Au lendemain de la collision dont ont Ă©tĂ© victimes deux motards de la police Ă Colombes, les enquĂȘteurs s'interrogeaient mardi sur l'Ă©ventuel mobile terroriste de l'automobiliste qui a affirmĂ© "vouloir mourir en tuant des policiers" et doit ĂȘtre soumis dans la journĂ©e Ă une expertise psychiatrique dĂ©terminante.
Les conclusions de l'expert sur l'Ă©tat mental du jeune homme de 29 ans, connu pour des antĂ©cĂ©dents psychiatriques remontant Ă 2012, pĂšseront lourd dans la dĂ©cision du parquet national antiterroriste (Pnat) de se saisir ou non de l'enquĂȘte, actuellement aux mains du parquet de Nanterre.
Dans ses premiĂšres dĂ©clarations aprĂšs son interpellation, Youssef T., inconnu des services de renseignement, avait invoquĂ© "la situation" en Palestine tandis que les enquĂȘteurs ont retrouvĂ© dans sa voiture un couteau et une "lettre expliquant son geste", selon les autoritĂ©s. Entendu ensuite par les enquĂȘteurs, il a affirmĂ© qu'il "voulait mourir en tuant des policiers", a appris l'AFP de source proche du dossier.
Lundi, peu avant 17H40, cet habitant de Colombes avait foncĂ©, au volant d'une BMW noire, sur deux motards de la police nationale qui Ă©taient Ă l'arrĂȘt en train de contrĂŽler un vĂ©hicule Ă proximitĂ© du stade Yves-du-Manoir, Ă quelques centaines de mĂštres de son domicile.
Les deux policiers renversĂ©s souffrent de multiples fractures aux jambes. Le premier, plus griĂšvement blessĂ©, notamment Ă la tĂȘte, a Ă©tĂ© placĂ© en coma artificiel et opĂ©rĂ© dans la nuit Ă l'hĂŽpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine), selon une source policiĂšre. Le second, qui souffre d'une fracture des deux pĂ©ronĂ©s, est soignĂ© Ă l'hĂŽpital Percy de Clamart, toujours dans l'ouest parisien
Du cÎté des investigations, menées par la brigade criminelle et la police judiciaire des Hauts-de-Seine, la perquisition réalisée au domicile du suspect n'a pour l'heure révélé "rien de significatif", a indiqué mardi une source judiciaire. Le suspect n'a pas d'antécédents judiciaires récents et n'était "pas fiché S", avait affirmé lundi à l'AFP la procureure de la République de Nanterre Catherine Denis.
L'homme était seulement connu pour des "faits de droit commun anciens", a précisé une source au sein du parquet. Il avait par ailleurs fait l'objet d'un rappel à la loi pour outrage à agent en 2014. Une source policiÚre se montrait prudente mardi matin sur les raisons de son passage à l'acte, entre coup de folie ou radicalisation. "Ce type de dossier est compliqué", a-t-elle confié à l'AFP.
- Deux attaques terroristes en 2020 -
"L'enquĂȘte qui dĂ©bute fera toute la lumiĂšre sur (les) motivations" du suspect, a promis le ministre de l'IntĂ©rieur Christophe Castaner dans un tweet lundi soir.
Cet incident intervient dans un contexte de récentes tensions avec la police dans ce département de l'ouest parisien et alors que la France vit sous la menace constante d'attaques jihadistes depuis 2015, qui ont fait 258 morts au total.
Depuis le dĂ©but de l'annĂ©e, la justice antiterroriste s'est saisie de deux attaques, dans les deux cas perpĂ©trĂ©es par des hommes dont le profil psychiatrique pose question. Le 3 janvier Ă Villejuif (Val-de-Marne), un jeune homme converti Ă l'islam et atteint de troubles psychiatriques avait attaquĂ© au couteau dans un parc des promeneurs, faisant un mort et deux blessĂ©s, avant d'ĂȘtre abattu par les policiers.
Le parquet antiterroriste s'est également saisi de l'attaque au couteau du 4 avril à Roman-sur-IsÚre (DrÎme). Ce jour-là , Abdallah Ahmed-Osman, un réfugié soudanais de 33 ans aux déclarations confuses, avait poignardé plusieurs passants, faisant deux morts et cinq blessés.
Le Pnat ne s'Ă©tait toutefois pas saisi d'une autre attaque au couteau commise le 4 fĂ©vrier Ă la gendarmerie de Dieuze, prĂšs de Metz. Le suspect, un militaire de 19 ans, s'Ă©tait revendiquĂ© du groupe Etat islamique mais l'enquĂȘte avait rapidement Ă©cartĂ© la piste terroriste, les investigations n'ayant rĂ©vĂ©lĂ© "aucun Ă©lĂ©ment de radicalisation" du suspect, qui a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© en milieu hospitalier.
AFP

