Pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité

Israël et le Hamas dénoncent les mandats d'arrêt réclamés à la Cour pénale internationale

  • Publié le 21 mai 2024 à 06:23
  • Actualisé le 21 mai 2024 à 07:17

De violents combats opposent l'armée israélienne et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, au moment où les deux camps ennemis dénoncent les mandats d'arrêt requis par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) contre leurs dirigeants pour crimes de guerre présumés.

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a déclaré lundi avoir demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".

Les accusations portées contre des dirigeants du Hamas également visés par cette demande de mandats d'arrêt, notamment son chef à Gaza Yahya Sinouar, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".

Le Premier ministre israélien a "rejeté avec dégoût la comparaison du procureur de La Haye entre Israël", pays "démocratique", et "les meurtriers de masse du Hamas".

Son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a fustigé une "décision scandaleuse" et "un déshonneur historique" pour la cour de La Haye.

Le mouvement islamiste palestinien a dénoncé de son côté "les tentatives du procureur (...) d'assimiler la victime au bourreau".

Le président américain, Joe Biden, principal allié d'Israël, a jugé "scandaleux" le mandat d'arrêt réclamé contre M. Netanyahu, estimant qu'"il n'y a pas d'équivalence" entre Israël et le Hamas. Il a "rejeté" le terme de "génocide" pour qualifier l'offensive israélienne à Gaza, lors d'un événement juif américain à la Maison Blanche.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a également qualifié ces mandats de "honteux", prévenant que ceux-ci "pourraient compromettre" les négociations sur un cessez-le-feu à Gaza, et ajoutant que la CPI n'a pas "juridiction" sur Israël.

La guerre a été déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes alors emmenées comme otages, 124 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée.

Les corps de quatre otages, retrouvés la semaine dernière à Gaza, l'ont été dans des tunnels de Jabalia, dans le nord du territoire, a précisé lundi soir l'armée, selon laquelle Ron Benjamin, Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerente avaient été tués dès le 7 octobre sur le sol israélien et leurs dépouilles transportées à Gaza.

Israël a juré de détruire le Hamas qui avait pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il qualifie de terroriste, tout comme les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son armée a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza qu'elle a assiégée, entraînant la mort d'au moins 35.562 personnes, pour la plupart des civils dont 106 ces dernières 24 heures, selon des données lundi du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Les opérations militaires ont aussi provoqué une catastrophe humanitaire. La majorité des quelque 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine et plus de la moitié déplacés, d'après l'ONU.

- "Tués dans notre sommeil" -

Des avions et des hélicoptères militaires israéliens ont mené de nouvelles frappes lundi sur la bande de Gaza, où des combats au sol ont également lieu entre soldats et groupes armés palestiniens.

Dans le nord du territoire palestinien, l'armée de l'air a bombardé la ville de Gaza et le camp de réfugiés de Jabalia, où l'armée a fait état des combats "peut-être les plus acharnés" depuis octobre.

La défense civile a rapporté huit morts et des blessés dans une frappe israélienne contre un appartement de la famille Al-Attar dans le quartier de cheikh Radwan à Gaza.

L'armée israélienne a indiqué également avoir mené des "raids ciblés" dans le centre du territoire palestinien.

Dans le sud, une frappe a touché une maison du quartier de Tal al-Sultan, dans l'ouest de la ville de Rafah, faisant trois morts et huit blessés, selon des sources hospitalières. Rafah a été également visée par des tirs de la marine israélienne, ont indiqué des témoins.

"Nous sommes tués chez nous dans notre sommeil, des civils y compris des enfants et des femmes, meurent et personne ne se soucie de nous", déplore Obeid Khafaja, un habitant de Tal al-Sultan.

- "Le devoir" -

L'armée a intensifié ses opérations au sol, principalement dans l'est de Rafah, adossée à la frontière fermée avec l'Egypte, disant vouloir y réduire les derniers bataillons du Hamas. Elle affirme mener des "raids ciblés contre les infrastructures terroristes", selon l'armée.

Malgré l'opposition de nombreuses capitales et organisations humanitaires à une opération majeure terrestre à Rafah, le ministre israélien de la Défense a insisté sur "le devoir d'Israël d'étendre l'opération terrestre à Rafah, de démanteler le Hamas et de faire revenir les otages", en recevant ce week-end le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

Depuis l'ordre d'évacuation israélien de quartiers est de Rafah le 6 mai, à la veille de l'entrée de chars israéliens dans ce secteur, "environ la moitié de la population de Gaza" forte de 2,4 millions d'habitants, a été "forcée de fuir" à nouveau, a affirmé dimanche Philippe Lazzarini, le patron de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.

"La question qui nous hante est où irons-nous? Maintenant, tout le monde se demande comment satisfaire ses besoins alimentaires et comment échapper à la mort", a déclaré un habitant de Rafah, Sarhan Abou al-Saïd.

Depuis le 7 mai, quand Israël a pris le contrôle côté palestinien du poste-frontière de Rafah avec l'Egypte, l'acheminement de l'aide humanitaire est quasiment à l'arrêt. Ce passage est crucial pour les aides dont le carburant, indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire.

- "Plan d'action" -

Alors qu'aucune perspective d'une fin des hostilités n'est en vue, M. Netanyahu est sous pression pour préparer une stratégie concernant l'avenir de Gaza.

Dimanche à Jérusalem, M. Sullivan l'a appelé à accompagner les opérations militaires d'une "stratégie politique" pour l'avenir du territoire palestinien.

Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, a menacé de démissionner si un "plan d'action" pour l'après-guerre n'était pas adopté rapidement. M. Gallant a sommé M. Netanyahu de "préparer immédiatement" une "alternative gouvernementale au Hamas".

AFP

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