Proche d'Angela Merkel, Ursula von der Leyen prend dimanche la présidence de la Commission, forte d'une image d'Européenne convaincue mais déjà éprouvée par une procédure de confirmation difficile, elle va devoir convaincre.
Elle a été le joker du couple franco-allemand quand toutes les autres options ont échoué dans les jours qui ont suivi les élections européennes de mai.
Son accueil au sein des institutions européennes a été plus que frileux. Le Parlement européen ne lui a donné sa confiance qu'à une courte majorité de neuf voix.
Puis trois de ses commissaires candidats ont Ă©tĂ© retoquĂ©s par les eurodĂ©putĂ©s, un record, bousculant la procĂ©dure de confirmation et l'empĂȘchant de prendre ses fonctions dĂ©but novembre, comme prĂ©vu.
Ursula von der Leyen a finalement retrouvĂ© le sourire mercredi, obtenant une large majoritĂ© pour son nouveau collĂšge de commissaires, avant de prendre enfin les rĂȘnes de la Commission dimanche.
Soutenue par le président français Emmanuel Macron, cette francophile est appréciée par Paris, notamment en raison d'une bonne coopération sur les questions de défense franco-allemande.
A la tĂȘte de l'armĂ©e allemande pendant prĂšs de six ans, cette femme Ă©nergique de 61 ans fut un temps considĂ©rĂ©e comme la dauphine toute dĂ©signĂ©e de la chanceliĂšre Angela Merkel, qui l'a nommĂ©e ministre dans chacun de ses quatre gouvernements (2005-2019).
Une série de scandales ont cependant éclaboussé la Bundeswehr et son ministÚre pendant son mandat. Si bien que dans un sondage du quotidien Bild au printemps, les Allemands avaient fini par la considérer comme l'une des deux ministres les moins compétents du gouvernement.
- CarriĂšre spectaculaire -
MalgrĂ© cette image Ă©cornĂ©e, Ursula von der Leyen est arrivĂ©e Ă Bruxelles, la ville qui l'a vue naĂźtre et grandir jusqu'au dĂ©but de l'adolescence, avec un atout important: la confiance de Paris et Berlin, Ă l'heure oĂč M. Macron et Mme Merkel semblaient ne pouvoir s'entendre sur rien.
Outre l'allemand, la responsable politique parle couramment le français et l'anglais. Elle a perfectionnĂ© cette derniĂšre langue en Californie, oĂč son mari a enseignĂ© pendant plusieurs annĂ©es dans la prestigieuse universitĂ© de Stanford.
La carriĂšre politique de "Röschen" (petite rose), son surnom en famille, est spectaculaire, mĂȘme pour la fille d'un baron de la politique rĂ©gionale allemande, Ernst Albrecht.
Ce n'est en effet qu'en 2002, aprÚs les Etats-Unis, qu'elle se lance pour un mandat local dans la région de Hanovre. Trois ans plus tard elle était ministre du Travail.
Femme énergique et tenace --certains la diront cassante--, ce caractÚre a eu du mal à passer dans le monde trÚs masculin de l'armée. Elle s'est aussi mise à dos une partie de la hiérarchie militaire pour avoir dénoncé des "faiblesses" et un "esprit de corps mal placé", aprÚs l'arrestation en 2017 d'un officier soupçonné de préparer un attentat contre des étrangers.
La ministre a aussi été soupçonnée un temps en 2015 de plagiat de son doctorat, un sujet trÚs sensible en Allemagne qui a causé la chute de plusieurs responsables politiques.
- Médecin mÚre, ministre -
Elle a été la premiÚre femme à occuper le poste prestigieux de ministre de la Défense. A ce poste, elle a aussi multiplié les visites aux forces allemandes en Afghanistan ou en Irak.
MĂ©decin de formation, elle est mĂšre de sept enfants. Dans un pays oĂč il reste difficile pour une femme de concilier carriĂšre professionnelle et famille, elle fit rĂ©guliĂšrement la Une des magazines avec sa progĂ©niture, au point d'ĂȘtre accusĂ©e de l'instrumentaliser.
Au sein du parti chrétien-démocrate (CDU), elle s'est opposée à son propre camp sur certains dossiers, réclamant par exemple des quotas de femmes au sein de la direction des grandes entreprises.
Dans un pays frappé de vieillissement avec une natalité en fort déclin, Ursula von der Leyen reste aussi la "mÚre" du salaire parental dont peuvent bénéficier les Allemands pendant les 14 mois suivant une naissance.
 AFP

