs font partie du spectacle, ce sont eux qui me donnent de l'énergie, et je leur en donne en retour, c'est une interaction", explique la sculpturale canadienne, avant de se draper dans une cape noire rappelant celle d'un torero.

En hommage au Mexique, oĂč elle s'est adonnĂ©e pendant cinq ans Ă  la lucha libre, elle passe aisĂ©ment de son anglais natal Ă  l'espagnol mais elle est la seule lutteuse de la troupe Ă  combattre sans masque, un des accessoires emblĂ©matiques de la lucha libre.

"C'est magique", explique El Chupacabra, dont le costume est inspiré par le monstre reptilien du folklore mexicain qui attaque les troupeaux et les poulaillers. "C'est la magie du personnage que j'incarne qui compte pour les gens", assure l'athlÚte, qui va affronter ce soir le duo des "Poulets fous".

Comme leurs collÚgues qui refusent de dévoiler leur ùge ou leur identité réelle, les "Poulets fous" sont à ce point immergés dans leur rÎle que les catcheurs emplumés se contentent de caqueter pour répondre aux questions de l'AFP.

Mais déjà, Dirty Sanchez, l'un des "méchants" favoris du public, s'est emparé du micro pour galvaniser les spectateurs: "Je vais faire mal à certains ce soir", hurle le colosse bedonnant.

"Entre Dirty Sanchez et les Poulets fous, je ne sais pas qui sont mes préférés", s'enthousiasme Clix, un fan qui a fait le voyage depuis l'Arizona voisin pour voir le show. "C'est la septiÚme fois que j'assiste au spectacle. Deux ans sans Lucha Vavoom, c'était l'enfer, mais là je suis de retour au paradis", lance-t-il.

AFP

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