La sécurité de son arme était mal enclenchée

Tir accidentel d'un gendarme lors de l'inauguration de la LGV Tours-Bordeaux

  • Publié le 28 février 2017 à 23:38

L'inauguration mardi des infrastructures de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux par François Hollande a été perturbée par le tir accidentel d'un gendarme, qui a blessé deux personnes en marge de la cérémonie. Le gendarme, placé dans le dispositif de protection du côté du cocktail de réception sous chapiteau, a tiré avec son arme accidentellement, un peu à l'écart du lieu du discours du chef de l'Etat, à Villognon près d'Angoulême (Charente).

Deux personnes ont été légèrement blessés lorsque l'arme du militaire, à la sécurité mal enclenchée, a fait feu. La balle a frôlé le mollet d'une personne et fini sa course dans la jambe d'une autre.

Le préfet de la Charente, Pierre N'Gahane, a précisé sur place à la presse que "les jours des deux blessés n'étaient pas en danger" et que "le procureur de la République avait été saisi et une enquête ouverte". Une enquête administrative a également été ouverte.

Le président de la République a dû interrompre son discours quelques instants, alors qu'il rappelait que cette LGV allait rapprocher les territoires. "Agen, Dax, Bayonne, Mont de Marsan (...), toutes ces villes bénéficieront de gains de temps (...) par rapport à ce qui existe aujourd'hui", a-t-il déclaré.

"Je le dis parce que beaucoup dans ces territoires peuvent parfois exprimer un sentiment d'abandon, d'oubli, en pensant qu'il n'y en a que pour les métropoles, les grandes villes, que les territoires ruraux seraient laissés à eux-mêmes." Et de souligner sur le ton de l'humour: "Ce chantier aura duré 5 ans. Un quinquennat, c'est court, même si c'est trop long pour certains... Je parle de la construction."

Les travaux de la ligne "Sud Europe Atlantique", ou SEA Tours-Bordeaux, également appelée L'Océane, ont démarré en 2012 et se sont achevés l'an dernier pour un coût de 8 milliards d'euros. Elle s'étend sur 340 kilomètres au total (dont 38 de raccordements), à travers 113 communes et 6 départements.

Elle permettra de relier Paris à Bordeaux en 2H04, à 320 km/h, réduisant ainsi de plus d'une heure le parcours entre les deux villes.

Grande originalité de cette dernière née du réseau ferroviaire français: sa construction et surtout son exploitation, ce qui ne s'était jamais vu en France, ont été concédées sur 50 ans à un consortium, Lisea, associant des investisseurs privés et publics.
Outre le géant du BTP Vinci (33,4%), il regroupe la Caisse des Dépôts (25,4%) ainsi que les fonds d'investissement Meridiam (22%) et Ardian (19,2%).

Lisea, qui a construit cette LGV, en est donc également le gestionnaire jusqu'en 2061, c'est-à-dire que les opérateurs ferroviaires, pour y faire circuler leurs trains, lui verseront des redevances (en moyenne 22 euros par kilomètre), et non à SNCF Réseau (ex-RFF), la branche de la SNCF qui exploite les autres lignes. Ce montage avait été décidé il y a dix ans pour ne pas gonfler encore la dette colossale de SNCF Réseau.

- Activité déficitaire pour la SNCF -

Lisea espère transporter 20 millions de voyageurs par an, soit une augmentation de 20% du trafic sur l'axe Paris-Bordeaux.
Mais le coût élevé de la ligne - 7,8 milliards d'euros - a donné lieu à d'intenses bras de fer.

D'une part avec les collectivités locales, qui ont bataillé pour obtenir le plus de dessertes et de fréquences possibles en échange de leur participation, et la SNCF d'autre part, qui a critiqué le prix des redevances et s'est plaint de devoir justement multiplier les trains et les haltes, au détriment de sa propre rentabilité.

"Si vous regardez notre budget 2017, l'exploitation de cette ligne Océane se traduit par une perte de 90 millions d'euros dans les comptes de SNCF Mobilités pour une demi-année", a rappelé lundi le patron de la SNCF Guillaume Pepy.
La SNCF a en outre dû commander à Alstom 15 TGV pour équiper la ligne, en complément d'un contrat passé en 2013, afin de contribuer à sauver son usine de Belfort.

Bordeaux ne sera pas la seule capitale régionale à goûter à la grande vitesse ferroviaire cette année: Rennes sera mise à moins d'heure et demie de Paris avec la LGV Bretagne-Pays de la Loire, dont la mise en service est également prévue début juillet.

AFP

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