Entendu comme témoin à Nanterre dans le procès du Médiator, ce lundi 27 mai 2013, le docteur Bernard Bégaud estime à 18 000 le nombre de décès chaque année France causés par les effets secondaires des médicaments. En cause, la surconsommation, les prescriptions injustifiées et le manque de formation des médecins en pharmacologie.
Si la consommation de médicaments a baissé en 2012 pour la première fois en France depuis dix ans, les Français demeurent les champions d’Europe dans le domaine avec 48 boîtes par habitant, en 2010, selon la Direction de la recherche et des statistiques. Une surconsommation estimée à 40 % et qui n’est pas sans risque, comme l’a rappelé à la barre du tribunal de Nanterre le docteur Bégaud, membre de la commission de pharmacovigilance de 1982 à 2000 et co-auteur d'une étude sur le sujet.
" La France est un pays qui depuis toujours surveille très mal l’usage des médicaments ", déplore-t-il, cité par l'AFP. Car non seulement les Français en consomment trop, mais surtout les médecins eux-mêmes souffrent d’une formation déficiente en pharmacologie, comme le pointe le professeur : " Il y a chaque année 18 000 morts directement liés à la prise de médicaments. Parmi eux, beaucoup de cas sont inévitables, mais un tiers de ces décès correspondent à des prescriptions qui ne sont pas justifiées ", estime-t-il.
Le procès du Médiator – qui serait responsable de 500 à 2 000 décès et de milliers de pathologies cardiaques – devrait durer jusqu’au 14 juin 2013. Il concerne notamment 170 victimes réunionnaises ayant porté plainte contre les laboratoires Servier mais aussi contre l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (AFSSAPS).
