Nobel : des doutes s'installent sur la venue à Oslo de l'opposante vénézuélienne Machado

  • Publié le 10 décembre 2025 à 04:31
  • Actualisé le 10 décembre 2025 à 05:08
Photo d'archive de la dirigeante de l'opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado, lors d'une manifestation à Caracas, le 9 janvier 2025

Les doutes augmentent sur la possibilité pour l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado de recevoir en personne son Nobel de la paix mercredi à Oslo, après l'annulation d'une conférence de presse qui était prévue mardi à l'Institut Nobel norvégien.

Initialement prévue à la mi-journée, cette conférence de presse de l'opposante de 58 ans, qui vit cachée dans son pays, a d'abord été repoussée, puis finalement annulée.

"Maria Corina Machado a elle-même dit à quel point il était difficile de venir en Norvège", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'Institut Nobel, Erik Aasheim, en guise d'explication.

"Nous espérons qu'elle viendra à la cérémonie" de remise du Nobel mercredi, a-t-il ajouté, jetant un doute sur sa participation, jusqu'alors présentée comme hautement probable.

Empêchée de se présenter à la présidentielle de juillet 2024 au Venezuela, Mme Machado s'était réfugiée dans la clandestinité dans son propre pays quelques jours plus tard.

Sa dernière apparition publique remonte au 9 janvier à Caracas lors d'une manifestation contre l'investiture du président de gauche Nicolas Maduro pour son troisième mandat.

Les Etats-Unis et une partie de la communauté internationale ne reconnaissent pas les résultats, entachés de fraude selon l'opposition qui a revendiqué la victoire de son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, aujourd'hui en exil.

Si sa famille a déjà fait le voyage d'Oslo pour assister à la cérémonie qui doit débuter mercredi à 13H00 (12H00 GMT) à l'Hôtel de ville d'Oslo, on ignore actuellement où Mme Machado se trouve.

Le mois dernier, le procureur général du Venezuela a dit à l'AFP qu'elle serait considérée comme "fugitive" si elle quittait son pays.

- "Va-t-en guerre" -

Le prix Nobel de la paix lui a été attribué le 10 octobre pour ses efforts en faveur d'une transition démocratique au Venezuela. Au pouvoir depuis 2013, Nicolas Maduro est accusé de dérive autoritaire par les Etats-Unis et l'Union européenne, qui ont multiplié les sanctions.

La venue de Mme Machado à Oslo soulèverait l'épineuse question de son éventuel retour au Venezuela et de sa capacité à diriger l'opposition vénézuélienne depuis un éventuel exil.

Son ancienne cheffe de campagne, Magalli Meda, a exclu mardi qu'elle choisisse l'exil.

Pour Michael Shifter, professeur associé à l'université de Georgetown, "quel que soit le scénario - que Machado puisse ou non retourner au Venezuela —, il sera très difficile de maintenir l'élan du mouvement qu'elle a inspiré en l'absence de progrès vers un changement politique".

"Certes, il sera ardu pour Machado de diriger l'opposition, en exil. Mais ce ne sera pas facile non plus de le faire en restant dans le pays (quand) la majorité des Vénézuéliens font face à des conditions économiques et humanitaires désespérées et à une répression accrue du régime de Maduro", a-t-il dit à l'AFP.

Parmi les nombreux membres de la famille de la lauréate qui se trouvent déjà à Oslo pour assister à la cérémonie figurent sa mère, ses trois sœurs et ses trois enfants.

Edmundo Gonzalez Urrutia et plusieurs dirigeants d'Amérique latine, dont le président argentin Javier Milei, sont également arrivés ou attendus dans une capitale norvégienne placée sous haute sécurité.

Si elle est saluée pour ses efforts en faveur d'une démocratisation au Venezuela, Mme Machado est aussi critiquée pour la proximité de ses idées avec celles du président américain Donald Trump à qui elle a dédié son Nobel et qui a menacé le Venezuela d'une intervention militaire.

Quelques manifestants se sont réunis à l'extérieur de l'Institut Nobel mardi derrière une banderole "Pas de prix de la paix pour les va-t-en guerre".

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a "remercié" mardi soir à la télévision "le peuple de Norvège" qui a manifesté pour "soutenir le Venezuela" et "dire non à la guerre pour le pétrole, non au sang pour le pétrole".

La remise du prix coïncide avec le déploiement par les Etats-Unis d'une importante flottille militaire dans les Caraïbes et des frappes américaines mortelles sur des bateaux présentés comme se livrant à du trafic de drogue, des opérations que Mme Machado a justifiées.

M. Maduro assure que leur véritable objectif est de le renverser et de s'emparer des réserves pétrolières du Venezuela.

AFP

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