Menaces d'attaque visant Macron

Quatre sympathisants de l'ultradroite devant la justice

  • PubliĂ© le 10 novembre 2018 Ă  16:17
  • ActualisĂ© le 10 novembre 2018 Ă  16:29
Emmanuel Macron au Mémorial de Thiepval dans la Somme, le 9 novembre 2018

Ils avaient Ă©voquĂ© un projet d'attaque contre le prĂ©sident Macron, avec en toile de fond, sa tournĂ©e des commĂ©morations du 11-Novembre: quatre sympathisants de l'ultradroite arrĂȘtĂ©s mardi en Moselle vont ĂȘtre prĂ©sentĂ©s samedi Ă  un juge antiterroriste en vue de leur mise en examen.

Emmanuel Macron achĂšve ce week-end Ă  Paris une semaine de pĂ©riple mĂ©moriel sur les hauts lieux de la PremiĂšre Guerre mondiale en France. Sous haute sĂ©curitĂ©, les cĂ©rĂ©monies du Centenaire de la fin du conflit se tiennent en prĂ©sence de quelque 70 chefs d'État et de gouvernement.

Entendus en garde Ă  vue depuis mardi, les quatre sympathisants de l'ultradroite, ĂągĂ©s de 22 Ă  62 ans, vont ĂȘtre prĂ©sentĂ©s Ă  un juge dans le cadre de l'ouverture par le parquet de Paris d'une information judiciaire, pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et infractions Ă  la lĂ©gislation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste.
Le parquet a requis leur placement en détention provisoire.

Ils font partie des six suspects ciblĂ©s mardi par un coup de filet antiterroriste de la direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure (DGSI), le troisiĂšme en dix-huit mois visant la mouvance de l'ultradroite. Dans l'opĂ©ration, les enquĂȘteurs avaient mis la main sur des armes Ă  feu.
Deux des suspects, un homme interpellĂ© en Ille-et-Vilaine et une femme de 61 ans arrĂȘtĂ©e dans un petit village de l'IsĂšre, ont vu leur garde Ă  vue levĂ©e jeudi et vendredi.
Tous sont décrits comme des "sympathisants de l'ultradroite", "à tendance survivaliste", et suivis par les services de renseignement, selon une source proche du dossier.

Dans des Ă©changes tĂ©lĂ©phoniques, des membres de ce groupuscule avaient Ă©voquĂ© des projets, dont celui de s'attaquer au prĂ©sident, selon cette source. Un projet d'"action violente", "imprĂ©cis et mal dĂ©fini Ă  ce stade", indiquait mardi une source proche de l'enquĂȘte.
"Le projet d'attaque ne semble pas abouti", a-t-elle ensuite expliquĂ©, "mais on trouve tout de mĂȘme en toile de fond les commĂ©morations du 11-Novembre".
Les menaces avaient Ă©tĂ© jugĂ©es suffisamment sĂ©rieuses pour dĂ©clencher le 31 octobre l'ouverture d'une enquĂȘte prĂ©liminaire par le parquet qui a conduit Ă  l'opĂ©ration de mardi.

Un déplacement suspect

Les enquĂȘteurs ont dĂ©cidĂ© d'intervenir en apprenant que l'un des suspects, Jean-Pierre B., domiciliĂ© en IsĂšre (sud-est), s'Ă©tait dĂ©placĂ© "dans l'est" de la France, alors qu'Emmanuel Macron s'y trouvait pour les commĂ©morations, selon la source proche du dossier. InterpellĂ© en Moselle, Jean-Pierre B. Ă©tait notamment en possession d'un poignard.
Des mĂ©dias le prĂ©sentent comme le meneur prĂ©sumĂ© du groupe. AgĂ© de 62 ans, cet ancien nĂ©gociant en bois est dĂ©crit comme proche de groupuscules identitaires appelĂ©s les "FFU" (forces françaises unifiĂ©es) et "Les Barjols". Il animait lui-mĂȘme la page Facebook des "Barjols" pour le dĂ©partement de l'IsĂšre, selon Franceinfo et Le Parisien.
Depuis 2017, les services de lutte antiterroriste ont déjà mené au moins deux autres coups de filets antiterroristes visant des groupes de l'ultradroite.

En octobre 2017, ils avaient démantelé un groupuscule, l'"OAS" dirigé par un jeune habitant de Vitrolles (Bouches-du-RhÎne) et ancien militant de l'organisation royaliste Action française, Logan Nisin. Le groupe avait un temps envisagé de s'en prendre au chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon et à l'ancien maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) devenu ministre Christophe Castaner.
Plus récemment, c'est un autre groupe, Action des forces opérationnelles (AFO) qui a été ciblé en juin dernier par une opération de la DGSI. Ce groupe, qui affiche son ambition de lutter "contre le péril islamiste", avait évoqué des projets d'attaques contre des islamistes sortant de prison ou des mosquées radicales.

Pour les services de renseignement, l'ultradroite française est portée par des groupuscules concurrents, soudés par un virulent racisme antimaghrébin, mais qui agissent en ordre dispersé et ont des capacités opérationnelles "limitées", selon une note de la DGSI.

AFP

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