Les frappes continuent

Pas de répit à Gaza après la demande de mandats d'arrêt à la CPI dénoncée par Israël et le Hamas

  • Publié le 21 mai 2024 à 14:46
  • Actualisé le 21 mai 2024 à 15:52

La guerre dévastatrice ne connaît pas de répit mardi à Gaza entre Israël et le Hamas qui ont dénoncé les mandats d'arrêt réclamés à la Cour pénale internationale (CPI) contre des dirigeants israéliens et du mouvement islamiste palestinien pour crimes de guerre et contre l'humanité présumés.

Les violences meurtrières ont gagné également la Cisjordanie où l'armée israélienne a dit mener une nouvelle opération dans la ville de Jénine, bastion de groupes armés palestiniens luttant contre l'occupation israélienne.

Lundi, le procureur de la CPI, Karim Khan, a déclaré avoir demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".

Le président américain, Joe Biden, a fustigé une démarche "scandaleuse" tandis que la diplomatie française a fait savoir qu'elle "soutient la Cour pénale internationale, son indépendance et la lutte contre l'impunité dans toutes les situations".

Les accusations portées contre des dirigeants du Hamas également visés par cette demande de mandats d'arrêt, notamment son chef à Gaza Yahya Sinouar, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".

Le Premier ministre israélien a "rejeté avec dégoût la comparaison du procureur de La Haye entre Israël", pays "démocratique", et "les meurtriers de masse du Hamas", son ministre de la Défense dénonçant une décision "ignoble".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a dénoncé de son côté "les tentatives du procureur (...) d'assimiler la victime au bourreau".

- "Pas de mots" -

Dans la bande de Gaza assiégée par Israël, plus de sept mois d'une guerre meurtrière ont aussi provoqué une catastrophe humanitaire avec la majorité des 2,4 millions d'habitants menacés de famine et trois quarts déplacés, d'après l'ONU.

"Franchement, nous manquons de mots pour décrire ce qui se passe à Gaza. Nous l'avons décrit comme une catastrophe, un cauchemar, un enfer sur terre. C'est tout cela, et pire encore", a résumé lundi Edem Wosornu, directrice des opérations pour le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

La guerre a été déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes alors emmenées comme otages, 124 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.

Israël, qui a juré de détruire le Hamas, qu'il considère comme terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, a lancé en représailles une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza assiégée, entraînant la mort d'au moins 35.562 personnes, pour la plupart des civils, selon des données lundi du ministère de la Santé du gouvernement du territoire palestinien dirigé par le Hamas.

Mardi matin encore, la Défense civile a fait état de trois morts après une frappe aérienne israélienne ayant touché la maison de la famille Al-Kahlout à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, où des témoins ont rapporté des tirs de l'artillerie israélienne dans plusieurs secteurs de Jabalia.

Dans le centre du territoire palestinien, des frappes aériennes ont ciblé le camp d'Al-Bureij, selon des témoins. Et dans le sud, des navires de guerre israéliens ont tiré sur des cibles à Khan Younès, alors que des médecins de l'hôpital Européen ont fait état de plusieurs blessés après une frappe aérienne ayant touché la maison de la famille Abu Tir.

L'armée israélienne a pour sa part indiqué que ses avions avaient frappé environ 70 cibles au cours des dernières 24 heures dans la bande de Gaza, disant avoir "éliminé plusieurs" combattants dans le sud, le centre et à Jabalia dans le nord du territoire palestinien.

- 75% de la population déplacée -

Dans la bande de Gaza, depuis qu'Israël a pris le 7 mai le contrôle côté palestinien du poste-frontière de Rafah avec l'Egypte, l'acheminement de l'aide humanitaire est quasiment à l'arrêt. Ce passage est crucial pour l'aide, notamment le carburant, indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire.

"Les conditions de vie continuent de se détériorer en raison des combats intenses, en particulier à Jabalia et dans l'est de Rafah, ainsi que des bombardements israéliens depuis les airs, la terre et la mer", selon Mme Wosornu.

Elle a souligné que 1,1 million de personnes dans la bande de Gaza font face à des "niveaux de faim catastrophiques". "Depuis octobre 2023, 75% de la population de Gaza – soit 1,7 million de personnes – a été déplacée de force à l'intérieur de Gaza, beaucoup jusqu'à quatre ou cinq fois, notamment en raison des appels répétés à évacuer émis par l'armée israélienne", a-t-elle ajouté.

AFP

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