Suicide d’une directrice d’école : sa veuve annonce reporter sa plainte contre l’Éducation nationale

  • Publié le 20 septembre 2025 à 17:27
Violences dans les établissements scolaires : bientôt une commission d'enquête sur le "contrôle par l'État"

Elle s’était donné la mort le lundi 1er septembre 2025, le jour de la rentrée scolaire. Caroline Grandjean, 42 ans, directrice de l’école de Moussages (Cantal), était harcelée depuis plusieurs années en raison de son homosexualité. Son épouse Christine Paccoud avait préalablement annoncé son intention de porter plainte contre l’Éducation nationale mercredi 17 septembre, rapporte l’Agence France-Presse (AFP).

Ce vendredi, si elle assure vouloir toujours le faire, elle a indiqué à un correspondant de l’AFP, vouloir observer d’abord "une phase de repos". Face au "flot" et à "l’emballage médiatique", elle explique n’avoir pas encore "pris d’avocat".

- "Mon combat désormais, c’est qu’elle soit reconnue comme victime" -

"Elle n’a jamais été reconnue comme victime. Son combat, et mon combat désormais, c’est qu’elle soit reconnue comme victime, que ceux qui l’ont détruite le reconnaissent", estime Christine Paccoud, qui a annoncé qu’elle déposerait plainte pour "manquements". La veuve de Caroline Grandjean doit recevoir en fin de semaine une délégation de l’Éducation nationale.

Désormais, "je veux qu’ils sachent que malgré le fait qu’elle ne soit plus là, ces gens qui ont fait tout ce mal n’enlèveront rien à notre amour", ajoute-t-elle. Elle explique avoir retrouvé "des écrits de Caroline […] qui relatent tous les faits depuis le début, toutes les réactions des uns, des autres, de la mairie, de l’Éducation nationale, son ressenti". "Quand j’ai lu ça, je me suis dit : “Quel acharnement”", dit-elle.

- "Elle n’avait plus de joie de vivre" -

"J’ai perdu ma femme, mais je l’avais déjà perdue depuis le début parce que ce n’était plus la même. Elle n’avait plus de joie de vivre. Elle n’avait que ça en tête, d’essayer de se défendre et de se sortir la tête de l’eau", poursuit Christine Paccoud. "On a essayé, que ce soient les psychologues, les psychiatres, des amis, moi, de la relever, mais on a tous, chacun à notre niveau, de la culpabilité de ne pas y être arrivés. Je ne suis pas sûre que dans le village, il y ait ce sentiment de culpabilité. Je ne suis pas sûre du tout", ajoute-t-elle.

Le suicide de Caroline Grandjean avait suscité de nombreuses réactions dans le monde enseignant. Des tags lesbophobes insultants avaient notamment été découverts sur les murs de son école de Moussages. En arrêt maladie, l’enseignante s’était vue proposer un poste à quelques kilomètres en cette rentrée 2025, mais était incapable de reprendre le travail dans l’immédiat.

Une enquête avait été ouverte à la suite de la découverte des inscriptions homophobes mais avait été classée sans suite en mars 2025 "en l’absence de nouveaux faits", selon le parquet. Le ministère de l’Éducation nationale a, de son côté, diligenté une enquête administrative sur le décès de Caroline Grandjean.

AFP

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