Elections (actualisé)

Législatives : un contexte de désunion et une multiplication de candidatures

  • Publié le 11 mai 2022 à 15:08
  • Actualisé le 16 mai 2022 à 17:17

Alors que le 16 mai 2022 s'ouvriront les dépôts de candidatures pour les élections législatives des 12 et 19 juin prochains, un grand flou règne en perspective du scrutin à La Réunion. Un mot pourrait résumer la situation sur l'île alors que les candidatures se multiplient dans les sept circonscriptions : désunion. Que ce soit à droite, à gauche ou au sein de la majorité présidentielle, aucun camp ne semble réussir à faire l'unité tant promise au lendemain de la présidentielle. Du côté du Rassemblement National, la problématique n'est pas la même. Malgré un score historique pour le parti au second tour la présidentielle (près de 60%), le parti de Marine Le Pen peine à afficher des candidats crédibles. (Photo rb/www.ipreunion.com)

- Renaissance à la peine -

Après quelques tergiversations, le camp d’Emmanuel Macron semble donc lancer véritablement sa campagne. LREM est devenue Renaissance, avec la ferme volonté de rassembler l’ensemble des forces gravitant autour de feu La République en marche. Dans la foulée, le nouveau parti présidentiel a donc annoncé ses premières investitures et ses premiers soutiens dans le cadre du scrutin de juin prochain.

A La Réunion, la liste des nominés a été dévoilée ce mardi 10 mai. Etonnamment, seuls deux candidats sont officiellement investis en vue des législatives.

D’abord Bachil Valy, maire de l’Entre-Deux, certainement récompensé pour avoir mouillé la chemise durant la campagne de la présidentielle, se voit investi officiellement par Renaissance dans la 3ème circonscription. Cela, alors que Patrice Thien-Ah-Koon, fils d’André Thien-Ah-Koon, semblait tenir la corde pour mener la campagne des législatives sous la bannière du parti présidentiel.

Difficile pour l’heure de savoir si cette décision a été prise avec l’assentiment de TAK. Mais il est bien connu qu’il n’est jamais vraiment bon de mécontenter le maire du Tampon. Car à lui seul il sait faire basculer une élection dans un camp ou dans un autre. S’il s’avère que Patrice Thien-Ah-Koon officialise sa candidature dans les prochains jours, la bataille s’annoncera extrêmement rude pour Bachil Valy, qui ferait alors les frais d’un choix stratégique peu pertinent.

Autre circonscription et autre possible déchirement au sein de la macronie puisque c’est Laurent Virapoullé qui portera les couleurs de Renaissance dans la 5ème circonscription, celle là même où Patrice Selly, maire de Saint-Benoît et soutien d’Emmanuel Macron, fait campagne pour Ridwane Issa pour Banian. Là encore, Renaissance fait le choix de se mettre à dos une personnalité influente de l’Est en poussant en faveur de la candidature de Laurent Virapoullé. Un choix dangereux qui a pour conséquence de diviser le camp présidentiel et qui pourrait ainsi faire le jeu de Jean-Hugues Ratenon.

Deux autres circonscriptions verront quant à eux deux candidats soutenus par Renaissance. D’abord dans la deuxième circonscription, Audrey Fontaine obtient le soutien surprise du parti présidentiel. Non seulement elle ne s’est jamais ouvertement affichée en faveur d’Emmanuel Macron, mais cette candidate jusqu'ici soutenue par Les Républicains avait aussi assuré en 2020 qu'elle ne rejoindait pas les rangs de LREM.

Dans la 6ème circonscription, Eric Leung sera seulement soutenu par Renaissance alors qu'il était le coordinateur de campagne d’Emmanuel Macron à l’échelle locale durant la présidentielle. Cet affichage lointain pourrait pourtant correspondre au souhait de l’ancien patron de la CPME. Il semble en effet conscient que cette étiquette est très lourde à porter.

Dans la 7ème circonscription, où le sortant Jean-Luc Poudroux n'est pas candidat à sa succession, le parti d'Emmanuel Macron ne s'est prononcé que ce mercredi 11 mai en milieu de journée et a investit Hélène Coddeville, 56 ans, nouvelle venue en politique

Dans les deux autres circonscriptions, la 1ère et la 4ème, Renaissance n’a accordé aucun soutien ni investiture, confirmant toute la peine du monde qu’elle a à s’ancrer à La Réunion et à trouver des candidats solidement Macron-compatibles. Et lorsque des investitures ont pu être faites, c’est au prix de choix stratégiques contestables qui pourraient provoquer un déchirement au sein même de la famille présidentielle.

- NUPES : ça coince pour les candidatures uniques -

Il semblait que le plus dur avait été fait pour les législatives en trouvant un accord de coalition entre les différentes sensibilités de gauche pour fonder la Nouvelle union populaire, écologique, et sociale. Mais l’union réelle semble bien compliquée puisque, partout en France, la NUPES semble avoir du mal à présenter des candidatures uniques. La Réunion n’échappe pas à cette division puisque le torchon brûle entre la France Insoumise locale et le camp d’Huguette Bello, en charge d’orchestrer la stratégie de NUPES sur l’île.

Pourtant, certaines candidatures ne semblent pas souffrir de contestation.

Ainsi, dans la première circonscription, Philippe Naillet a obtenu le soutien de la gauche unie malgré quelques réticences à bas bruit qui reprochent à Ericka Bareigts sa Macron-compatibilité durant le mandat précédent. Dans la deuxième circonscription, Karine Lebon portera les couleurs de NUPES, forte de sa légitimité de députée sortante. Autre député sortant ne souffrant d’aucune contestation, Jean-Hugues Ratenon représentera NUPES lors de ce scrutin malgré la dissidence de David Gauvin (PCR).

C’est dans les autres circonscriptions que se déroule une véritable guerre de tranchées entre les différentes tendances politiques de gauche pour faire avancer son poulain comme candidat de l’union.

Dans la 3ème circonscription, LFI pousse en faveur de Virginie Grondin tandis que PLR souhaite plutôt l’union derrière Alexis Chaussalet. Les Verts ne sont pas en reste puisqu’il défendent la possibilité de lancer Danone Lutchmee Odayen dans l’arène des législatives. Dans la 4ème circonscription, rien n’est tranché non plus pour l’instant même si Patrick Lebreton a officiellement annoncé son soutien à Emeline K’Bidy.

Dans la 6ème circonscription, les candidatures de gauche foisonnent avec chacun son poulain. Les socialistes soutiennent logiquement Monique Orphé, ce qui déplaît aux autres forces de gauche. Frédéric Maillot est quant à lui poussé par le PLR d’Huguette Bello tandis que Maurice Gironcel plaide pour l’union derrière sa fille, Nadine Gironcel-Damour.

Pas mieux dans la 7ème circonscription où un consensus semble se dégager autour de Philippe Rangama, mais avec la ferme intention de Perceval Gaillard de présenter sa candidature.

A quelques jours de l’ouverture du dépôt des candidatures, la situation est loin d’être réglée, même si Huguette Bello souhaite adopter une posture conciliante pour parvenir à cette union tant espérée.

- Les Républicains divisés ne savent plus vers qui se tourner -

Alors qu’au niveau national les Républicains claironnent leur ambition d’être le "premier parti d’opposition", la droite réunionnaise semble pour l’heure bien discrète. Déjà, durant l'élection présidentielle, les cadre du parti avaient fait preuve d’un silence assourdissant concernant leur soutien à leur championne, Valérie Pécresse.

Certainement sonnée par les résultats de la présidentielle, les Républicains 974 semblent surtout chercher le bon positionnement à adopter vis-à-vis du camp du président de la République.

David Lorion semble avoir donné quelques indications sur la posture de son camp en vue de ces législatives, lors de la présentation de sa candidature dans la 4ème circonscription ce mardi 10 mai : "je suis fier d’avoir été investi par les Républicains et je vais me battre pour faire appliquer les valeurs républicaines. Mais il y a aussi une obligation de discussion et d’ouverture avec le gouvernement. Je respecterai cette obligation aussi", a-t-il déclaré.

En résumé, David Lorion - contre qui Renaisance ne présente ou ne soutient aucun candidat -, est favorable à une ouverture vers une éventuelle majorité présidentielle, tranchant ainsi avec la posture nationale.

Reste à voir si l’ensemble des candidats investis par les Républicains auront la même posture. Audrey Fontaine, investie à la fois par Renaissance et les Républicains dans la 2ème circonscription pourrait adopter le même positionnement.

Dans la 3ème circonscription, aucune investiture n’a pour l’heure été accordée mais il semble évident que LR tentera de faire barrage à la députée sortante, Nathalie Bassire qui, malgré son soutien à Valérie Pécresse, semble payer sa trop grande proximité avec Didier Robert. Bachil Valy ou Patrice Thien Ah Koon (s’il officialise sa candidature) pourraient être les deux candidats susceptibles d’être soutenus par LR. 

Qu’en sera-t-il de Nadia Ramassamy, candidate dans la 6ème circonscription, officiellement investie par Les Républicains ? Cette dernière n’a jamais affiché durant la législature précédente un véritable soutien à l’action de la majorité. D’autant plus qu’Eric Leung est dans la course et pourrait rallier avec lui quelques personnalités de droite telles que Richard Nirlo, maire de Sainte-Marie. Quelle sera la posture officielle des Républicains 974 ?

Stéphane Fouassin a quant à lui officialisé sa candidature dans la 5ème circonscription, en se présentant comme un élu "libre et indépendant" tout en comptant sur le soutien de Jeannick Atchapa, maire de Bras-Panon, et, plus surprenant, celui de Johnny Payet, maire de la Plaine des Palmistes, qui fut un fidèle allié de Marine Le Pen durant la campagne pour la présidentielle. Où va donc Stéphane Fouassin ? L’intéressé se dit ouvert à tous les soutiens, sur la base de son projet, ne fermant de fait pas la porte à un soutien du Rassemblement National, tout en se déclarant prêt à travailler avec le gouvernement.

Dans la première circonscription, le divorce est consommé entre Républicains. Jean-Jacques Morel se présentera sans étiquette tandis que LR soutiendra Murielle Sisteron, avec toujours la même interrogation sur la posture vis-à-vis d’une éventuelle majorité favorable au président de la République.

Enfin, dans la 7ème circonscription, où Jean-Luc Poudroux s'est mis lui-même hors course, le revenant Thierry Robert pourrait-il faire l’unanimité en sa faveur ? En tout cas, l’ancien député maire qui remonte dans l’arène politique affiche des soutiens larges et parfois même étonnants : Eric Ferrère, maire des Avirons, Daniel Pausé, maire de Trois-Bassins, Cyrille Hamilcaro qu’on ne présente plus, mais aussi Julien Hoarau, référent local du parti Horizons et proche de Michel Fontaine. Faut-il y voir un soutien indirect des Républicains 974 à la candidature de Thierry Robert ? Difficile d’avancer une telle hypothèse, d’autant plus qu’une autre candidature pourrait rassembler la droite locale, celle de Johan Guillou qui bénéficie déjà du soutien de Juliana M’Doihoma.

- Le Rassemblement National quasi invisible -

Pour l’heure, le Rassemblement National semble avoir du mal à créer une dynamique pour ces législatives, fidèle à sa réputation d’être un mouvement puissant lors de scrutins nationaux mais ayant de grandes difficultés à percer lors de scrutins locaux.

Ces législatives ne semblent pas échapper à la règle, d’autant plus que le RN 974 a perdu son "meilleur" ambassadeur en la personne de Jean-Luc Poudroux qui vient de jeter l’éponge.

Pourtant, fort d’un score très encourageant à la présidentielle, le parti de Marine Le Pen ne peut pas être absent de ce scrutin. Aussi, on peut s’attendre dans les prochains jours à la présentation d’un ou plusieurs candidats, dont Joseph Rivière, représentant local du RN, et peut-être Johnny Payet. Mais la conquête du Palais Bourbon semble ardue pour les deux hommes.

- Les autres candidatures se multiplient -

Outre les principaux camps politiques, les élections législatives brassent souvent de nombreuses candidatures. Ainsi, dans la 1ère circonscription, on peut citer Yvette Duchemann, Eric Magamootoo, Jean-Alexis Poleya, Goerges Mithra ou encore Giovanni Payet. Dans la deuxième circonscription, Erick Fontaine, l’ancien administrateur de la Confédération nationale du logement pourrait être en lice tout comme Sullaiman Soilihi.

Dans la troisième circonscription, Antoine Fontaine a annoncé sa candidature dans la 3ème circonscription. Ruth Dijoux et Bruno Martin seront quant à eux candidats dans la 4ème circonscription.

La 6ème circonscription pourrait voir l’affrontement entre le leader de Croire et Oser Alexandre Laï Kan Cheong et l’ancien membre du mouvement Frédéric Maillot. Enfin, dans la 7ème circonscription, Isaline Tronc, adjoint du maire de l’Etang-Salé Mathieu Hoarau, a annoncé sa candidature.

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3 Commentaires
tijac
tijac
2 ans

Nous aurons, à la Réunion comme ailleurs, les élus que nous méritons ..... parait-il ! Espérons que le vrai changement arrive. Les réunionnais ont souhaité, à une forte majorité un changement profond de notre société. Continuons et évitons, peut-être de réélire toujours les mêmes qui ne font rien pour notre département, quoi qu'ils en disent !

Pat@caisse
Pat@caisse
2 ans

Bref, Un bon gros manzé cosson...

CHABAN
CHABAN
2 ans

Les élues sortantes Laetitia Avia et Sira Sylla seront candidates une deuxième fois pour le camp macroniste, malgré les accusations de harcèlement qui pèsent sur ellesUn faste jacking de l'agent français de propagande '