Mouvement massif en vue

Retraites: derniers calages avant les blocages

  • PubliĂ© le 29 novembre 2019 Ă  17:30
  • ActualisĂ© le 29 novembre 2019 Ă  18:52
Manifestation contre la réforme de retraites à Paris le 8 octobre 2019

Le gouvernement poursuit les discussions sur sa réforme trÚs contestée des retraites et se prépare à un mouvement massif voire durable à partir du 5 décembre, jeudi noir qu'il ne veut pas voir transformé en "match mortifÚre" avec les syndicats.

La mobilisation contre la fusion des 42 régimes de retraite existants en un systÚme "universel" par points "s'annonce forte et durable", a prévenu vendredi la CGT, qui a appelé à une grÚve interprofessionnelle avec FO, la FSU et Solidaires.

Le mouvement devrait ĂȘtre particuliĂšrement suivi et pourrait durer plusieurs jours dans les transports publics, notamment en Île-de-France, en raison de l'appel Ă  une grĂšve illimitĂ©e lancĂ© Ă  la RATP et Ă  la SNCF. Les organisations syndicales et de jeunesse (les lycĂ©ennes Fidl, MNL et UNL, l'Ă©tudiante Unef) se projettent dĂ©jĂ  dans l'aprĂšs 5-dĂ©cembre, avec une nouvelle intersyndicale prĂ©vue dĂšs le 6 au matin pour envisager la suite.

Dans l'opposition, Ă  gauche comme Ă  droite, certains rĂȘvent d'une mobilisation puissante: un "grand coup de semonce" pour Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), "un 5 Ă  7" pour durer au moins jusqu'au samedi 7 avec "des +gilets jaunes+ dans la rue", espĂšre Jean-Luc MĂ©lenchon (LFI).

- "Sans brutalité" -

L'exĂ©cutif lui-mĂȘme planche sur une crise sociale s'inscrivant dans la durĂ©e. "Le gouvernement mettra tout en oeuvre pour accompagner au mieux les Français", a assurĂ© le Premier ministre Édouard Philippe. Il a donc convoquĂ© vendredi aprĂšs-midi Ă  Matignon des ministres-clĂ©s pour organiser les services d'urgence en cas de blocage du pays. Seront notamment prĂ©sents AgnĂšs Buzyn (SantĂ©), Christophe Castaner (IntĂ©rieur), Muriel PĂ©nicaud (Travail), GĂ©rald Darmanin (Budget), Élisabeth Borne et Jean-Baptiste Djebbari (Transports).

Mais a priori pas Jean-Paul Delevoye, qui a dĂ©jĂ  du pain sur la planche: le haut-commissaire aux Retraites a confirmĂ© vendredi qu'il recevrait de nouveau, pour une ultime opĂ©ration dĂ©minage, "toutes les organisations syndicales entre maintenant et le 5 dĂ©cembre". "Il faut ĂȘtre attentif Ă  ne pas transformer ce 5 dĂ©cembre en match mortifĂšre. On a besoin des syndicats", a-t-il plaidĂ© dans un entretien Ă  20 Minutes.

L'exĂ©cutif a multipliĂ© les consultations cette semaine, envoyant Ă  la fois des signes d'ouverture aux syndicats et des consignes de fermetĂ© Ă  ses troupes, pour mieux abattre ses cartes avant NoĂ«l. Le chaud et le froid, en mĂȘme temps. D'un cĂŽtĂ©, le feu nourri sur les rĂ©gimes spĂ©ciaux "d'une autre Ă©poque" et leurs "revendications corporatistes". De l'autre, la main tendue aux "partenaires sociaux", avec qui "le dialogue se poursuit".

PressĂ© de sortir de "l'ambiguĂŻtĂ©", que lui reprochent Ă  la fois les syndicats et le patronat, le gouvernement assume son ambivalence. A l'image d'un Édouard Philippe "plus dĂ©terminĂ© que jamais Ă  construire le systĂšme universel de retraite" mais "ouvert Ă  la discussion" pour y parvenir "sans brutalitĂ©".

Quitte à lùcher du lest sur des thÚmes chers aux syndicats, comme les droits familiaux, la pénibilité ou les "garanties" attendues par les enseignants. Voire à décaler l'entrée en vigueur de la réforme au-delà de 2025: les nouvelles rÚgles ne s'appliqueraient donc pas à partir de la génération 1963 mais "à des personnes un peu plus éloignées de la retraite".

De quoi, espĂšre le pouvoir, dĂ©samorcer la contestation et empĂȘcher le front constituĂ© par la CGT, FO et les cadres de la CFE-CGC de s'Ă©largir Ă  la CFDT, dont le soutien Ă  la rĂ©forme ne tient qu'Ă  un fil, alors que sa fĂ©dĂ©ration de cheminots a elle-mĂȘme dĂ©posĂ© un prĂ©avis de grĂšve.

SNCF, RATP, Air France, contrĂŽleurs aĂ©riens, EDF, poids lourds, raffineries, enseignants, Ă©tudiants, policiers, avocats, magistrats, Ă©boueurs... Les appels se sont multipliĂ©s pour le 5 dĂ©cembre. La CGT en avait recensĂ© jeudi "plus de 1.000" dans le secteur privĂ©, oĂč les prĂ©avis ne sont pourtant pas obligatoires.

Plus de 150 manifestations sont prévues dans toute la France jeudi prochain, dont une à Paris dans l'aprÚs-midi entre la gare de l'Est et la place de la Nation si la préfecture de police valide ce parcours.

AFP

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