Les frappes israéliennes et les combats au sol ont continué samedi dans la bande de Gaza, où la population espère une arrivée plus massive de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, après un appel du Conseil de sécurité de l'ONU.
Les bombardements et les tirs d'artillerie ont visé plusieurs cibles du nord au sud du territoire, notamment le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Gaza, où une frappe israélienne a tué 18 personnes pendant la nuit, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Des nuages de fumée s'élevaient au-dessus de Khan Younès, la grande ville du sud de Gaza, après un bombardement, selon des images de l'AFP. Dans cette ville, à l'hôpital Nasser, des habitants veillaient leurs proches tués pendant que des corps et des blessés arrivaient à l'hôpital Al-Aqsa de Deir el-Balah, dans le centre du territoire.
La veille au soir, le Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté, après cinq jours de négociations laborieuses, un texte réclamant l'acheminement "immédiat" et "à grande échelle" de l'aide humanitaire à Gaza, soumis depuis le 9 octobre par Israël à un siège total qui l'a plongé dans une crise humanitaire désastreuse.
Le 7 octobre, Israël avait déclaré la guerre au Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, en riposte à l'attaque sanglante lancée sur son sol par le mouvement islamiste palestinien.
La résolution adoptée vendredi se garde d'appeler à un "cessez-le-feu", rejeté par Israël et son allié américain. Elle demande de "créer les conditions d'une cessation durable des hostilités".
La portée réelle de cette résolution est encore incertaine: l'aide humanitaire, dont l'entrée à Gaza est contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes depuis l'Egypte et depuis le poste-frontière israélien de Kerem Shalom, mais elle est très loin de répondre aux immenses besoins d'une population largement menacée par la famine, selon l'ONU.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a fustigé vendredi les "obstacles massifs" à la distribution d'aide créés par la manière dont Israël mène son "offensive". Seul un cessez-le-feu peut "commencer à répondre aux besoins désespérés de la population de Gaza", a-t-il ajouté.
- Des belligérants intransigeants -
Dans ce contexte, les efforts des médiateurs égyptien et qatari se poursuivent pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve, après celle d'une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l'acheminement de davantage d'aide.
Mais les belligérants restent intransigeants: le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du mouvement islamiste, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment.
L'attaque du 7 octobre a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, en Israël, selon un décompte de l'AFP basé sur les derniers chiffres officiels israéliens disponibles.
Les commandos du Hamas ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, selon Israël.
Les opérations militaires israéliennes menées en représailles ont fait 20.057 morts à Gaza, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, selon le gouvernement du Hamas.
Outre les bombardements aériens, l'armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire qui lui a permis d'avancer vers le sud et de prendre plusieurs secteurs. Israël a perdu au total 139 soldats à Gaza.
Samedi, l'armée a diffusé des images montrant ses soldats progressant dans les ruines et ouvrant le feu sur des cibles à Issa, dans le sud de la ville de Gaza, où résonnaient des tirs d'armes automatiques.
Pendant ses opérations dans cette zone, l'armée a annoncé que "des terroristes armés qui tentaient d'attaquer les soldats ont été éliminés". "Plusieurs infrastructures terroristes ont été localisés, y compris des immeubles utilisés comme des sites militaires par le Hamas, qui ont été détruits", a ajouté l'armée.
L'armée israélienne "poursuit ses tirs d'artillerie lourde" sur la ville de Gaza et sur Jabaliya, dans le nord, ainsi qu'à Deir el-Balah, a déclaré samedi le ministère de la Santé du Hamas.
Des médias locaux ont publié des vidéos montrant des corps décomposés gisant dans les rues dans le secteur de Tal al-Zaatar, dans le camp de réfugiés de Jabaliya. L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier cette information.
- "Aucun endroit sûr" -
"Mon message au monde est qu'ils nous regardent, qu'ils nous voient, qu'ils constatent que nous sommes en train de mourir. Pourquoi n'y prêtent-ils pas attention?", s'est indignée auprès de l'AFP Walaa Al-Medini, une déplacée palestino-égyptienne qui a évacué le camp de réfugiés de Bureij, à sept kilomètres au nord de Deir el-Balah.
L'armée a sommé vendredi les habitants de Bureij et des environs de "partir immédiatement pour leur propre sécurité" vers un secteur présenté comme sûr à Deir el-Balah.
Mais l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Gaza a affirmé samedi que cet ordre d'évacuation, qui concerne selon elle "plus de 150.000 personnes", déplacerait la population vers des zones où des frappes aériennes sont en cours.
"Aucun endroit n'est sûr, (il n'y a) nulle part où aller", a réagi sur X le directeur de l'Unrwa à Gaza, Thomas White. "Les gens à Gaza sont des êtres humains. Ils ne sont pas des pièces sur un échiquier - beaucoup ont déjà été déplacés plusieurs fois", a-t-il ajouté.
La guerre a réduit en ruines une grande partie de Gaza, où environ 1,9 million de personnes, selon l'ONU, ont fui leurs maisons, soit 85% de la population.
Seuls neuf des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore partiellement, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), et les agences internationales alertent désormais avec insistance sur le risque de famine qui menace la population.
"L'exigence la plus pressante pour la population de Gaza est un cessez-le-feu immédiat", a affirmé sur X le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en rappelant que "la faim, la famine et la propagation de maladies" menacent largement le territoire.
Dans les prochaines semaines, "10.000 enfants de moins de cinq ans souffriront de la forme de malnutrition la plus mortelle", a insisté l'Unicef.
Après des attaques de drones répétées en mer Rouge revendiquées par les rebelles Houthis du Yémen, alliés du Hamas, un drone a frappé samedi un navire commercial dans l'océan Indien, ont indiqué deux agences maritimes, l'une d'elles affirmant que le navire était lié à Israël. Cette attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.
AFP




