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Madagascar : les ressortissants français appelés à rester chez eux, les vols vers la Grande Île annulés ou reportés

  • Publié le 12 octobre 2025 à 10:33
  • Actualisé le 12 octobre 2025 à 11:22
Des membres d'une unité de l'armée malgache parlent à la presse près de leur camp situé près d'Antananarivo, le 11 octobre 2025

Des soldats malgaches ont rejoint samedi les milliers de manifestants dans les rues de la capitale Antananarivo, appelant les forces de sécurité à "refuser les ordres de tirer" sur la population et condamnant la répression policière récente. Face aux tensions persistantes dans le pays, les ressortissants Français et étrangers sont invités à rester chez eux. Plusieurs compagnies aériennes ont annulé leurs vols

L'Ambassade de France à Madagascar à appeler, dans la soirée, la communauté française présente dans l’île à rester chez elle.

Ethiopian Airlines, Air Austral et Air France annulent leurs vols -

En raison de la situation qui prévaut à Antananarivo, Ethiopian Airlines et Air Austral ont décidé de reporter leurs vols. Le vol d’Air Austral UU612, a été reporté à ce dimanche 12 octobre, avec un départ prévu à 16h20 de la Grande-Ile. Le vol UU432 au départ de Nosy Be vers Saint-Denis partira à 11h25, et le vol UU611 au départ de Saint-Denis vers Antananarivo est prévu à 14h55.

Les vols Air France des 12 et 13 octobre sont également annulés.

Les passagers seront informés directement des nouvelles dispositions et des solutions alternatives qui leur seront proposées.

L’aéroport international d’Antananarivo reste toutefois ouvert à la circulation aérienne, précise Ravinala Airports.

- Population et militaires investissent la place du 13-Mai -

La manifestation de samedi à Antananarivo a été l'une des plus importantes depuis le début de la contestation le 25 septembre, lancée par le mouvement Gen Z pour protester contre les coupures d'eau et d'électricité et qui s'est mutée en une remise en cause des responsables politiques au pouvoir, à commencer par le président Andry Raojelina.

Samedi soir, le nouveau Premier ministre Ruphin Zafisambo a assuré que le gouvernement, "qui se maintient fermement", était "prêt à collaborer et à écouter toutes les forces : les jeunes, les syndicats et l'armée".

"Madagascar ne pourra pas résister à d'autres crises si cette division entre les citoyens persiste", a poursuivi le général Zafisambo dans un bref discours filmé.

De son côté, la présidence a publié un communiqué assurant que le président Andry Rajoelina "reste dans le pays" et "continue de gérer les affaires nationales".

La police a fait usage samedi de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes pour disperser plusieurs milliers de manifestants dans la capitale.

Une partie des policiers sont partis lorsque des soldats ont pénétré dans la ville dans des véhicules militaires, certains agitant des drapeaux malgaches, et ont rejoint la foule dans la rue, sous les salutations et les "merci", a constaté une équipe de l'AFP.

"Nous n'avons pas d'armes. Nous essayons de nous protéger avec des pierres des gaz lacrymogènes qu'ils nous lancent. Et maintenant, nous ressentons une grande fierté", a confié Lucie, 24 ans.

Le départ de la police a permis à la foule de rejoindre la Place du 13 mai, devant l'hôtel de ville d'Antananarivo.

Sur place, le colonel Michael Randrianirina, du CAPSAT (Corps d'armée des personnels et des services administratifs et techniques), unité militaire ayant appelé à la désobéissance, a déclaré à l'AFP que la police avait tiré sur ses soldats, touchant un militaire et un journaliste. "Le journaliste a été touché à la fesse, tandis que le soldat est décédé", a-t-il ajouté.

"À tous ceux qui ont envoyé les gendarmes ici, à commencer par le chef de la gendarmerie, le Premier ministre, le président (...) Ils doivent quitter le pouvoir", a-t-il ajouté.

Selon des médias locaux, les services de secours ont fait état de deux morts et de 26 blessés samedi.

Des journalistes de l'AFP ont entendu des coups de feu pendant la manifestation. Des tirs et des explosions étaient encore entendus dans le centre de la capitale à la nuit tombée.

Avant de quitter leur base militaire du district de Soanierana, en périphérie d'Antananarivo, les soldats du CAPSAT avaient appelé à la désobéissance.

"Unissons nos forces, militaires, gendarmes et policiers, et refusons d'être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos sœurs", ont-ils déclaré dans une vidéo.

"Les jeunes peinent à trouver du travail alors que la corruption et le pillage de la richesse ne cessent de s'accroître sous différentes formes" et que "les forces de l'ordre persécutent, blessent, emprisonnent et tirent sur nos compatriotes", ont accusé ces soldats.

En 2009, cette base avait déjà mené une mutinerie lors du soulèvement populaire qui avait porté au pouvoir l'actuel président.

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www.imazpress.com avec AFP/redac@ipreunion.com

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